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Youth Topia de Dennis Stormer et Marisa Meier, Prix du meilleur film dans la catégorie jeunesse au 31e FilmFestival de Cottbus – Rencontre avec Marisa Meier

Après sa Première au Festival du Film de Zurich (ZFF), couronnée par le très convoité Prix du public, le film co-écrit, co-produit  par la Suissesse Marisa Meier et l’Allemand Dennis Stormer, réalisé par ce dernier, a remporté le Prix du meilleur film jeunesse de Cottbus et c’est réjouissant. Car loin du genre conventionnel coming-of-age (passage à l’âge adulte), Youth Topia explore cinématographiquement et narrativement une autre façon d’appréhender cette période de la vie et de s’adresser à son public. De l’audace, une vision, une énergie, voilà ce que nous proposent les deux créateur.trices de ce film inclassable qui se décline en outre par une websérie non-linéaire qui permet de retrouver les personnages sur Instagram dans de courtes vidéos.

Youth Topia de Dennis Stormer et Marisa Meier
© tellfilm GmbH

Les habitants de la mystérieuse ville de Valpolvra vivent en permanence sous le regard de l’algorithme qui édicte les étapes de leur vie. Un groupe de jeunes vit en marge, refusant cette optimisation de la vie ; ils postent des vidéos qui détruisent leur réputation en ligne, empêchant ainsi l’algorithme de les faire passer dans le monde des adultes. Un jour, cependant, un de leurs amis, Michael (Nadim Ben Saïd), reçoit une nouvelle qu’il vient fêter avec le groupe : «  l’algorithme m’a trouvé un travail ! Enfin le monde des adultes ! » Le groupe de jeunes est composé d’individus totalement réfractaires à ce monde des adultes alors que d’autres sont plus ambivalents. Comme tout adolescent.e, certain.es se cherchent, aspirent à autre chose, à avancer dans la vie, tout en ayant peur de perdre au passage le sentiment de liberté, d’appartenance. Wanja (Lia von Blarer) fait partie de cette catégorie alors que son ami Soeren (Saladin Dellers) voudrait bien devenir adulte mais ne sait pas trop comment faire ! Un jour, quelqu’un sonne à la porte du père de Wanja, Jochen (Nicolas Rosat), et s’exclame quand elle ouvre : « Félicitations, l’algorithme t’a choisie pour être assistante de création dans un bureau d’architecte ! » Rétive au début, elle décide de tenter l’expérience qui ne lui déplaît pas, l’algorithme ayant manifestement bien fait ses calculs de job de rêve.

Lia von Blarer est époustouflante dans ce rôle de Wanja, capable de jouer l’adolescente tout feu tout flamme comme la jeune adulte réfléchie, en équilibre constant sur le fil ténu de la vraisemblance dans ces deux registres. La jeune femme, maintenant responsable, vit dans un appartement immaculé, poursuit une relation aseptisée avec Lukas (Timon Kiefer) et travaille dans un environnement parfait mais dénué de tout souffle créatif. Ses ami.es lui manquent, on sent en elle la nostalgie de cette vie en communauté et, quand elle est assignée au projet de création de La maison de la jeunesse éternelle, elle tente de faire lien entre les deux mondes.

Le projet de Dennis Stormer et Marisa Meier engage le public dans une réflexion propre sur le sens des temps de la vie – l’adolescence comme l’âge adulte ne sont pas idéalisés, à chacun.e de trouver sa voie et son équilibre et, pourquoi pas, aller et venir dans ces temps de vie, comme le père de Wanja, à l’instar de quelqu’un en pleine crise de la cinquantaine, qui redevient ado, ou Lukas qui malgré sa jeunesse envie Wanja, car lui s’est toujours senti adulte. Les termes sont posés : liberté, responsabilité, individualisme, communauté, normativité. Dans Youth Topia, ces valeurs s’entrechoquent sans s’annihiler : comme pour tout dans la vie, c’est souvent dans le dosage que l’on peut se faire une juste idée des choses qui sont bonnes pour soi. En revanche, les deux auteur.es exposent une vision critique du tout technologique qui enferme, voire contrôle les gens, ainsi qu’un état de fait implacable sur l’état de notre environnement. C’est dans l’air du temps, mais cela mérite d’être, à chaque occasion, souligné; du temps précisément, il n’en reste pas beaucoup pour limiter les dégâts. À cet égard, une phrase imparable d’un des éternels adolescents, Maul (Jürg Plüss) :

« ce que j’ai trouvé le plus incroyable quand l’algorithme est arrivé, c’est que tout le monde a fait avec. »

Rencontre avec Marisa Meier

Votre film est couplé avec une websérie non-linéaire, qu’entendez-vous par là ?

