Biennale d’art flamenco: Séville s’est grandiosement présentée à Paris
Le Palais de Chaillot qui domine la place du Trocadéro, situé en face de la Tour Eiffel a dernièrement accueilli un événement exceptionnel : la quatrième Biennale d’art flamenco et ses artistes hors du commun, perpétuant la longue mais toujours attractive tradition d’une danse, plutôt style musical, né en Andalousie du XVIII siècle et fier de ses multiples et différentes origines : européennes, gitanes, juives, indiennes, arabes…
Ce rendez-vous parisien des “aficionados” a ressemblé des artistes d’horizons et univers très divergents, commençant par David Coria et Ana Morales, magnifiques interprètes devenus chorégraphes inspirés. Eva Yerbabuena, médaille d’Or des Beaux Arts d’Espagne, amadouée du chant angélique de la japonaise Anna Sato, l’a présenté au public parisien qui a aussi accueilli à bras ouverts l’ex- étoile de l’Opéra Garnier, Marie-Agnès Gillot et son partenaire espagnol, le danseur-innovateur, Andreas Marin.
Les spectateurs ont pu voir le parfait ¡ Fandango ! de deux David : Coria et Lagos. Le premier a participé aux chorégraphies de Pilar Lopez, Antonio Gardes ou Medea du Maestro Granero, durant son séjour au Ballet national d’Espagne, avant d’entrer au Ballet flamenco d’Andalousie. Il a collaboré avec les grandes dames de cet art : Rocio Molina ou Rafaela Carrasco. Peaufinant son spectacle Fandango, il s’unit à l’univers musical de David Logos. Ce dernier fut souvent aux côtés du génial Israel Galvan et a apprenis avec lui à accentuer le patrimoine cantaor et le mettre en scène en parallèle de la musique électronique! Ensemble ils créent un unique et très basique concept musical, bien décrit par les mots d’artiste :
Depuis la conquête de l’Amérique jusqu’à aujourd’hui, le afndango dansé ou chanté a couvert plus de 500 ans d’histoire de la musique espagnole et donc du flamenco? Ce n’est pas sans raison que certains considèrent cette danse comme la bande sonore de l’histoire d’Espagne. Ensemble nous allons parcourir l’histoire, la musique, le genre, l’archaïque, la tradition, l’actuel, le futur…quelle différence, au final? le fandango c’est de la musique, c’est de la danse…c’est du flamenco!
Mélange des genres
La très estimée danseuse Ana Morales qui a fait ses premiers pas de chorégraphe cette année à Paris, avec José Manuel Alvarez, en élaborant avec Guilermo Weickert, la mise en scène de son spectacle, intitulé Sin permiso Canciones para el silencio. Avec Alvarez elle a magistralement présenté au public toutes les esthétiques du flamenco. Trois musiciens d’accompagnement ont, de manière virtuose, mélangé musique classique avec de l’électro.
La Espina que quiso ser flor a été réalisée par Carlota Ferrer sous la direction artistique d’Olga Pericet, qui s’est encore une fois imposée en éternelle innovatrice et excellente danseuse principale. Avec ses cinq musiciens et chanteurs choisis parmi les meilleurs, elle a présenté un voyage rêvé, avec une note très personnelle, présenté comme de magnifiques et colorés tableaux d’un maître inconnu.
Le numéro sophistiqué d’Eva Yerbabuena nommé Cuentos de Azucar a eu comme invitée spéciale la chanteuse classique Anna Sato, venue du Japon. Deux interprètes ont voyagé jusqu’aux îles Amami pour découvrir les musiques traditionnelles et leur spectacle montré à Paris a été une réunion réussie de danse espagnole et d’ancien chant d’extrême Orient. Sato a répondu pleinement au chant flamenco d’Alfredo Tejada et José Valencia. Le tambour japonais de Kaoru Wantanabe a naturellement rejoint la batterie d’Antonio Coronel et les percussions de Rafael Heredia.
L’artiste associée à Chaillot, Rocio Molina a enthousiasmée les Parisiens avec une performance inattendue appelée Impulsio, présentant durant trois heures avec de nombreux artistes d’autres disciplines, un véritable laboratoire de flamenco contemporain. Étape importante dans la création d’un numéro spécial qui sera montré en Espagne, au mois de mai.
Magma, la présentation de Marie-Agnès Gillot et Andréas Marin, entourés du batteur Didier Ambact et du contrebassiste Bruno Chevillon, a exploité le rapport entre flamenco et la danse classique.
Djenana Mujadzic
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