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Notre Corps, de Claire Simon, offre un hymne aux corps des femmes, dans tous leurs états, tout au long de la vie, de la naissance à la mort. Rencontre avec la réalisatrice

« J’ai eu l’occasion de filmer à l’hôpital l’épopée des corps féminins, dans leur diversité, leur singularité, leur beauté tout au long des étapes sur le chemin de la vie. Un parcours de désirs, de peurs, de luttes et d’histoires uniques que chacune est seule à éprouver. Un jour, j’ai dû passer devant la caméra », lance Claire Simon au sujet de son nouveau documentaire, Notre corps. L’intention est claire et le ton est donné !

Notre Corps de Claire Simon
Image courtoisie Adok Films

Si l’initiative du projet est venue de sa productrice Kristina Larsen, Claire Simon y a tout de suite adhéré. Claire Simon avait déjà consacré un documentaire, Les Patients (1989) qui suivait la dernière tournée d’un médecin et ses relations avec sa patientèle. La cinéaste avait aussi abordé les femmes et leurs corps dans Les Bureaux de Dieu (2008), un film de fiction, élaboré à partir de transcriptions d’enregistrements sonores réalisés dans plusieurs bureaux de planning familial et dans lequel Nathalie Baye, Nicole Garcia, Isabelle Carré, Béatrice Dalle, Marceline-Loridan-Ivens jouent le rôle de conseillères du Planning familial aux côtés d’actrices non professionnelles.

Habituée à filmer les gens dans leurs activités professionnelles – un fil rouge dans sa filmographie-, Claire Simon a donc promené sa caméra pendant sept mois dans une unité gynécologique dans un hôpital public, l’hôpital Tenon. Avant d’entamer le tournage de Notre corps, la documentariste avait écrit un long mail à la majeure partie des personnes concernées pour les informer de sa démarche, ce qui a facilité l’acceptation de sa présence aux côtés des soignant.es et des patientes. Claire Simon est donc parvenue à s’immerger complètement dans un service qui englobe tout ce que les femmes traversent au cours d’une vie, de l’apparition de la vie, parfois aidée à prendre racine, de la naissance à la mort en passant par des tournants heureux ou malheureux, douloureux ou libératoires. Claire Simon a pu ainsi filmer un accouchement, l’opération d’une endométriose (ce qui est exceptionnel), une césarienne, une transition de genre, le long parcours d’une P.M.A. et de FIV, des femmes touchées par un cancer du sein… Au milieu du film, Claire Simon a choisi de filmer une terrible révélation qui la concernait : face caméra, la cinéaste apprend qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. C’était une évidence pour elle, devenue patiente, de passer devant l’objectif.

Claire Simon nous dévoile l’intimité des femmes et tout ce qui en fait partie : ainsi les obstacles que nombre de femmes connaissent sont filmées avec pudeur et finesse comme la difficulté d’avoir un enfant, les prélèvements des ovocytes et la Procréation Médicalement Assistée – un parcours particulièrement lourd et éprouvant pour la femme -, l’interruption volontaire de grossesse, des palpations mammaires suivies d’une mastectomie. Pendant près de trois heures, le film offre un voyage remarquable auprès du corps des femmes, un corps qui donne la vie et qui peut la perdre. Notre corps rappelle que la vie côtoie constamment la mort mais, à travers toutes les situations que Claire Simon filme, la cinéaste réussit à éviter tout voyeurisme. Pour elle, il était essentiel que l’équipe du film soit féminine pour que le projet soit possible. Claire Simon signe un film réaliste, émouvant, pudique, fouillé qui propose réflexions et change les regards.

Présente à Genève pour présenter son film aux Cinémas du Grütli avant de se rendre à la Cinémathèque à Lausanne puis en Italie, Claire Simon nous a parlé de cette odyssée au cœur du corps féminin et s’est confiée sur son apprentissage de l’arabe et du berbère puis de son passage à la Cinémathèque d’Alger. Rencontre :

 

Firouz E. Pillet

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Firouz Pillet

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