Tou.tes les actrices et acteurs ont reçu un Smartphone sur le tournage et ont produit du contenu. Chaque personnage à un compte Instagram sur lequel il poste du contenu. Ces personnages sont notre lien avec la réalité mais c’est non-linéaire dans le sens où il n’y a pas une ligne narrative. L’idée est d’associer l’univers du film à la réalité. On reçoit parfois des commentaires drôles, tels que « où vivez-vous ? », « j’aimerais aussi faire partie de votre communauté », etc. C’était une expérience et c’est ce qui nous a aussi permis de remporter le Prix Fast Track en 2018 (Fondation du Film de Zurich ; N.D.A.) qui ne promeut que des projets innovants.

Les deux mondes décrits ne sont pas idéaux. Ce qui est intéressant, c’est votre façon de les représenter visuellement : l’un, celui des jeunes, en format carré, celui des téléphones, et l’autre, celui des adultes, en format scope. Le premier est censé représenté la liberté, la couleur saturée à l’extrême, dépeint un monde désordonné, où les corps de mélangent, et l’autre, avec un plus large horizon mais où tout est géométrique, les couleurs sont froides, les gens à distance…

Je réponds ici en tant que productrice et pas comme directrice de la photographie, peut-être que le chef op aurait une autre réponse (rires). Le scope est le format standard que nous regardons au cinéma; c’est l’image conventionnelle. Nous sommes habitué.es à cet ordre, ce schéma de clarté;  l’autre formot est plutôt un renvoi à celui d’un téléphone que les jeunes regardent continuellement, avec des contenus qui ne sont pas fignolées. Bien sûr, pour des blockbusters ils aiment que les choses soient parfaitement maîtrisées, mais ils n’ont pas forcément ce besoin quand ils regardent des vidéos sur YouTube, Instagram, TikTok. Ces contenus sont produits de manière un peu brute, ils jouent avec des filtres qui ne sont pas non plus parfaits.

La phrase de Maul sur le fait que l’on laisse le pouvoir à l’algorithme est tellement vraie puisque tous les jours, on le fait un peu plus. Ces jeunes critiques l’algorithme mais en même temps, sont tout le temps en train de poster sur Internet. Il y a cette ambivalence, ils savent que c’est fou, mais ne s’en passent pas…

Ces jeunes vivent dans ce monde et ne rejette pas les médias sociaux, ils jouent avec. Ils vivent aussi de cette attention, des likes, des commentaires, mais au contraire de ceux qui utilisent l’algorithme de manière utilitaire, ils postent des contenus complètement destructifs. C’est intéressant de constater que dans notre société, il y a une folie de l’optimisation. Le plus souvent, les gens ne postent du contenu les concernant que sous sa meilleure forme. Il existe des comptes qui célèbrent l’opposé, mais sans que cela ne mette directement leur réputation en danger. Une des raisons pour laquelle les jeunes du film ne se voient proposer aucun travail est que leur profil en ligne ressemble à une déchèterie et qu’en plus cela les amuse, ils sont dans la provocation. Quand le père poste un comportement irresponsable, il redevient adolescent, mais Michael dit à sa fille de ne pas trop s’inquiéter car dès qu’il repostera du contenu qui montre qu’il fait des efforts, tout rentrera dans l’ordre. Maul de son côté représente un caractère très intéressant : on a tourné en 2019, il n’y avait pas encore le problème du Covid, mais il comportait déjà des traits d’un adepte de théories du complot, il n’a confiance en personne. Sa phrase prend à présent encore plus de sens : sa critique est que nous ne comprenons pas les conséquences que cela a sur nos vies. Même s’il ne se coupe pas de ces outils, c’est celui qui vit le plus offline. L’idée de ces jeunes est de briser le système en l’utilisant.

