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Berlinale 2019 – Compétition jour #6: Ich War Zuhause, Aber (I Was At Home, But) d’Angela Schanelec – Et nous, nous étions dans la salle, mais…

La question qui se posait depuis six jours : y aurait-il un plus mauvais film en compétition que celui d’ouverture ? La réponse est arrivée ce matin à 9h : oui !

Ich war zuhause, aber (I Was at Home, But)
© Nachmittagfilm

Le plus intéressant dans ce film est certainement le titre qui semble de prime abord original mais fait, selon les propos de la réalisatrice elle-même, directement référence à celui du maître japonais Ozu et son I Was Born, But… (Les gosses de Tokyo, 1932). Le pire dans cette histoire à dormir debout (et ici on parle au premier sens du terme, puisque la projection de presse a été rythmée par les sorties régulières de la salle à mesure que les patiences s’épuisaient, pendant qu’un partie non négligeable de ceux qui restaient en profitaient pour finir leur nuit ou rattraper le sommeil dont manquent cruellement les festivaliers au 6e jour à 9h !) est qu’Angela Schanelec se réfère également au cinéma de Ozu pour expliquer le sien, considérant que « ce qui la rapproche du cinéaste japonais c’est la perception du film comme une antithèse à la réalité, le film étant une invention, une pure forme. »

Le problème ici est qu’elle assène au spectateur pendant 105 minutes d’ennui confinant à un acte de torture cette maxime, prenant de surcroit le spectateur pour le bobet de l’oasis en mettant en abîme cette anti-réalité en évidence physique par des attitudes et mouvements des acteurs d’une rigidité, fixité et artificialité dépassant la limite du concept pour plonger dans le ridicule, et surtout dans l’indigence crasse de ses dialogues. La vacuité totale, doublé d’une vacance de perspective – son laïus se répétant ad nauseam – avec une scène à la logorrhée que l’on ne peut décemment qualifier que de foutage de gueule : le personnage principal fait toute une théorie à son interlocuteur, un jeune réalisateur, sur le mensonge que livre l’acteur dans un rôle versus par exemple quelqu’un de malade en phase terminale pour de vrai et l’impossibilité de représenter la réalité. Elle donne l’exemple d’un film, quand son interlocuteur lui demande la suite, elle répond qu’elle ne sait pas, elle ne l’a pas vu jusqu’au bout. Hahaha. Ceux qui sont encore dans la salle rient, jaune mais rient quand même afin de s’assurer que nous sommes bien là, en réalité, devant ce navet bouffi de prétention, et pas des zombies entrés par mort d’ennui sur la pellicule. Son interlocuteur, au bout de cette loooongue démonstration finit par lui dire qu’elle aurait peut-être mieux fait de regarder jusqu’au bout. Re-hahaha. Nous sommes restés jusqu’au bout, comme d’habitude, mais sans avoir aucune velléité de jugement pour ceux qui ont craqué : tout le monde a ses propres limites de douleurs.

Ah oui, l’histoire – enfin celle qui est indiquée sur le dossier de presse, car même avec beaucoup de bonne volonté, ce n’était pas clair et, au fond, pas très important pour la cinéaste : Phillip, un écolier de treize ans, a disparu sans laisser de traces pendant une semaine. Quand il réapparaît, sa mère est confrontée à des questions qui conduisent à un changement de vision de sa vie.

Rien de pire dans la réalité interpersonnelle que de se retrouver devant une personne qui s’écoute parler ; rien de pire dans le cinéma que de se retrouver devant un écran à regarder un-e cinéaste qui se regarde filmer !

D’ Angela Schanelec ; avec Maren Eggert, Jakob Lassalle, Clara Möller, Franz Rogowski, Lilith Stangenberg, Alan Williams, Jirka Zett, Dane Komljen; Allemagne, Serbie; 2019; 105 minutes.

Malik Berkati, Berlin

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Malik Berkati

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