j:mag

lifestyle & responsible citizenship

Communiqués de presseCulture / KulturMusique / MusikThéâtre / Theater

Le Festival de la Cité Lausanne 2021 : une 49ème édition bigarrée et aux multiples propositions

Du 6 au 11 juillet 2021, le Festival de la Cité Lausanne voit les choses en grand et déroule une programmation qui a bien peu à envier à une édition normale, présentée sur seize lieux artistiques répartis dans quatre espaces distincts. Au programme, de la danse, du théâtre, des concerts, des arts de la rue, des performances, des ateliers et des spectacles pour enfants mais aussi un restaurant futuriste éphémère et un talk-show télé quotidien.

Au total, cette édition du Festival de la Cité Lausanne comptabilise nonante projets à découvrir, des artistes de dix-neuf nationalités différentes dont Dorothée Munyaneza, Marie-Caroline Hominal, Flora Détraz, Ana Rita Teodoro, Cherish Menzo, Alice Ripoll, Cindy Van Acker, Yves-Noël Genod, Claudio Stellato, Juan Ignacio Tula, Un loup pour l’homme, Les batteurs de pavé, Cal y Canto Teatro ou encore le jardin du temps, magique et accueillante installation scénographique de Nadia Lauro sur la place du Château. En musique, Fulu Miziki, /A\, This Is The Kit, Lalalar, Kate NV, Johan Papaconstantino, Egyptian Blue, Awori & Twani, Lazarus Kane, Kush K, Don Melody Club, Grainsdelavoix, une carte blanche à l’Ensemble Rue du Nord, le soundsystem de La Sacrée Déter et parmi tant d’autres !

En mars, le Festival annonçait travailler sur une proposition adaptable en misant sur plusieurs lieux distincts et des capacités d’accueil modulables pour respecter les règles sanitaires. C’est ainsi que sa géographie s’est construite. Le quartier de la Cité est le plus grand avec des lieux artistiques sur la place du Château, la place St-Maur, dans et contre la face nord de la Cathédrale, sur la rue Pierre-Viret et la placette Bonnard. Le Festival étend aussi son territoire en investissant la Clairière de Tridel, le Verger de l’Hermitage et propose tout un programme d’Escapades à vivre en journée durant le week-end dans plusieurs lieux inattendus.

Une édition bigarrée et « Cité perchée » qui marie un quartier historique et la création contemporaine

Les incertitudes qui ont plané sur la réalisation du projet de cette 49ème édition n’ont pas freiné l’élan de l’équipe de programmation, bien au contraire. Le menu est riche et ambitieux. Il est présenté ci-dessous par lieu.

Sur la Place du Château, le jardin est une installation scénographique de Nadia Lauro inspirée de Garden Of Time de l’auteur SF J.G. Ballard. Un espace de verdure qui accueille performances, danse ou concerts et public en immersion. Ce jardin du temps navigue avec un imaginaire lié au potentiel de dissidence de la lenteur.

Un dépaysement total idéal pour le spectacle Glottis où Flora Détraz explore dans une sorte de concert dansé aux inquiétantes allures de prophétie fantastique, la dimension surnaturelle de la voix. Avec Fantôme méchant, Ana Rita Teodoro tente, elle, de comprendre, par la danse et la réactivation de chansons traditionnelles portugaises, les fantômes qui nous hantent. Mais aussi, Yves-Noël Genod, Marco Berrettini, Maud Blandel ou encore Yasmine Hugonnet.

Le jardin sertit également des concerts, avec les nappes enivrantes, les couches de voix et les cordes électro-envoutantes de Tout Bleu, la synth pop variété sixties de Don Melody Club, membre de The Mauskovic Dance Band, ainsi que Nik Bärtsch, Organ Mug, OTTO et Kate NV.

Toute la semaine au Caveau 12 bis, Myriam Pruvot propose avec 3 x Tirésia, une performance de divinations chantées, inspirée de l’art des trobairitz – troubadour féminines.

Plus haut, en grimpant les quelques marches qui mènent à l’esplanade du Château, rendez-vous avec le terroir et les produits typiques de notre campagne proposés par Grégoire Jeauffre. Quant au bar, dessiné par l’architecte Laurent Chassot, il est aussi attirant qu’efficace pour requinquer les festivalier·e·x·s comme il se doit.

