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[Audio] L’intrusa de Leonardo di Costanzo invite les spectateurs à côtoyer les victimes de la Camorra

Naples, de nos jours : Giovanna, travailleuse sociale sexagénaire fait face à une criminalité omniprésente. Elle gère un centre qui s’occupe d’enfants défavorisés et offre ainsi une alternative à la domination mafieuse de la ville. Un jour, l’épouse d’un criminel impitoyable de la Camorra, la jeune Maria, en fuite avec ses deux enfants, se réfugie dans ce centre. Lorsqu’elle demande à Giovanna sa protection,  la travailleuse sociale se retrouve confrontée, telle une Antigone moderne, à un dilemme moral qui menace de détruire son travail et sa vie. Décidée à arracher le plus de monde possible aux enfers, Giovanna est porté à l’écran par Raffaella Giordano, danseuse et chorégraphe.

L’intrusa rappelle A Ciambra de Jonas Carpignano et Gomorra réalisé par Matteo Garrone. En tant que candidat italien pour les prochains Oscars dans la course au meilleur film en langue étrangère, le film de Leonardo di Costanzo confirme une tendance du cinéma italien actuel à redécouvrir la force du réalisme dans des films de fiction.

Le réalisateur napolitain s’est souvent intéressé aux gens qui vouent leur vie à la médiation sociale, et qui, de par l’endroit où ils vivent, offrent un point de vue privilégié, en immersion, pour raconter un quartier, une ville ou une société dans un contexte historique particulier. Le cinéaste  avait déjà abordé cette thématique dans L’intervallo en 2012. Le scénario du film a été écrit au cours d’une longue période de recherches, d’observations et de rencontres avec les personnes et les groupes qui travaillent dans le centre de Naples et dans sa périphérie mais Leonardo Di Costanzo souline que « si la Camorra est présente dans le film, L’Intrusa n’est pas un long métrage consacré à cette mafia, mais aux personnes qui vivent avec cette réalité. »

— Leonardo di Costanzo
© Firouz Pillet

Le cinéma de Leonardo Di Costanzo remet les spectateurs en question, les contraint à poser des questions car Di Costanzo est un excellent documentariste et applique ici le procédé de l’investigation passionnée et en profondeur d’un sujet, travaillant avec la passion de l’artisan. Son film, fruit d’un très long travail d’écriture et de répétition avec les acteurs. en tant que non-professionnels, immerge le public aux côtés des protagonistes dans son deuxième long non documentaire.

Venu présenter son flm aux journées cinématographiques de Soleure puis aux Cinémas du Grütli à Genève, Leonardo Di Costanzo nous a parlé de son dixième long métrage dans la langue de Molière qu’il parle parfaitement puisqu’il a étudié puis enseigné à l’Institut Varan à Paris. Rencontre à son arrivée de Soleure.

 

Firouz E. Pillet

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Firouz Pillet

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