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Berlinale 2020 – Film d’ouverture (Berlinale Special Gala) : My Salinger Year du cinéaste canadien Philippe Falardeau 

À la question de savoir pourquoi cette année le film d’ouverture de la 70 Berlinale n’était pas un film en compétition, le nouveau directeur artistique du festival Carlo Chatrian a expliqué qu’il préfère

ouvrir plutôt avec un film de la section Berlinale Special Gala qu’un film en compétition car cela ne rend pas service au film d’après mon expérience. À la fin du festival, tout le monde l’a oublié.

S’il est vrai que les dernières années, les films d’ouverture n’avait pas la côte auprès du jury et des critiques, cela était plutôt dû au fait de leur médiocrité que de leur emplacement dans le calendrier, mais gageons que ce film d’ouverture, tout Gala qu’il soit, sera également très vite oublié. Il n’est pas franchement mauvais, il est juste très classique dans sa forme, malgré des essais d’effets cinématographiques qui n’aboutissent jamais, comme dans l’histoire qu’il raconte – une sorte de coming-of-age qui aboutit sur pas grand-chose. Dommage, car ce qu’il reste en sortant, c’est une vague impression d’ennui et de fadeur malgré l’effort chromatique de la photographie à tendre vers les couleurs les plus chaudes de la palette… et le plaisir de revoir Sigourney Weaver !

— Sigourney Weaver, Margaret Qualley – My Salinger Year
© micro_scope

Malgré ce que pourrait nous faire croire le rendu visuel et parti pris esthétique de Philippe Falardeau, l’action (terme tendant ici à l’hyperbole) ne se déroule pas dans les 30, 40, 50 ou 60 mais en 1995. Certes dans le milieu littéraire new-yorkais et l’iconographie qui lui est liée –  mais cette impression poussiéreuse et datée qui colle à l’image, par ailleurs parfaitement travaillée, ne fait pas rêver ; au contraire, elle forme une sorte de filtre artificiel qui nous empêche de se plonger dans ce milieu où chacun y projette ses fantasmes sur le monde de la littérature, de ses autreurs.trices ainsi que de l’industrie qui la porte à travers ses éditeurs.trices et agent.es littéraires.

— Sigourney Weaver, Margaret Qualley – My Salinger Year
Image courtoisie – © Philippe Bossé

Joanna (Margaret Qualley dont le jeu à tendance à beaucoup se baser sur l’expression de ses yeux – écarquillés, froncés, tristes, pensifs, mais très souvent écarquillés – et de sa bouche qui s’ouvre fréquemment à demi, ce qui coïncide souvent avec un écarquillement d’yeux) rêve de devenir écrivaine à New York, un parcours ardu qui nécessite de prendre parfois des chemins de traverse. Aussi, lorsqu’elle obtient un poste d’assistante de l’agent littéraire Margaret (Sigourney Weaver), elle qu’elle doit saisir cette opportunité à pleines mains. L’intérêt de cette agence, c’est qu’elle représente l’auteur culte vieillissant J.D. Salinger qui n’a plus publié de livre depuis 30 ans mais qui reste leur écrivain le plus important. En témoigne l’abondant courrier qu’il reçoit, que Joanna doit lire mais ne jamais lui transmettre. Cette idée très romanesque d’une assistante qui répondrait à la place d’un auteur à ses fans auraient pu être creusée, mais elle n’est malheureusement, comme toutes les autres pistes intéressantes de l’histoire, très vite abandonnée pour se recentrer sur la vie privée de la jeune femme, ses déboires amoureux, ses questionnements quant à son avenir… définitivement une histoire sur le passage à l’âge adulte, avec quelques idées non-abouties et aucune aspérité. Est-ce que cela serait dû au fait que le film est basé sur les mémoires (que nous n’avons pas lues) de l’écrivaine Joanna Rakoff ? En tous les cas, dommage que le réalisateur canadien ne se soit pas plus affranchi du réel pour nous faire entrer par une perspective assumée dans cet univers par ailleurs fascinant.

De Philippe Falardeau ; avec Margaret Qualley, Sigourney Weaver, Douglas Booth, Seána Kerslake, Brían F. O’Byrne ; Canada, Irlande ; 101 minutes.

Malik Berkati, Berlin

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Malik Berkati

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