Un peu plus bas, La Sacrée Déter pose son soundsystem toute la semaine sur la placette Bonnard et sa vue imprenable sur la ville. Le collectif lausannois y proposera une programmation de qualité alternant du sets et lives.

La clairière : antique vibes et grillades en plein air

Les Marches, cette architecture emblématique du Festival qui ornait autrefois le Pont Bessières (et la Friche du Vallon l’année dernière) convertit cette année la clairière de Tridel en théâtre antique. Avec la forêt en fond de scène, la ville dans le dos, les Marches font face à un grand plateau nu qui accueille théâtre, danse, cirque et concerts. À quelques pas, l’usine Tridel s’ouvre elle aussi tout le week-end aux projets artistiques musicaux et circassiens.

Juan Ignacio Tula, virtuose de la roue Cyr, nous embarque dans un voyage hypnotique et bouleverse notre rapport au temps avec Instante. À travers un échange de forces et de contrepoids entre le métal et la chair, la performance physique, tenue jusqu’à l’épuisement, amène le corps au-delà de ses frontières. Des efforts physiques poussés jusqu’à l’épuisement également avec Work de Claudio Stellato, pour un résultat parfois absurde, souvent drôle. Avec Faded, Ioannis Mandafounis rend hommage à son premier amour, la danse classique et lui tire sa dernière révérence en partageant avec nous l’envers du décor et la lutte quotidienne cachée derrière l’art de la danse. Dans Mailles, l’artiste rwandaise et britannique Dorothée Munyaneza tisse les parcours intimes de six artistes noires, africaines ou afro-descendantes. Libres, audacieuses, elles dansent, chantent et clament la mémoire d’histoires de peuples marginalisés. On retrouvera également Igor Cardellini & Tomas Gonzales qui invitent le Colectivo Utópico à rejouer un spectacle invité la veille pour celles et ceux qui l’auraient manqué, Gwenaël Morin et La Manufacture qui traversent quatre grandes tragédies de Racine ainsi que la structure instable du circassien Nicolas Fraiseau.

Côté musiques, l’Ensemble 0 et une partie du Aum Grand Ensemble s’associent pour faire revivre l’œuvre captivante et hypnotique Feminine de Julius Eastman. Mais aussi la folk délicate et léchée de This Is The Kit, l’interprétation musicale du livre À la ligne de Joseph Ponthus par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz et si les conditions le permettent le sol de l’usine Tridel tremblera sous les assauts dub d’O.B.F. Sound System & Charlie P & Sr Wilson, sur la techno sauvage et organique de Why The Eye ? et sur les beats wave, disco et autres influences shamaniques de Ramin & Reda.

Des agapes pour nourrir le corps

Pour se sustenter ? Un grill de vingt-cinq mètres de long est à disposition des festivaliers et festivalières pour y cuire brochettes carnées ou végé disponibles au bar. A griller soi-même, ce qui offrira une ambiance feu de camp et souvenirs d’enfance ! Sur l’esplanade, il y aura à boire et à manger.

La Cathédrale et le Cercle de St-Maur

C’est le lieu historique, la carte postale, le repère convivial. On y vient en pilotage automatique pour y faire des rencontres spontanées avec des ami·e·x·s ou des connaissances de longue date. Côté nord, la crème du théâtre de rue avec Richard III ou le pouvoir fou mené tambour battant par Les Batteurs de Pavé et de très jolies propositions jeune public in situ : des images pleines d’émotion avec Lost Dog par Cal y Canto Teatro et le spectacle de marionnettes Pistache de la Compagnie Le Cockpit. Alexandre Fray de La compagnie de cirque Un loup pour l’homme propose, lui, de porter une grand-mère sur son dos d’un bout à l’autre des escaliers du marché dans Projet Grand-Mère ou « J’aurai toujours des rêves, maman ».

Côté sud, le départ de Bêtes, spectacle en déambulation du Théâtre des Monstres. À l’intérieur, c’est LE lieu pour apprécier au calme de la musique classique avec Garth Knox et Graindelavoix ou de la danse contemporaine avec Cindy Van Acker qui propose un solo de Maya Mass avec la musique d’orgue jouée en live par Jean-Christophe Geiser dans Shadowpieces IV – Kanoun ou le pas de deux de Save the last dance for me d’Alessandro Sciarroni.

