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Incroyable mais vrai – La comédie la plus grand public de Quentin Dupieux

Considéré comme le maître contemporain français de l’absurde, Quentin Dupieux sort en 2022 deux films, Fumer fait tousser, présenté en Première à Cannes et Incroyable mais vrai, présenté en Première à la Berlinale. Pour chacun de ses films, il est expressément demandé à la presse de réduire la voilure de dévoilement de l’histoire, chose compréhensible, le cinéma de Dupieux jouant sur les emboîtements de comique de situation.

— Alain Chabat et Léa Drucker – Incroyable mais vrai
Image courtoisie Praesens-Film

Le film tourne autour de deux couples aux dynamiques opposées : Alain (Alain Chabat) et Marie (Marie Drucker), au mitan de la vie, font partie de la classe moyenne, ils emménagent dans un pavillon de banlieue des plus communs, si ce n’était cet étrange trou dans la cave. L’agent immobilier (Stéphane Pezerat) leur vend, tel un animateur de télé-achat qui met 10 minutes à expliquer quel est le clou du produit, ce trou comme une plus-value fantastique à la maison. L’autre couple est formé du chef d’Alain, Gégé, un m’as-tu-vu de première ligue, beauf à souhait, avec son amie Jeanne (Anaïs Demoustier), plus jeune que lui et propriétaire d’un magasin de lingerie. À la pendaison de crémaillère, Gégé et Jeanne ont quelque chose d’extraordinaire à révéler à leurs amis : cela leur prendra de longues minutes, se perdant dans des embrouillaminis hilarants. Les deux bizarreries qui accompagnent désormais la vie de ces quatre protagonistes vont être la source d’une perte de contrôle totale sur le cours des choses.

Le cinéaste maintient en haleine son public, non pas tant par les twists permanents du scénario qui reste somme toute assez prévisible, mais par son sens des dialogues, des punchlines, et de sa direction de jeu. Les actrices et acteurs semblent toujours prendre un plaisir infini à entrer de plain-pied dans le monde loufoque de Dupieux, et à y revenir, comme Alain Chabat (Réalité, 2014) et Anaïs Demoustier (Au poste, 2018). La distribution d’Incroyable mais vrai ne fait pas exception : Alain Chabat, parfait placide, Léa Drucker qui développe avec naturel un comportement obsessif, Anaïs Demoustier en pimbêche revencharde, mais c’est le talent de Benoît Magimel – un acteur à l’affiche de nombreux films ces deux dernières années qui semble se bonifier avec le temps et trouver un deuxième souffle dans sa carrière – qui explose dans cette comédie.

Quentin Dupieux livre ici un film probablement réussi pour ce qu’il veut être, un très bon divertissement qui joue sur les ressorts de l’autoréflexion – dommage cependant qu’il n’aille pas au bout de ses excellentes idées de mise en scène radicale de nos travers de société d’apparence et que le scénario soit bâclé sur la fin, le réalisateur ne sachant visiblement pas comment terminer sa farce critique envers un monde gonflé aux artifices qui vit en accéléré.

De Quentin Dupieux; avec Alain Chabat, Léa Drucker, Benoît Magimel, Anaïs Demoustier, Stéphane Pezerat; 2022 ; France, Belgique ; 74 minutes.

Ici la critique j:mag en allemand (Harald Ringel) lors de la Berlinale 2022

Sortie sur les écrans romands : 15 juin 2022

Malik Berkati

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