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Cannes 2024 : The Apprentice, d’Ali Abbasi, suit l’ascension de Donald Trump et la cour assidue du futur président à la modèle Ivana

The Apprentice se révèle un biopic explosif mené tambours battants sur le parcours Donald Trump (Sebastian Stan) et dresse le portrait saisissant du jeune promoteur new-yorkais aux dents longues avant la tentation politique.

— Jeremy Strong et Sebastian Stan – The Apprentice
Image courtoisie Festival de Cannes

En 2022, le réalisateur était déjà présent à Cannes avec Holly Spider en Compétition (Les Nuits de Mashhad) et emmenait le public en Iran où l’on suivait l’enquête sur l’histoire vraie d’une série de féminicides qui bouleversa le pays d’origine du réalisateur. En 2018, le très original Border emportait le Prix Un Certain Regard.

Cette année, le cinéaste dano-iranien réveille la compétition en livrant un récit captivant, au rythme soutenu, accompagné d’une bande-son judicieuse qui nous reste en tête après la projection. Basé sur la rencontre entre le futur président des États-Unis et le sulfureux avocat Roy Cohn (Jeremy Strong), qui, grâce à un pacte faustien, lui apprendra toutes les ficelles du métier et du milieu pour parvenir à ses fins, on suit comment le mentor fera de lui le personnage provocateur et arrogant que l’on connaît.

The Apprendice semble avoir séduit et convaincu tant la presse que les festivaliers. Se penchant sur l’ascension fulgurante de Donald Trump, alors qu’il tutoie les sommets en tant que magnat de l’immobilier, on le suit aussi dans sa cour intempestive à Ivana (Maria Bakalova) qui ne semble guère lui prêter attention. Les gros moyens sont mis en œuvre : laisser entrer Ivana et ses amies au club très select dont Donald Trump est membre, payer leurs consommations, faire livrer une vingtaine de bouquets de roses blanches à Ivana, et débarquer à l’improviste à Aspen où la belle blonde doit faire un shooting de photographies de mode. La sublime Ivanan finira par quitter son fiancé pour Donald mais devra signer un contrat établi par Roy Cohn, un contrat qui l’outrage puisqu’il la dépossède de tout en cas de divorce.

Tel un Frankenstein moderne, Roy Cohn va façonner «Donnie Boy», fils à papa que l’on a découvert au début du film en train de collecter lui-même, difficilement et essuyant les portes claquées et les injures, les loyers dans le Trump Village à Coney Island, cité insalubre de Brooklyn. La créature créée par Roy Cohn se fera liposucer la graisse du ventre – méthode plus facile et plus rapide que les séances de fitness que pratique assidument l’avocat – et ouvrir le crâne pour se faire implanter des cheveux, déjà très oranges à l’époque. Au fil des mois aux côtés de l’avocat, la transformation de Trump sera essentiellement physique plus que politique.

On le découvre dans le film alors qu’il envisage de faire construire la Trump Tower. Fougueux, intempestif, il se heurte à tous, y compris son propre père, qui ne croit absolument en son projet.

Pour celles et ceux qui l’ont regardé, c’est par cette sentence emblématique. « You are fired ! » que Donald Trump congédiait d’un geste l’entrepreneur jugé inapte dans le reality-show à succès The Apprentice, dont il fut l’homme de pouvoir pendant quatorze saisons de 2004 à 2015. Le film d’Ali Abbasi regorge de répliques aussi lapidaires, clinquantes et d’une efficacité redoutable dans le rythme soutenu du récit.

Écrit par Gabriel Sherman, auteur par ailleurs pour le New York Times d’un best-seller sur l’histoire de Roger Ailes, fondateur de Fox News, ce film biographique s’intéresse aux jeunes années de Donald Trump, et aux appuis dont il dispose avant de devenir le puissant businessman que l’on connait. Dans les années 1970-1980, Roy Cohn, qui avait travaillé aux côtés du sénateur McCarthy, joua un rôle-clef dans la construction professionnelle du jeune Donald.

Ali Abbasi réussit un portrait troublant de véracité, mais sous son regard, ce portrait devient celui d’un antihéros charismatique que l’on pourrait voir dans un film de Scorsese (on songe au Loup de Wall Street, 2013) la vision d’Abassi et Sherman sur le sujet est respectueuse et si le futur président est souvent montré ridicule, ce n’est qu’un pâle reflet de la réalité.

La presse américaine présente sur la Croisette estimait que The Apprentice est l’une des premières œuvres de Cannes de cette année qui a un véritable potentiel pour les Oscars.

Firouz E. Pillet, Cannes

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Firouz Pillet

Journaliste RP / Journalist (basée/based Genève)

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