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Cannes 2024 : Deux films hors compétition projetés dans le cadre de minuit à Cannes, sauce piment, gore, thriller et fantastique !

De The Surfer et sa plage de réflexion proposée aux spectateurs des séances de minuit, le vendredi 17 mai 2024, au Grand Théâtre Lumière du Palais des Festivals avec le film Les Femmes au balcon, projeté le samedi 18 mai 2024, toujours aux séances de minuit, un pas de plus dans l’obscurité du thriller, du fantasque et du gore se monte sur le tapis rouge sang de nos psychismes, de la spéculation et des délibérations de notre conscience sur des sujets comme le viol et des violences faites aux femmes – pour Les Femmes au balcon – liant et soumettant ces deux films forts au jugement de notre introspection.

The Surfer

The Surfer, de Lorcan Finnegan, est un film australo-irlandais à l’ambiance incroyablement glauque, pesante, hystérique, se délectant de l’horreur et du thriller psychologique, avec une descente détaillée aux enfers du personnage de Nicolas Cage (époustouflant) face à une secte qui a pris possession de sa plage d’enfance où il surfait en Australie…

— Nicolas Cage – The Surfer
Image courtoisie Festival de Cannes

«Un Cage en cage »  dans un huis clos à ciel ouvert, en bordure de mer, de son mystérieux passé, de son entêtement à rester dans un lieu colonisé par des fanatiques sadiques endoctrinés par un chef mégalo qui a enrôlé dans la folie de sa secte, le flic, l’agent immobilier, et tous les habitants alentours. Le personnage de Nicolas Cage qui n’abandonnera pas sa plage pour se soumettre à ce tribalisme infernal qui le mettra à terre, à genoux, en sang, sans jamais que ce dernier n’abdique, dans une « loi du seul contre tous », du courage d’un homme dépossédé par des « gens possédés » vivant dans un autre monde : On lui ôte tout, petit à petit, de ses lunettes, sa montre, sa voiture, à sa vie d’avant, mais durant presque tout le film, il ne cèdera jamais face au sadisme de ces aliénés, le rendant pourtant « clodo de la plage » mordu par des rats et des chiens, cette plage où il restera coûte que coûte quitte à vivre la torture, car on veut autant le soumettre que le faire partir. Et lui restera et résistera… jusqu’à… chut !

Certaines personnes sont parties de la salle des Lumières du Palais des Festivals, épouvantées par certaines scènes.

Nous, nous sommes restés pour savoir pourquoi le rôle de Nicolas Cage accepte ce sadisme à outrance : ne pas rendre sa plage à des fous furieux capables de marquer les membres de leur tribu au fer rouge, avec les incantations : surfer / souffrir ?
Un long métrage allégorique et suffocant, entre fantastique et thriller, entre un Cyrano de plus en plus affaibli, mais d’un courage sans nom, et un Robinson Crusoé, livré à lui-même, à la vie de sa plage, à la nourriture qu’elle peut offrir n’ayant plus rien que des œufs d’oiseaux, des rats et les poubelles de ses occupants à manger, et à la cruauté de la bande contre laquelle il se battra seul contre tous (ou presque).
On aime le courage de cet homme qui ne lâche rien.
Un film étonnant qui secoue visuellement et ne fait pas que surfer sur notre psychisme… Il le renversera comme une lame de fond. Âmes sensibles s’abstenir.

Les Femmes au balcon

Les Femmes au Balcon, de et avec Noémie Merlant, récemment césarisée en France comme Meilleure actrice dans un second rôle pour le film L’Innocent de Louis Garrel.
Avec Noémie Merlant, Souheila Yacoub, Sanda Codreanu, Nadège Beausson-Diagne, Lucas Bravo, ce film, principalement en huis clos, grouille pourtant de monde sur des balcons de la Cité Phocéenne de scènes XXL de couleurs, d’outrance, de violence, de nudité, d’érotisme, de passages loufoques, graves, hyper gores, principalement pour dénoncer le viol (que l’on ne voit pas), sur l’une des trois femmes du film, parmi lesquelles une écrivaine, une actrice, une call-girl, en colocation dans un appartement de Marseille… et qui vont se faire justice elles-mêmes !

— Souheila Yacoub, Sanda Codreanu et Noémie Merlant – Les Femmes au balcon
Image courtoisie Festival de Cannes

Une justice rocambolesque faite d’une escalade de situations de plus en plus « gorissimes », avec des références aux films Le Père Noël est une ordure (de Jean-Marie Poiré, 1982) Petits meutres entre amis (de Danny Boyle, 1994) ou Ghost (de Jerry Zucker, 1990), avec les conversations entre le mort, ex-violeur, et l’écrivaine, éprise de ce dernier, au début du film, trouvant depuis son balcon, ce voisin d’en face beau comme un Dieu et qui l’inspire pour son roman naissant !

Spécial (un peu trop pour la clarté du message de fond ?), on adore ou déteste les multiples univers de ce film libre de toute morale et de tout de ce que n’a pas voulu taire Noémie Merlant, jouant impeccablement, comme toutes les actrices du film. Grotesque ? Parfois… peut-être. Voulu, sans aucun doute : il fallait marquer les esprits.

À voir, si et seulement si les spectateurs, spectatrices sont prévenu·es que ce film aux trois « s » — sexe, sang, et solidarité féminine — et au point G de Gore, est parfois dur à regarder, pour l’ultra liberté de ton et de tournage, le mélange d’univers délirant et délivrant des messages coup de poing sur les violeurs et une justice faite par des femmes en légitime défense ou épuisées de subir les coups de leurs conjoints, quand cette justice ne s’applique pas sur les hommes qui les battent ou les violent.

Un nouveau cas dans l’actualité récente en France trouve écho dans le film de Noémie Merlant : un homme a écrasé sa compagne qu’il battait, alors qu’il venait d’être condamné à 8 mois de prison pour violence sur celle-ci, devait porter un bracelet électronique, qu’il n’avait pas encore – après prononciation de sa peine – au moment où il a percuté volontairement et mortellement sa compagne en voiture.

Pour en revenir au film, âmes peu à très sensibles s’abstenir (l’écrivaine va jusqu’à recoudre le sexe arraché, conservé au frigo, sur le violeur mort…).

Deux films osés, gores et fantasques, aux messages marqués dans un univers indocile pour les nerfs des spectateurs qui, après le choc, trouveront leurs propres réponses et interprétations à ces deux longs métrages projetés au Festival de Cannes.

Florence Signoret, Cannes

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Florence Signoret

Journaliste / Journalist (basée à Marseille)

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