Comme dans la vie, dans le film il y a une pression constante sur les jeunes pour devenir adultes, ils n’ont pas le temps de savoir qui ils sont, ce qu’ils veulent devenir…

Dennis et moi ne sommes plus considérés comme jeunes (rires) et nous avons écrit ce scénario avec une certaine nostalgie de cette période dans laquelle nous ne sommes plus. Nous avons bien sûr beaucoup discuté avec des jeunes, surtout pendant le processus de casting. Cela a beaucoup nourri le contenu du film. Il y a effectivement une grande pression et j’ai moi-même l’impression que lorsque j’étais adolescente (Marisa Meier a 29 ans ; N.D.A.), il y avait plus de tolérance pour les comportements un peu destructifs comme se saouler, fumer des joints, être simplement paresseux ; à présent les jeunes gens vont dans des salles de sport, cherchent à devenir influenceurs, à lisser leur comportement, à l’optimiser; ou par exemple les jeunes de Fridays For Future qui prennent des responsabilités. C’est intéressant de voir que parfois la génération des boomers se comporte de manière plus adolescente que les adolescents, car les boomers sont économiquement la génération la plus solide, ils peuvent se permettre beaucoup de choses alors que les jeunes, eux, doivent se poser la question de comment va être fait leur avenir. Ce renversement générationnel est passionnant à observer.

Justement le climat et l’environnement sont des thèmes que vous abordez dans Youth Topia. On a l’impression que les adultes font du éco-blanchiment sans se poser vraiment de questions : le père vend sa maison pour aider à former la montagne réfléchissante parce qu’on lui dit que c’est pour le climat mais il ne s’implique pas plus que cela dans la réflexion. Il y a aussi cette scène au bord de la rivière emplie de déchets plastiques…

Dans le film, on ne voulait pas montrer des gentils et des méchants. C’était important que les adultes fassent aussi des choses qui vont dans le bon sens, qui sont bonnes pour le climat. Peut-être que d’essayer de former cet ersatz d’Arctique est bien. Il y a une conscience que l’on vit dans un monde plein de plastiques, de déchets, mais les jeunes y participent aussi avec par exemple toutes ces boissons énergisantes qu’ils ingurgitent et qui ne sont pas bonnes ni pour eux ni pour l’environnement, tout comme leur façon de manger.

Dans le film, il y a cette notion de liberté qui revient constamment, mais comme pour chaque génération de jeunes gens vis-à-vis de la société, je dirais. Ne serait-ce pas ici plutôt une question normative ?

Je pense aussi que c’est une pression qui est faite sur les jeunes : à partir d’un certain âge, il faut devenir adulte. On joue avec cette conception dans l’univers du film. On voulait questionner la notion de l’âge dans la société car je la trouve à de nombreux égards absurde. Ce qui ne fait pas sens ou qui ne poursuit pas de grands objectifs est, dans le film comme dans notre société, mal considéré. Nous vivons sur une échelle de carrière mais aussi à travers des relations et la question qui revient est : quel est l’étape suivante ? Quand emménagez-vous ensemble, quand aurez-vous des enfants ? Il y a bien sûr des modèles qui rompent avec cette ligne, qui la questionnent. Mais pour moi, il est difficile de me libérer de « cette prochaine étape », de ce qu’il advient dans cette norme. Youth Topia raconte une génération qui ressent que le simple fait d’être dans ce monde est déjà satisfaisant, peut-être plus que la recherche pure du bonheur.

La notion de liberté vs. la responsabilité est quelque chose qui revient souvent, mais ces deux notions sont-elles vraiment antinomiques ?

C’est une question hautement philosophique (rires). En fait, ce n’est pas tant la liberté qui est le sujet dans Youth Topia que la communauté. Avec Dennis, nous nous voyons comme des personnes individualistes. Cependant, nous avons remarqué est que si on fait partie d’une communauté cela peut aussi être très intense. Je suis allée six mois en Palestine lors d’un programme d’échange, c’était la première fois que j’allais dans un pays arabe et j’ai vu l’importance de la famille dans la vie des gens. Je ne veux absolument pas encenser les choses, il y a aussi de nombreuses contraintes, mais le fait que l’on puisse compter sur les gens est une belle chose, cette cohésion sociale porte en elle une incroyable force. Dans le monde occidental, tout est organisé pour que l’on puisse vivre son quotidien seul.e, même si on est handicapé.e. D’un côté cela offre une liberté, mais est-ce que cela est vraiment souhaitable ? Est-ce que ce n’est pas aussi bien d’y aller plus doucement mais d’y aller ensemble ? Est-ce qu’une certaine dépendance porte en elle aussi une valeur ? Ce sont les questions fondamentales que nous nous sommes posées. La fin du film un peu kitsch est voulue et penche vers une tendance mais elle reste ouverte, nous ne tranchons pas. Le chemin dans la réalité est toujours un équilibre à trouver, mais notre objectif est de poser ces questions et permettre au public d’y réfléchir encore après la projection.

