Dea Liane

Berlinale 2024Cinéma / KinoCulture / Kultur

Berlinale 2024 – Compétition : Mé el Aïn (Who Do I Belong To) de Meryam Joobeur met en scène les démons qui hantent les revenant·es de Daesh. Rencontre

Empreint de réalisme magique, le premier long métrage de la cinéaste tunisienne-canadienne revient sur l’épisode traumatisant des partant·es et revenant·es tunisien·nes de Daesh. À l’instar du documentaire fonctionnalisé de Kaouther Ben Hania, Les Filles d’Olfa, le défi est de rendre compte à la fois de destins individuels et d’un contexte général. Là où le récit de Kaouther Ben Hania péchait par une trop grande complaisance envers ses protagonistes, celui de Meryam Joobeur a le mérite d’intégrer dans son histoire l’image des victimes des djihadistes, même si elle n’évite pas totalement l’écueil de mettre les spectateurs·trices en position d’empathie envers ces jeunes gens partis semer la mort en Syrie. En revanche, totalement maîtresse de son film, au contraire de sa consœur, elle n’élude pas la question quand on le lui fait remarquer. Cette honnêteté de la réalisatrice est assez rare pour être soulignée ! (…)

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L’Homme qui a vendu sa peau (The Man Who Sold His Skin) de Kaouther Ben Hania – Vendre sa peau pour la sauver

Il serait facile d’utiliser les termes de satire, parabole, cynisme pour décrire en quelques mots le dernier film de la réalisatrice et scénariste tunisienne Kaouther Ben Hania  (La Belle et la Meute, 2017), qui écume les festivals depuis sa Première à la Mostra de Venise 2020 dans la section Orizzonti, avec la clef le Prix du meilleur acteur pour Yahya Mahayni. Cependant, ce que nous propose la cinéaste n’est que la chaire d’une réalité crue. Pas de parabole, pas de satire – le monde est comme cela, pire même –, du cynisme oui, mais simplement le reflet de nos sociétés qui le pratique avec dextérité envers tout ce qui représente l’altérité dans un état de besoin ou de dépendance, état savamment entretenu pour que l’ordre du monde se perpétue dans une forme rassurante de dominant.es-dominé.es, possédnt.es-posséd.es, dont le système économique prévaut sur tous les autres mécanismes de fonctionnement. Sous le vernis de culture, éclairée qui plus est, de valeurs et morale supposées supérieures mais rongées par l’hypocrisie, on aime à se rassurer en pensant qu’on ne peut pas remédier à toute la misère du monde et que l’on fait au mieux. Pour que cette assertion soit un tantinet valable, il faudrait déjà ne pas être à l’origine de ces malheurs du monde…

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