Auteur : Malik Berkati

Cinéma / KinoCulture / Kultur

TIFF 2024 – Daughter’s Daughter de Huang Xi: Un regard féminin sur les relations intrafamiliales

De nombreux sujets s’entrelacent subtilement dans ce film de faible intensité. Rien de spectaculaire, et pourtant des questions profondes et ultimes sont soulevées, telles que les relations mères-filles, les décisions existentielles prises à l’adolescence, la fécondation in vitro, l’adoption… Ces thèmes, traités avec finesse par la réalisatrice taïwanaise Huang Xi, à travers des entrechats narratifs, ne cherchent pas à s’imposer les uns sur les autres, mais s’entremêlent naturellement, reflétant la complexité de la vie de chacun·e. (…)

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Cinéma / KinoCulture / Kultur

TIFF 2024 – Horizonte de César Augusto Acevedo : Un choc à la fois moral et esthétique !

Toutes les guerres sont abominables et laissent des cicatrices sur l’humanité. Cependant, les guerres civiles se distinguent par leur capacité à déchirer le tissu social, à l’intérieur même des groupes constitués, voire des familles, en leur arrachant des membres vitaux. Elles brisent ainsi des lignées, provoquent des ruptures et laissent derrière elles des mémoires individuelles et collectives traumatisées. Ces mémoires, souvent transmises dans le silence, se perpétuent de génération en génération et dissimulent des champs de tombes, parfois identifiées, souvent anonymes, habitées par des disparu∙es. (…)

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Cinéma / KinoCulture / Kultur

TIFF 2024 – Les Courageux de Jasmin Gordon explore la rupture avec la norme sociale

Être dans le besoin matériel, à la marge d’un système, sur le fil qui peut vous faire basculer dans le vide si vous n’arrivez pas à traverser le gouffre qui, à certains moments de la vie, s’ouvre sous vos pieds, est une épreuve dans toutes les sociétés occidentales. Si, comme le dit le chanteur, « la misère est moins pénible au soleil » (Charles Aznavour, Emmenez-moi, 1967), elle est paradoxalement souvent plus compliquée à gérer dans les pays les plus riches de cette planète, dont la Suisse fait partie. (…)

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Cinéma / KinoCulture / Kultur

Une autre vie que la mienne (Kobieta Z…) de Małgorzata Szumowska et Michał Englert : La double transition d’un individu et d’un pays

La cinéaste polonaise Małgorzata Szumowska  (Twarz [MUG], 2018, Grand Prix du Jury – Ours d’argent; Body, 2015, Ours d’argent de la meilleure réalisation) excelle dans la mise en scène de protagonistes marginalisé·es en raison de leur corps, corps qui reflète à la fois un destin individuel et celui du pays dans lequel ils s’inscrivent. Avec Michał Englert, son directeur de la photographie depuis plus de vingt ans, elle signe ici un nouveau film qui, telle une fresque, fait traverser un corps à travers l’histoire récente de la Pologne, dans un mouvement de double (re)naissance : celle d’une personne née biologiquement homme mais qui se sait femme, et celle d’un pays en transition, passant d’un régime communiste appartenant au « bloc de l’Est » à un État capitaliste-conservateur intégré à l’Union européenne. (…)

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Cinéma / KinoCulture / KulturMostra 2024

Mostra 2024 – Giornate Degli Autori : Possibility of Paradise de Mladen Kovačević livre quelques instantanés de vie en quête de bonheur

Qu’y a-t-il à l’est d’Éden ? Pour certain·es, il y a le monde réel, celui dans lequel l’humanité doit vivre depuis qu’Adam et Ève ont été chassé·es du Jardin d’Éden. Pour d’autres, c’est le lieu de l’adversité et de toutes les souffrances auxquelles l’être humain doit faire face. Enfin, pour certain·es, c’est un endroit où tout devient possible, un paradis terrestre où chaque individu peut forger son destin et explorer de multiples chemins. C’est sur cette dernière interprétation que nous entraîne le réalisateur serbe Mladen Kovačević avec Possibility of Paradise. (…)

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Cinéma / KinoCulture / KulturLocarno 2024

Locarno 2024 – Concorso internazionale : Green Line de Sylvie Ballyot remporte le MUBI Award du premier film. Rencontre

(…) Et c’est bien par l’évocation du jour où la ville a été coupée en deux que le film commence. D’un côté, Beyrouth-Est, aux mains des phalangistes chrétiens, et de l’autre, Beyrouth-Ouest, contrôlée par les miliciens musulmans et les Palestiniens. La Ligne verte marque la ligne de démarcation entre les deux parties de la ville, où la végétation a repris ses droits, puisque cette zone n’est plus habitée que par les combattant·es des deux camps et traversée en courant par celles et ceux qui osent s’y aventurer, sous le regard menaçant des snipers de tous bords. C’est là que Fida grandit, dans les années 1980, dans la partie Ouest de la ville, que sa grand-mère appelait « l’enfer rouge ». Ses souvenirs d’enfance sont marqués par les cadavres qu’elle doit enjamber en rentrant de l’école, les miliciens postés en bas de chez elle, censés la protéger, et la peur omniprésente qui plane sur la vie quotidienne. (…)