Sur la Place St-Maur, un monde à part, intime et foisonnant ! Arrondie avec un petit air moderniste, l’architecture scénique a été conçue sur mesure par Leopold Banchini. Rideaux fermés, elle offre une grande proximité avec les artistes. Rideaux ouverts lorsque la scène est vide, ses gradins peints en vert redeviennent des bancs publics.

Un écrin idéal pour l’Ensemble Rue du Nord qui y campe toute la semaine avec une carte blanche pour la programmation musique. Le collectif propose chaque jour un à deux concerts et un atelier d’électronique DIY destiné aux adultes comme aux enfants. Au programme, défrichage de champs sonores inexplorés et réflexion sur l’acte musical avec Algecow, Sun Cousto, Jericho, Martin XVII, Mike Majkowski, Nina Garcia, Octopoulpe, Ria Dubach, Cie Cadmium et bien sûr Ensemble Rue du Nord – Psycho Banda !

Du théâtre aussi avec H.S du Collectif sur un malentendu sur les violences en milieu scolaire et La naissance de la tragédie par Maxime Kurvers qui raconte la première représentation des Perses d’Eschyle. De la danse avec Jezebel de Cherish Menzo qui s’est inspirée de video vixens, des femmes aguichantes qui apparaissent dans les clips vidéo hip-hop à la fin des années 90. De la musique populaire avec Albin Brun et Kristina Brunner qui dressent des ponts entre folklore et modernité. Et un magnifique spectacle pour enfants avec le conte de La belle au bois dormant remis au goût du jour en musique et décalé par le Collectif Ubique.

Le petit Canyon : un open air en ville.

Comme une fracture dans la roche. Entre deux parois à pic, une scène de concerts à ciel ouvert. Des films d’animations aussi et une boutique de vinyles tenue par la clique de Hummus Records, pour le bonheur de chiner et de papoter musique. On s’y retrouve pour l’ambiance, pour la musique vibrante, pour boire des coups et manger sur le pouce.

Le Festival de la Cité se réjouit d’accueillir ici la première tournée européenne de Fulu Miziki. Ce collectif pluridisciplinaire aux costumes trasho-futuristes débarque de Kinshasa avec une ribambelle d’objets abandonnés mutés en instruments de percussion : PVC, guitares de conserves, marimbas métallurgiques et masques éco-traditionnels. Mais aussi la new wav aux accents psychédéliques anatolien du trio turc Lalalar, le rock d’Egyptian Blue, Lazarus Kane, Dives, Swaer I Love You et El Mizan, l’électro-pop entre tradition et modernité de Johan Papaconstantino, la star locale Arma Jackson et la musique soul, rap et R’n’B de Awori & Twani.

En début de soirée et entre les concerts, découvrez une sélection de courts-métrages d’animation réalisés par les étudiant·e·x·s de l’école d’Arts Visuels Ceruleum dans le cadre de l’obtention de leur Bachelor Européen en Dessin Animé. Le Verger de l’Hermitage propose concerts, talk-show fiction et restaurant de campagne. La Cité lance son talk-show ! 45’ d’émission quotidienne à vivre en direct à 17h depuis le Verger de l’Hermitage, mais aussi filmée et diffusée par la chaîne La Télé Vaud-Fribourg. Le programme propose des artistes, de la fiction, des discussions, des showcases, le tout mené avec talent et beaucoup d’humour par la comédienne et metteuse en scène Florence Minder.

Plus tard, quand le soleil se couche et que le vent fait vibrer les feuilles (à moins que cela ne soit la sono ?), asseyez-vous dans l’herbe pour y déguster une programmation musicale du cru et d’ailleurs. On y découvrira /A\, cette rencontre entre Emilie Zoé, Franz Treichler et Nicolas Pittet qui écrit une page de plus de l’histoire du rock suisse. Mais aussi la folk sans artifice de Junior Brother, les expérimentations spontanées et nerveuses de Béatrice Graf et Martina Berther qui forment le duo Ester Poly, la folk crooner de Pierre Omer & The Nightcruisers, l’afrobeat de Professor Wouassa et le prometteur groupe zurichois Kush K récemment décoré du prix IndieSuisse du meilleur album 2020.

