Pessac 2018 : Venu au festival pour donner deux conférences prises d’assaut par les festivaliers, Pascal Ory a repris à notre micro quelques-uns des arguments développés
Orienté au niveau de la recherche vers l’historie sociale de la France à l’époque contemporaine par le truchement des lunettes de lecture politiques comme culturelles, Pascal Ory est professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et a aussi enseigné à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) ainsi qu’à Sciences Po Paris.
Élève de Jean Delumeau et de René Répond, Pascal Ory développe, dès les années septante, une définition plus exhaustive de l’histoire culturelle. À ce titre, il a fondé et préside l’Association pour le développement de l’histoire culturelle (ADHC). Son enquête scientifique porte sur quatre axes : la culture, la nation, les mythologies et le corps moderne.
Ses premiers ouvrages publiés, écrits pour des raisons éthiques, sous le coup de la découverte des ambiguïtés de l’Occupation et, par corollaire, de la collaboration, Pascal Ory s’est intéressé au fascisme dès sa maîtrise, consacrée aux Chemises vertes d’Henri Dorgères.
Collaborateur régulier de la presse écrite et audio-visuelle, en particulier, depuis 1975, de Radio France (France Culture), Pascal Ory nous confie, hors micro, qu’il est souvent venu parler sur les antennes de la Radio suisse romande et qu’il voue une affection particulière à la Suisse. Pascal Ory est, entre autres, administrateur de la SCAM, la Société civile des auteurs multimédia.
Venu à Pessac pour donner la conférence inaugurale de la cérémonie d’ouverture lundi 19 novembre dans la grande salle du Cinéma Jean Eustache – une cérémonie retransmise en directe dans deux autres salles tant cette cérémonie est prise d’assaut par le public – Pascal Ory a accepté de reprendre à notre micro quelques arguments qu’il a développés durant cette passionnante conférence inaugurale. Le lendemain, le mardi 20 novembre Pascal Ory a donné une conférence sur le bronzage, une pratique sociologique révélatrice, à l’occasion de la réédition de son ouvrage, L’invention du bronzage. Pascal Ory souligne :
L’action de recouvrir un objet d’une couche imitant l’aspect du bronze. La définition donnée par le dictionnaire Littré en témoigne : on ne songeait guère, sous le Second Empire, à aller étendre son corps au soleil ! Au début du XXe siècle, ombrelles et chapeaux rivalisent avec les préparations blanchissantes pour préserver la peau des méfaits du grand air. Dans les années 1930, les maillots de bain s’échancrent ; on préconise les bains de soleil contre l’acné et la cellulite… Comment est-on passé, en une vingtaine d’années, de la phobie du soleil à son exaltation? Sous ses apparences futiles, le bronzage est un fait social riche de significations.
Faut-il préciser que la salle était pleine à craquer de festivaliers qui écoutaient avec passion Pascal Ory disserter avec moult références et citations sur ce sujet comme tant d’autres qu’il a repris avec enthousiasme à notre micro. Fascisme, populismes divers, régimes autoritaires sont quelques thèmes qu’il développera en répondant à nos questions.
Firouz E. Pillet
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