La relation entre Wanja et Lukas est intéressante par son mode de communication quasi inexistant et lorsque survient la grossesse, les deux ne savent pas trop comment gérer cette nouvelle étape…

Wanja en devenant de plus en plus adulte se confronte aux sujets de ce monde. Pour nous, le summum de l’état d’adulte est de prendre la responsabilité d’un autre être, son propre enfant. Dans notre processus dramaturgique, attendre un enfant est la traduction du pic de sa transformation. Cette relation avec Lukas n’est pas romantique mais individualiste. Chacun.e fait ce qu’il.elle veut, on n’a pas d’obligations, on ne se lie pas fermement, on choisit le temps que l’on partage, il n’y a pas un besoin d’être ensemble tout le temps. Chez Lukas, cette grossesse déclenche une interrogation existentielle : il se dit qu’il ne peut plus revenir en arrière, que  la porte sur la jeunesse se ferme définitivement. Ce qui le fascine en Wanja, c’est justement cette jeunesse qui pointe en elle, ce sentiment qu’il n’a visiblement jamais vraiment vécu. Mais il finit par se décider pour l’étape d’après alors que pour Wanja, la décision est aussi conditionnée par sa propre relation avec ses parents, sa mère par exemple qui vit loin car elle s’est consacrée à sa carrière. Wanja vient de devenir adulte, elle n’est pas encore tout à fait consciente des conséquences de ses choix.

— Lia von Blarer – Youth Topia
© tellfilm GmbH

Lia von Blarer est formidable dans son rôle de Wanja, capable de jouer l’ambivalence, elle est toujours sur la corde, elle cherche l’équilibre entre les deux mondes. Le personnage est très bien écrit mais surtout très bien interprété. Comment avez-vous choisi cette actrice ?

Dennis avait rencontré Lia von Blarer lors d’un festival à Rostock et ils se sont restés en contact. Nous savions que nous allions tourner en Suisse et que nous allions avoir une distribution d’acteurs et actrices suisses, Dennis m’a alors proposé de rencontrer Lia et nous nous sommes très bien entendues. Lorsque nous avons débuté le processus de casting, nous avons invité un grand nombre d’actrices et d’acteurs à Zurich, pour certain.es peu connu.es, et avons procédé par groupes avec différentes constellations ; Lia était présente dans chaque groupe. Elle jouait Wanja mais aussi parfois Greta car elle connaissait le scénario. Pendant le processus, il est apparu avec évidence qu’elle devait être Wanja. Il y avait bien sûr un scénario, mais on a laissé beaucoup de place à l’improvisation. Chacun.e était encouragé à participer, pas seulement par rapport à l’histoire mais aussi pour les habits, les accessoires. On voulait aussi questionner la hiérarchie classique d’un tournage de film, que ce ne soit pas le réalisateur ou la productrice qui décide de tout mais que cela soit le fruit d’un collectif. Lia s’est beaucoup investie sur cet aspect, elle a aussi mis beaucoup d’elle-même dans le personnage. Cela a été un très beau tournage pour moi car j’ai remarqué que les gens travaillent différemment quand ils ont la possibilité de prendre des responsabilités, qu’ils jouissent d’une certaine liberté, qu’ils se sentent écoutés. Ce travail collectif a beaucoup nourri le film.

Vous avez beaucoup répété ?

