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Berlinale 2023 – Panorama : rencontre avec Yelli Yelli qui a composé la bande-son de La Bête dans la jungle de Patric Chiha

Après Si c’était de l’amour en 2020, autour de la pièce de danse de Gisèle Vienne, Crowd, le cinéaste autrichien revient dans la section Panorama, cette fois-ci avec un film de fiction autour de la nouvelle d’Henry James, La Bête dans la jungle. Patric Chiha transpose l’histoire londonienne dans une boîte de nuit à la fin des années septante, à Paris, qui va être le témoin du passage du temps – celui de la grande histoire en guise de marqueur, avec l’élection de François Mitterrand, la pandémie du SIDA, la chute du mur de Berlin, les attentats du 11 septembre. Sur ces vingt-cinq années, May (Anaïs Demoustier) va attendre que le secret de John (Tom Mercier), persuadé depuis toujours qu’une chose extraordinaire l’attend et doit bouleverser son destin, se produise. (…)

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Berlinale 2023 – Gala Special : La comédie romantique de Rebecca Miller, She Came to Me, ouvre la Berlinale…

… et c’est embarrassant ! Cela ne participe pas d’un dédain mandarinal que de le souligner. Bien sûr, les comédies romantiques ont toute leur place dans l’industrie du cinéma – elles font même partie des genres qui entraînent le plus de spectateurs et spectatrices dans les salles et rapportent donc le plus d’argent – mais lorsqu’elles sont sélectionnées dans un des plus grands festivals internationaux, il s’agirait quand même que l’œuvre présentée ait quelques qualités autres que son nombre de vedettes. (…)

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Berlinale 2023 – La 73e chasse à l’Ours d’or a lieu du 16 au 26 février 2023

Le festival international du film de Berlin revient à ses fondamentaux, avec beaucoup de politique et de cinéma d’auteur, agrémenté de quelques stars – dont Kristen Stewart en présidente du jury et Steven Spielberg pour son Ours d’or honorifique pour l’ensemble de sa carrière, auquel la section Hommage est également consacré –, pour mettre un peu de glamour sur le tapis rouge. (…)

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Peter K. Seul contre l’État : Laurent Wyss raconte les événements qui ont conduit à l’extraordinaire chasse à l’homme à Bienne de 2010, du point de vue du pourchassé

Qui est Peter K. ? Tout le monde en Suisse en a entendu parler, mais combien peuvent dire de qui il s’agit lorsque l’on ne mentionne que son nom ? Il a fait la Une des journaux pendant des jours en 2010 et, une fois n’est pas coutume, des deux côtés de la Sarine. En Suisse romande, on parlait du « forcené de Bienne », en Suisse alémanique du « Amok-Rentner » (que l’on pourrait traduire par « le retraité fou furieux ») en Suisse italienne « il forsennato di Bienne ». Étiqueté, Peter Kneubühl prend dès lors, dans l’imaginaire collectif, les traits de son surnom médiatique et perd de sa substance d’être humain. (…)

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IFFR 2023 : Wir sind dann wohl die Angehörigen de Hans-Christian Schmid –  une famille en état d’urgence !

Pour des raisons dramaturgiques, la plupart des histoires d’enlèvement sont racontées dans la perspective des ravisseurs ou de la police. Hans-Christian Schmid réussit le tour de force de tenir en haleine le public en prenant le parti de faire défiler le déroulé d’un enlèvement à travers le prisme des proches de la victime. Les écueils sont nombreux, le premier d’entre eux, l’ennui qui pourrait gagner à regarder une famille souffrir en attendant la libération du leur. Il n’en est rien, la finesse du scénario alterne avec habileté les scènes de tensions enduites par les actions – prises de contacts avec les ravisseurs, remises de rançon avortées, couacs policiers – et les scènes qui pénètrent l’état psychique dans lequel se trouvent les protagonistes. (…)

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IFFR 2023 – Big Screen Competition : Endless Borders de Abbas Amini démultiplie la notion de frontières

À la frontière entre l’Afghanistan et l’Iran, dans un no man’s land montagneux traversé par des patrouilles de gardes-frontière et des réfugié∙es afghan∙nes qui entrent illégalement dans le pays, un petit village pauvre, mangé par la poussière, est devenu le lieu de travail d’Ahmad (Pourya Rahimisam), un enseignant de Téhéran, exilé intérieur, pour raisons politiques. La région est compliquée, ce n’est pas une nouveauté. Mais au-delà des régimes théocratiques et des guerres intestines, cette partie du monde, régie par des traditions ayant valeur de lois, est aussi le territoire de plusieurs ethnies aux antagonismes ancestraux. (…)

