L’UNESCO et des professionnels du patrimoine français et suisses se mobilisent pour la sauvegarde du patrimoine syrien
En réponse à la destruction du patrimoine culturel de la Syrie, l’UNESCO s’est associée, à l’été 2015, à des professionnels français et suisses de l’archéologie et du patrimoine français pour recenser les besoins précis des acteurs de terrain en matériels utiles à la poursuite de leurs actions de sauvegarde : matériels de conditionnement indispensables à l’évacuation et à la mise à l’abri des collections, matériels de conservation pour préserver les pièces fragiles et restaurer les pièces endommagées, mais aussi matériels d’étude et d’enregistrement pour permettre de continuer à compléter les inventaires et la documentation scientifique du patrimoine syrien, et ainsi faciliter son identification, sa gestion et la sauvegarde des données s’y rapportant.
Coordonnée par le Centre archéologique européen et le musée de Bibracte EPCC (France), une vaste collecte a mobilisé plus de cinquante institutions, associations et professionnels indépendants du monde de la culture, des archives, des bibliothèques, des musées, de l’archéologie, de la restauration et de l’art répartis sur l’ensemble du territoire français et suisse. Au total, près de sept tonnes de matériel ont été rassemblées et acheminées jusqu’au Liban, pour être confiées au Bureau de l’UNESCO à Beyrouth.
L’UNESCO a décidé à son tour d’en faire don aux professionnels en charge de l’archéologie, du patrimoine et des musées de Syrie, qui ont réceptionné le matériel le 7 mars dernier : au renfort matériel qui vient appuyer leur capacité d’intervention sur le terrain, s’ajoute le réconfort apporté par une mobilisation concrète en faveur d’un patrimoine dont l’intérêt pour l’histoire du peuple syrien et pour l’humanité n’est plus à démontrer.
La Syrie possède un patrimoine culturel d’une richesse exceptionnelle qui, depuis 2011, a été sérieusement affecté par le conflit qui sévit dans le pays, avec des destructions croissantes de ses monuments les plus importants, notamment ceux inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. De nombreux sites archéologiques ont été ravagés et pillés par des groupes organisés avec l’intention d’exporter illicitement des objets archéologiques et des œuvres d’art pour ensuite les vendre sur le marché international de l’art.
Si les professionnels du patrimoine de Syrie organisent avec efficacité depuis le début du conflit l’évacuation et la mise à l’abri des collections d’objets et œuvres d’art jusque-là conservés dans les musées et les dépôts archéologiques menacés de destruction ou de pillage, le manque de moyens freine considérablement leur action.
Investie depuis 2011 et plus encore depuis l’adoption par le Conseil de Sécurité de l’ONU de la résolution 2199 du 12 février 2015, d’une mission de lutte contre les graves atteintes portées au patrimoine syrien plusieurs fois millénaire, l’UNESCO a confié à son bureau de Beyrouth, la mise en œuvre de plans d’actions mobilisant acteurs locaux, ONG et partenaires de la communauté internationale en faveur de la protection de ce patrimoine, à travers le projet de sauvegarde d’urgence du patrimoine culturel syrien, financé par l’Union Européenne, le Gouvernement des Flandres et l’Autriche.
Malik Berkati
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