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Cinéma / KinoCulture / KulturLocarno 2024

Locarno 2024 – La Lituanie consacrée avec le Pardo d’or pour Toxic (Akiplėša) de Saulė Bliuvaitė et le Pardo de la meilleure réalisation à Laurynas Bareiša pour Drowning Dry (Seses)

Toxic: Premier long métrage de la réalisatrice et scénariste Saule Bliuvaite, Toxic s’inscrit dans la continuité de ses courts métrages, où elle explorait déjà le thème de la communauté et du sentiment d’appartenance. En s’emparant du genre du coming-of-age, la cinéaste lituanienne plonge au cœur de la dynamique complexe de la quête identitaire au sein d’un collectif. Elle y explore les relations interpersonnelles, marquées par des attractions, des répulsions, des jalousies, des rivalités, des manipulations, mais aussi par la solidarité dans la création d’une adelphie choisie. (…)
Drowning Dry: Comment travailler un traumatisme ? Est-il possible de s’en souvenir sans le répéter à l’infini ? Comment apprivoiser sa mémoire pour n’en conserver qu’une seule version ? Est-il d’ailleurs nécessaire de se limiter à une version unique ? Les points de vue varient selon les personnes qui expérimentent une situation, mais n’est-il pas également envisageable que des décalages subtils se produisent dans le point de vue reconstitué et répété par une même personne ? (…)

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Cinéma / KinoCulture / KulturLocarno 2024

Locarno 2024 – Cineasti del Presente: Holy Electricity (Tsminda Elektroenergia) de Tato Kotetishvili, le récit des marges raconté avec douceur. Rencontre

La structure du premier long métrage du cinéaste géorgien Tato Kotetishvili oscille entre une trame fictionnelle subtile, une exploration anthropologique et l’intention de fixer sur pellicule un monde en voie de disparition.
Tout commence par la disparition du père de Gonga (Nika Gongadze), un jeune homme de 17 ans qui se retrouve sans famille proche. Le film s’ouvre sur des funérailles traditionnelles, lors desquelles Bart (Nikolo Ghviniashvili), le cousin de Gonga, plus âgé, promet devant le cercueil de s’occuper de lui comme s’il était son propre enfant.
Au fil des pérégrinations des deux acolytes, le cinéaste offre une collection de tableaux vivants de cette périphérie de Tbilissi, peuplée de personnes marginalisées, exclues ou issues de minorités. Il pose un regard tendre sur ces populations, bien qu’une impression d’auto-exotisation puisse parfois en émerger. Les rues et le marché, avec leurs personnages à la fois banals et excentriques, ainsi que leurs chiens errants, constituent des sources de rencontres inépuisables. Leur activité de colporteurs permet également d’entrer dans les intérieurs de ces personnes et jeter un œil sur leurs vies. (…)

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Cinéma / KinoCulture / KulturLocarno 2024

Locarno 2024 – Concorso internazionale : Avec Mond, Kurdwin Ayub poursuit son exploration d’un cinéma de contrastes. Rencontre

Après son premier film, Sonne (Soleil), très acclamé dans le monde germanophone et qui lui avait valu le Prix du premier long métrage à la Berlinale 2022, la réalisatrice autrichienne d’origine kurde irakienne, Kurdwin Ayub, revient sur les grands écrans avec son second long métrage, Mond (Lune). Ce film met en lumière des femmes issues de divers horizons, toutes mentalement et physiquement emprisonnées.
Si Sonne explorait le parcours d’une jeune femme musulmane en Occident, Mond renverse le paradigme en mettant en scène une jeune femme occidentale au Moyen-Orient. Sarah (interprétée par Florentina Holzinger), après avoir exploré tous les arts martiaux à un niveau professionnel, voit sa carrière se terminer brutalement dans une cage de MMA (arts martiaux mixtes, un sport de combat dangereux et peu réglementé, où presque tous les coups sont permis, n.d.a.), battue sévèrement par sa concurrente. Ne sachant quoi faire de sa vie et surtout comment la gagner, elle accepte une offre alléchante en Jordanie : devenir entraîneuse personnelle de trois sœurs issues d’une famille riche. (…)

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Cinéma / KinoCulture / KulturLocarno 2024

Locarno 2024 – Piazza Grande : Les Graines du figuier sauvage (The Seed of the Sacred Fig) de Mohammad Rasoulof, un frisson collectif au cœur du festival. Rencontre

Depuis l’arrivée de Mohammad Rasoulof à Locarno, une vague d’émotion déferle sur le festival. À la conférence de presse, une question sur son exil, qui l’a ému alors qu’il y répondait, a bouleversé l’assemblée, provoquant une ovation spontanée. Sur la Piazza Grande, bondée et vibrante, le réalisateur a été accueilli par des acclamations retentissantes. Partout où il passe, des spectateurs∙trices l’arrêtent pour le remercier ou l’encourager, tout aussi touché∙s par son parcours d’homme qui a traversé les montagnes à pieds pour fuir son pays, autant que par son œuvre consacrée. (…)

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