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IFFR 2023 – Luka, présenté dans la section Big Screen, revisite le Désert des Tartares

La cinéaste belgo-américaine Jessica Woodworth (Altiplano, 2009 ; L’Empereur aux pieds nus, 2019) s’inspire pour son dernier film du célèbre roman de Dino Buzzati, adapté en 1976 par Valerio Zurlini avec dans les rôles titres Jacques Perrin et Vittorio Gassman, Le désert des Tartares. Si dès les premières images, Luka fait effectivement penser au livre de Buzzati, dont Jessica Woodworth reprend les grandes lignes forces dans la structure de son histoire (le désert, l’ennui et l’attente, l’ennemi invisible, l’apparition d’un cheval, un soldat du fort abattu par les siens) une différence notable courbe l’arc narratif : alors que le lieutenant Drogo du roman était envoyé dans le Nord à la sortie de son école militaire et qu’une de ses premières impulsions avait été de partir de cet endroit inhospitalier, Luka (Jonas Smulders) est parti volontairement vers le Nord, à la recherche du légendaire fort Kairos, afin d’y proposer ses services de sniper. (…)

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Prix du Jury à Cannes 2022 et en lice pour l’Oscar du meilleur film international 2023, EO de Jerzy Skolimowski sort sur les écrans romands

Le piètre état du monde dans lequel on se trouve n’est pas une breaking news ! Cependant, pour une question d’œillères civilisationnelles, dans le centre du système-monde, dont fait partie l’Europe, on semble penser que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, qu’il suffit de quelques ajustements pour qu’il tourne à nouveau rond. Jerzy Skolimowski (Ręce do góry [Haut les mains] 1967, Deep Hand 1970, Essential Killing 2010), vétéran du Nouveau cinéma polonais des années 60, 84 ans, va de manière chirurgicale, concise et sans fioritures démontrer le contraire, par le procédé bressonien (Au hasard Balthazar, 1966) du recours à l’animal – un âne qui, passant de maîtresses en maîtres, dévoile quelques traits de caractères de l’espèce et de la condition humaine. La décadence du monde est le fruit de la corruption morale et éthique de l’âme humaine, il suffit de suivre EO dans son voyage cauchemardesque de la Pologne à l’Italie pour s’en convaincre. (…)

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IFFR 2023 – A House in Jerusalem de Muayad Alayan plonge dans l’angle mort de la mémoire collective

(…) La toile que tisse Muayad Alayan est celle du sentiment de perte, celle des êtres aimés comme celle de l’appartenance à une terre, une lignée, le sentiment d’injustice, d’incompréhension, de douleur qui se transmet (de générations en générations, également), qui empêche la communication, le dialogue – cette toile est transposable partout sur cette terre, portant en elle la matrice des chagrins individuels, des traumatismes collectifs, des deuils qui ne se font pas et emprisonnent les âmes dans les limbes. (…)

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Corsage – Le vernis de la légende de Sissi gratté de manière impitoyable par la cinéaste autrichienne Marie Kreutzer

Le dernier film consacré à Élisabeth de Wittelsbach, duchesse de Bavière, impératrice d’Autriche et reine de Hongrie, de Bohême et de Lombardie-Vénétie, est plus proche dans l’esprit et dans le visuel à la statue de l’impératrice érigée sur le Quai du Mont-Blanc, là où elle fut assassinée le 10 septembre 1898, que de la série de films fleur bleue d’Ernst Marischka, Sissi (1955-1957), avec Romy Schneider. La réalisatrice autrichienne Marie Kreutzer propose une version #metoo de cette femme corsetée dans les conventions de son rôle et sa condition de femme. Non seulement la cinéaste ne nourrit pas le mythe impérial, mais elle entaille avec audace les couches de maquillage et de masques façonnés pour la légende afin de la gratter jusqu’à l’os. Pour ce faire, Marie Kreutzer va chercher dans le corps de l’impératrice le cœur de son propos : les femmes sont emprisonnées dans une multitude de corsets, il s’agit de s’en émanciper. Le doigt d’honneur que fait Élisabeth face caméra, ainsi que les anachronismes qui jalonnent le film, rappellent sans ambivalence la modernité et l’acuité de Corsage. (…)

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