On s’est réunit pendant une semaine en Hesse, là où les scènes de la grange ont été tournées, pour que les actrices et acteurs fassent connaissance et que l’on puisse créer une dynamique de groupe. Il y a avait déjà la caméra, mais aussi les Smartphones que nous leur avions procurés à chacun.e pour créer du contenu. Nous n’avons tourné que 16 jours, ce qui est très peu pour un film de 90 minutes, mais grâce à ces contenus additionnels nous avions beaucoup de matériel, environ 8 heures, dont nous ne connaissions pas la teneur. On y a découvert de vraies pépites que nous avons intégrées au film.

Vous avez tourné en Suisse et en Allemagne.

Oui, en Hesse, près du Mont Kali (Kaliberg, un terril  de sel de 500 mètres de hauteur ; N.D.A.). Nous savions dès le début que nous voulions tourner là car cette montagne apparaît de manière tellement absurde au milieu de ce paysage, on a l’impression que quelqu’un l’a dessinée et placée au milieu. C’était la transcription visuelle idéale de notre matériel narratif : c’est notre monde mais d’une certaine manière pas totalement. Pour évoquer le déplacement de la réalité, cette montagne artificielle était le symbole visuel parfait. Le reste, a été tourné à Zurich.  

Comment les jeunes que vous avez rencontrés lors des projections ont réagi au film ?

Il y a de grandes différences comment l’industrie voit le film et comment le public le regarde. Je l’ai envoyé à des distributeurs et festivals et au début, les gens ne savaient pas quoi en penser, quoi en faire. Je crois que quand on le regarde seul en un mode de travail, cela ne fonctionne pas vraiment. Dans une pièce avec plusieurs personnes, le film résonne de manière impressionnante. L’âge ne joue pas vraiment un rôle car il y a un mélange équilibré dans le public. Par exemple, mon institutrice d’école primaire à la retraite a vu le film à une projection Zurich et m’a dit qu’elle n’a pas tout compris, car certaines choses ne la concernent pas, mais qu’elle avait saisi le cœur du sujet qui l’avait extrêmement touché. Le Prix de Cottbus est la plus belle chose qui pouvait arriver car nous ne voulions pas faire un film sur les jeunes mais un film pour les jeunes. Dans l’industrie cinématographique, faire un film pour les jeunes est considéré comme difficile car ils ne vont plus au cinéma, mais nous croyons que c’est possible dans la mesure où nous leur proposons quelque chose qui leur parle. L’impression que j’ai eue lors des projections est qu’ils s’y retrouvent un peu. S’ils trouvent ce film pertinent, c’est que nous avons atteint notre objectif !

Comment s’est fait le financement, ce n’est pas simple pour un tel projet ?

Non, effectivement. Au début, nous voulions en faire notre film de fin d’études à l’Akademie (Filmakademie Baden-Württemberg; N.D.A.) en suivant le parcours classique en Allemagne avec les financements par les chaînes de télévision ; nous nous sommes très vite aperçus que notre contenu ne fonctionnait pas du tout auprès des chaînes. On a développé le projet après le diplôme pour en faire un premier film. Nous avons remporté en 2018 le Prix Fast Track qui nous a mis le pied à l’étrier. Ce Prix permet de recevoir 80 % du budget au préalable défini d’un film, le nôtre étant de 400’000 francs suisses ; après nous avons un an pour trouver les 20 % restants, ce qui permet de débuter rapidement un tournage. Le plus grand défi était de tourner avec un budget aussi petit. Nous avons toutes et tous eu le même salaire, cela faisait partie de la stratégie de financement et du concept de communauté – je trouve cela très beau et juste et aimerait continuer dans cette voie. Cela participe à ce questionnement sur la hiérarchie sur les plateaux de tournage et quel est le résultat si on faisait autrement. Pour nous, cela a parfaitement fonctionné. Nous avons aussi reçu des fonds du land de Hesse car nous tournions là-bas, nous avons trouvé des partenaires de co-production formidables, très enthousiastes, et avec Dennis, nous avons créé une société de production pour ce film afin d’accompagner notre projet en tant que productrice et producteur.

De Dennis Stormer et Marisa Meier; avec Lia von Blarer, Saladin Dellers, Lou Haltinner, Jürg Plüss, Elsa Langnäse, Timon Kiefer, Regula Imboden, Nicolas Rosat, Sabrina Tannen, Nadim Ben Saïd ; Suisse, Allemagne ; 2021 ; 85 minutes.

Malik Berkati, Cottbus

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Malik Berkati

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