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Objets transmissionnels – Liens familiaux à la Shoah : Exposition du 24 septembre au 3 octobre 2018 à l’Université de Genève

Réalisée sous l’impulsion du Cercle Martin Buber et dans le cadre de l’Institut de Recherches Sociologiques (IRS) de l’Université de Genève, le projet Objets Transmissionnels interroge le rapport au passé et le regard sur le monde de descendants de survivants de la Shoah et d’anciens enfants juifs cachés ou nés durant la Deuxième Guerre mondiale.

L’affect  de l’Histoire – une nouvelle cartographie de la mémoire

L’exposition est issue d’une enquête ethnographique sur la mémoire familiale de la Shoah auprès de trente-six personnes – dont la famille a été touchée par ces évènements – et dont la plupart résident aujourd’hui dans la région genevoise. Pour composer cette série de portraits, Michel Bozykowski, photographe, et Ilan Lew, chercheur en sociologie, ont proposé aux sujets photographiés de retrouver un objet de famille qui les relie à la Shoah et de le raconter. Cette approche familière, issue du quotidien, offre au visiteur une porte d’entrée tangible dans ces histoires tragiques propres à cette période.

— Yves (1955) – Exposition Objets transmissionnels – Liens familiaux à la Shoah
“Je n’ai pas l’habitude de soigner mon habillement. Mais les chapeaux, j’y tiens! Ce sont ceux que mes oncles Georges, Lucien, Jacques, Henri et Fernand m’ont transmis. Vendeurs de bétail alsaciens, juifs immigrés en Suisse, ils ont accueilli mon père qui avait pris le dernier train de Paris en juin 1940 pour fuir les nazis et rentrer en Suisse. Ils ont peuplé mon enfance de gugelhopf et de vin, de rires et d’histoires en judéo-alsacien. C’est même un de leurs fils, Nénand Goldschmidt, qui m’a élevé après la mort de mon père.
J’ai commencé à mettre des chapeaux quand j’étais contre-pitre dans un cirque ! En général, je n’en porte qu’un à la fois mais comme j’ai passé dix ans de ma vie en Amérique Latine, j’ai eu envie d’empiler ceux de mes oncles, à la façon des Indiennes Quechua! “
Photographie: Michel Bozykowski – septembre 2018
Image courtoisie UNIGE

A mesure que les témoins directs disparaissent, la question de la transmission de la mémoire se pose d’une autre manière. L’idée ici est de faire sortir le souvenir privé dans la sphère public à travers des objets transmis ou récupérés et conservés par des personnes dont la trajectoire familiale et personnelle est liée la Shoah, afin de recréer le lien transgénérationnel de manière vivante et directe, le force du témoignage passant à présent dans l’objet et son histoire ce qui permet de le reconnecter à celle des êtres humains qui l’ont possédé ou en ont été dépossédés.

— Glorice – Exposition Objets transmissionnels – Liens familiaux à la Shoah
“Mon père possédait une imprimerie-papeterie dans une rue élégante du Caire. En 1928, son frère aîné, mon oncle Salomon, en vacances à Paris, nous écrivit : “Cette ville me plaît, j’y reste”. Il devint le héros de mon enfance. Mais bientôt, la Guerre survint. Ses lettres cessèrent de nous parvenir et mon père s’en inquiéta. Que faire, sinon attendre?
En 1947, mon père partit pour Paris à la recherche de son frère et apprit son décès. En cadeau, il me rapporta une poupée. A huit ans, j’avais déjà le gout de la lecture et j’aurais préféré un livre! Mais j’ai toujours gardé cet unique souvenir de mon père durant mes années d’exil.
Lorsqu’on tourne une clé dans son dos, ma poupée pleure…”
Photographie : Michel Bozykowski, septembre 2018
Image courtoisie UNIGE

Recueil de récits à paraître

Chacune de ces trente-six trajectoires personnelles et familiales, incursions dans le passé et regards sur le monde de ceux qui sont détenteurs de ces objets transmissionnels seront développés dans un grand recueil de portraits et récits, dont la parution est prévue pour la fin de l’année 2020 aux Éditions Slatkine. Celui-ci présentera les résultats de cette enquête approfondie qui, sans prétention à l’exhaustivité, plonge dans la mémoire familiale de la Shoah en région genevoise.

Malik Berkati

Du 24 septembre au 3 octobre 2018 dans le grand hall d’Uni Mail
Entrée libre

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Malik Berkati

Journaliste / Journalist - Rédacteur en chef j:mag / Editor-in-Chief j:mag

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