Au plaisir du regard et des tympans, vous pouvez allier celui des papilles en prenant le temps d’un délicieux repas à table accompagné d’une belle sélection de vins. Ici, à l’écart du tumulte de la ville, c’est détente et plaisir !

Les escapades : virées plein soleil et cuisine du futur

Tous les midis et tous les soirs, la Cantine de Sauvabelin se transforme en restaurant du futur : Paralax Cantine est une installation dans laquelle le duo d’artistes Hugo Avigo et Zoe Lockard explore ce que pourrait être la terre en 2100. Les convives sont invités à rêver, cauchemarder et savourer le monde de demain à travers une cuisine imaginée par Walter el Nagar. Le remuant chef italo-égyptien a fait voyager sa cuisine de Los Angeles à Singapour avant de poser sa toque à Genève. Radicalement fan de produits locaux, mais absolument libre face aux traditions, il n’hésite pas à casser les codes ! Un projet d’envergure avec sept-cent-vingt couverts sur la semaine. (Réservation indispensable).

Face à la Cantine, dans la pente herbeuse, le plateau nu du Potager du Signal accueille tous les soirs une à deux propositions : Lavagem de la Brésilienne Alice Ripoll dont l’invitation en temps de Covid est un sacré défi, le groupe de jazz Estampes du Lausannois Mirko Maïo ou encore un concert de la guitariste classique australienne Stephanie Jones.

Le week-end, partez en excursion artistique dès le matin ! Découvrez des spectacles dr théâtre, de cirque, de danse contemporaine, de marionnettes et des concerts dans des lieux inattendus : Bois de Sauvabelin, Verger de l’Hermitage, Potager du Signal, Tour de Sauvabelin, Magasins de la Ville, Usine Tridel… Dès 11h, ce sont des propositions toutes les heures jusqu’au soir !

Les festivaliers découvriront Marie-Caroline Hominal avec une nouvelle pièce chorégraphique pour treize danseuses et danseurs dans le Bois de Sauvabelin, le spectacle de cirque Dad is dead de la compagnie MMFF ou l’envoûtant In a landscape d’Alessandro Sciarroni & le Collettivo Cinetico au Potager du Signal ; les gestes acrobatiques de Corentin Diana & Leonardo Ferreira dans Wake Up ! aux Magasins de la Ville ; une jolie découverte de la musique électronique pour les plus jeunes avec Sinus & Disto du groupe Elvett & Simon Aeschlimann, Cuir, la magnifique proposition circassienne d’un Loup pour l’homme à l’Usine Tridel ou encore un concert in situ de This is the kit en contrebas de la Tour de Sauvabelin.

Ces escapades sont articulées autour de deux lieux de rendez-vous où l’on trouvera également une restauration à midi : gastronomique à la Paralax Cantine de Sauvabelin et brochettes à griller soi-même, en vente au bar des Marches sur la Clairière de Tridel.

Mesures sanitaires et accueil du public

Après cette année de disette culturelle, comme toutes les manifestations artistiques et tous les lieux de culture, le Festival est soumis aux mesures sanitaires édictées par le Conseil fédéral qui ne cessent d’évoluer et qui peuvent encore changer d’ici au 6 juillet. Actuellement, selon les dernières décisions du Conseil fédéral du 26 mai, il apparaît que dès le 1er juillet, les cantons pourront autoriser les grandes manifestations de trois mille personnes debout par jour, avec une limite à la moitié de la capacité de la jauge et l’obligation de porter le masque. La consommation de boissons et de nourriture est aux places assises uniquement. Selon l’ordonnance actuelle, l’accès aux grandes manifestations sera limité aux personnes entièrement vaccinées, guéries du coronavirus ou présentant un test PCR ou un test rapide gratuit négatif.

Cette quarante-neuvième édition du Festival de la Cité Lausanne est si riche et si diversifié que l’on ne pourrait être exhaustif : si votre envie de musique, de danse, de spectacles, de culture en gènéral est déjà titillée, vous pouvez en découvrir plus sur le site du festival.

www.festivalcite.ch

Firouz E. Pillet

© j:mag Tous droits réservés

Firouz Pillet

Journaliste RP / Journalist (basée/based Genève)

Firouz Pillet has 968 posts and counting. See all posts by Firouz Pillet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*