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Berlinale 2019 – Compétition jour #3 : Der Boden unter den Füssen – Contagieuse paranoia

Film exigeant pour le public mais riche et percutant, Der Boden unter den Füssen aurait tout l’air d’un film  destiné à un public de festival si ce n’était de la pertinence de son sujet, soit le surmenage et la paranoïa, qu’elle soit professionelle ou médicale.

— Valerie Pachner, Pia Hierzegger – Der Boden unter den Füssen
© Juhani Zebra / Novotnyfilm

C’est d’abord le désir de créer un film sur le besoin de contrôle qui a lancé la réalisatrice autrichienne Marie Kreutzer à écrire et à réaliser ce scénario sur deux soeurs orphelines, Conny et Lola, qui gravitent dans des mondes totalement différents, mais qui se rencontrent à travers les névroses de leurs mondes respectifs. Connie souffre de schyzophrénie paranoïde tandis que Lola se noie dans son travail de conseillère en finance pour oublier sa solitude et les soucis que lui cause sa soeur, par ailleurs de 15 ans son ainée et dont elle s’est retrouvée la tutrice légale.

La réalisatrice nous montre l’existence cloitrée de Lola, ses séances frénétiques de sport, ses chambres d’hôtel impersonnelles et ses déplacements constant en avion, cintrée dans des costumes austères et perchée sur de noirs talons design. Si sa vie est adoucie par des relations sexuelles intenses avec sa patronne Elise, il n’en demeure pas moins que Lola ne parle à quiconque de Connie, qui est à nouveau en clinique fermée après une énième tentative de suicide, réalité que Lola ne peut accepter. Entre les multiples appels de sa sœur en plein délire paranoïde et son boulot de restucturation d’une compagnie en faillite qui s’accroît de jour en jour dû à son besoin de tout controler, les délires de Conny s’infiltrent peu à peu dans l’esprit de Lola.

— Valerie Pachner – Der Boden unter den Füssen
© Juhani Zebra / Novotnyfilm

On doit féliciter Maria Kreutzer pour cette histoire finement ciselée, où les faillites du système médical  et les névroses du néo-capitalisme opèrent comme des vases communiquant, mélangeant leurs couleurs de cendre et de métal pour créer une teinte unique, couleur d’épuisement et de délire. Les actrices Valérie Pachner (Lola) et Pia Hierzegger (Conny) rendent pleinement les dialogues percutant de Kreutzer. La cinématographie et le montage sont efficaces sans être inventifs, ils permettent de mettre en valeur l’excellent travail des actrices, chacune confinée dans une étroite prison, qui de l’esprit, qui du travail.

Un film strict qui fait réfléchir.

De  Marie Kreutzer ; avec Valerie Pachner, Pia Hierzegger, Mavie Hörbiger , Michelle Barthel, Marc Benjamin ,Axel Sichrovsky , Dominic Marcus Singer, Meo Wulf; Autriche; 2019; 118 minutes.

Anne-Christine Loranger, Berlin

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Anne-Christine Loranger

Journaliste / Reporter (basée à Dresde)

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