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L’Université de Genève s’engage à réduire ses émissions de CO₂ en revoyant sa politique de mobilité

Pour qui a déjà lu les romans de l’écrivain britannique David Lodge, qui dépeint avec minutie et causticité la comédie humaine du petit monde académique qui se révèle particulièrement lors des nombreux colloques et séminaires auxquels les universitaires se rendent, il ne sera pas étonnant d’apprendre que la mobilité de l’UNIGE engendre 4000 déplacements en avion par année avec un impact sur l’environnement non négligeable.

© UNIGE Jeremy Maggioni

Certes la mobilité académique est cruciale pour la qualité de la recherche et de l’enseignement, mais des solutions alternatives pour un certain nombre de ces déplacements existent. L’Université de Genève en a pris conscience et s’engage à diminuer de 50% de ses émissions de CO₂ dues aux transports aériens à l’horizon 2030, l’idée étant de privilégier les vidéo-conférences, renoncer à l’avion pour les destinations accessibles en moins de quatre heures de train, compenser les émissions carbone ne pouvant être évitées et faire office de relais d’informations auprès de la communauté universitaire sur ce sujet.

Informer et responsabiliser la communauté universitaire sur l’impact environnemental des déplacements aériens et sur les moyens à disposition pour réduire et remplacer les vols par des moyens de transports moins polluants est le fondement de notre politique

explique Fabrice Calame, responsable des objectifs de développement durable au rectorat. Pour ce faire, l’UNIGE se dote des outils nécessaires au suivi de sa consommation dès septembre 2019.

Écrire des rapports scientifiques, c’est nécessaire, agir selon ses propres recommandations aussi

Le monde académique joue un rôle crucial en regard des défis environnementaux majeurs de ce siècle. Par son expertise et la qualité de ses recherches, la communauté scientifique atteste de la réalité du changement climatique et de ses causes. Elle fournit ainsi l’information nécessaire aux responsables des politiques publiques et est active dans la recherche de solutions dans un dialogue constant avec la cité. Mais elle doit aussi s’interroger sur son propre fonctionnement et remettre en cause certaines de ses pratiques, c’est le sens de la politique que nous mettons en œuvre

explique Yves Flückiger, Recteur de l’UNIGE.

— Yves Flückiger, recteur de l’Université de Genève
© UNIGE Lionel Flusin

Ces enjeux sont largement partagés parmi les responsables des Universités suisses. La problématique des déplacements professionnels a par exemple été récemment discutée au sein du Triangle Azur qui regroupe les Universités de Lausanne, Neuchâtel et Genève.

Les déplacements en avion représentent environ la moitié des émissions de CO2 d’une grande université, notre impact et notre capacité d’action dans ce domaine sont décisifs. Les récentes mobilisations des jeunes, les événements climatiques et les rapports scientifiques solides encouragent à prendre des mesures rapides et fortes. Nous faisons le choix d’une politique évolutive et réfléchie mais avec un impact réel, aujourd’hui et sur le long terme

souligne Jean-Marc Triscone, vice-recteur en charge des objectifs de développement durable.

Parmi les actions incitatives, la vidéo-conférence joue un rôle important.

Nous allons étendre notre offre de salles de vidéo-conférence, tout en modernisant nos installations et en veillant à leur compatibilité avec celles de nos partenaires

appuie Fabrice Calame. Cette participation à distance est d’ores et déjà reconnue comme une présence valide lors de séances de direction, de défenses de thèse ou encore de commissions de nominations.

Dès la rentrée académique 2020, des actions limitatives sont également prévues, comme l’interdiction de prendre l’avion, sans raison impérative, pour les destinations accessibles en train en moins de quatre heures ou d’assister à une conférence sans participation «active» à celle-ci.

De plus, la classe économique sera la règle en Europe, Afrique du Nord ou Moyen-Orient, alors que pour les voyages en train, la première classe sera accessible à toutes et tous pour tout trajet au-delà de quatre heures

continue Fabrice Calame. Un programme interne de compensation des émissions de CO2 sera mis en place sous forme de taxe complémentaire sur les billets d’avion. La compensation ne représentera cependant qu’une part minoritaire de l’objectif de réduction.

Cette nouvelle politique encadre tous les déplacements professionnels recensés au sein de l’UNIGE. Dès sa mise en œuvre complète, une veille sera organisée pour évaluer l’évolution des émissions du secteur aérien par kilomètre, ainsi que l’évolution des techniques et projets de compensation. De même, l’efficacité des mesures en termes de réduction du CO₂ sera évaluée annuellement.

Malik Berkati

La Trilogie de Rummidge, emblématique du monde universitaire brossé par David Lodge est disponible aux  Éditions Payot & Rivages: Changement de décor, Un tout petit monde, Jeu de société.

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