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Avec son cinquième long métrage intitulé Un métier sérieux, Thomas Lilti quitte l’univers médical et signe un film réaliste qui rend hommage au corps enseignant. Rencontre

C’est la rentrée dans un collège en banlieue parisienne. Cette nouvelle année scolaire voit se retrouver, dans la joie et la bonne humeur, Pierre (François Cluzet), Meriem (Adèle Exarchopoulos), Fouad (William Lebghil), Sophie (Lucie Zhang), Sandrine (Louise Bourgoin), Alix (Léo Chalié) et Sofiane (Théo Navarro-Mussy), un groupe d’enseignants engagés et soudés. La convivialité et les plaisanteries qui fusent lors de leurs retrouvailles dénotent une franche camaraderie. Ces enseignant.e.s qui semblent fort bien se connaître sont rejoints par Benjamin (Vincent Lacoste), jeune professeur remplaçant sans expérience et rapidement confronté aux affres du métier. À leur contact, Benjamin va découvrir combien la passion de l’enseignement demeure intacte au sein d’une institution pourtant fragilisée et de plus en plus souvent dévalorisée.

— Vincent Lacoste et François Cluzet – Un métier sérieux
Image courtoisie Filmcoopi Zürich

Il faut dire que Benjamin atterrit dans l’univers de l’enseignement plus par contrainte que par conviction. Ayant besoin d’argent et sous la pression de son père (Bouli Lanners), médecin, il accepte un poste de professeur de mathématiques au collège Victor Hugo malgré son inexpérience. Sans avoir reçu de formation, il va réaliser combien ce métier est difficile au sein d’une institution en péril. Benjamin va cependant découvrir la solidarité auprès de ce groupe d’enseignants avec lesquels il tisse des liens étroits, en particulier avec Pierre Etcheverel, un professeur de français expérimenté, qui le prend sous son aile. Peut-être pour compenser les mauvaises relations et les difficultés de communication qu’il connaît avec son propre fils…
Rapidement, Benjamin se lie également avec le facétieux professeur d’anglais Fouad Medaoui, ainsi qu’avec Meriem, mère séparée qui tente de mener sa vie professionnelle et de gérer la garde alternée de son fils. À leurs côtés, Sandrine, professeure de SVT (Sciences de la Vie et de la Terre) au bord de la crise de nerfs, a également des soucis avec son fils adolescent. Malgré les difficultés professionnelles et les problèmes personnels, toute l’équipe s’unit au quotidien pour faire face aux difficultés de leur métier.

Devenu médecin généraliste pour satisfaire aux exigences paternelles (tiens, tiens, cela rappelle l’attitude du père de Benjamin !), Thomas Lilti nous avait habitués à l’univers médical avec ses précédents films comme Hippocrate (2014), dans lequel jouait Vincent Lacoste, et Médecin de campagne (2016) dans lequel jouait François Cluzet. Pour son cinquième long métrage, le cinéaste nous invite à retourner sur les bancs de l’école, avec un film très attachant, qui plonge le public en immersion aux côtés des élèves et des professeurs sur lesquels le cinéaste pose un regard empli de bienveillance. Après le milieu médical, qu’il a longtemps ausculté, le cinéaste ose un changement radical de décor qui peut surprendre, voire intriguer. Cet intérêt soudain de Thomas Lilti pour le milieu scolaire semblait a priori périlleux : comment le cinéaste médecin pouvait-il réussir à se démarquer avec un sujet nonobstant beaucoup abordé et traité dans le septième art ?

Contrairement à la majeure partie des films sur l’école qui sont consacrés aux établissements scolaires difficiles, Un métier sérieux se déroule dans un établissement classique qui ne connaît pas de problèmes majeurs. Par le biais d’une fine description, Thomas Lilti construit, par touches progressives subtiles, une fiction crédible, imbriquant les diverses pièces d’une mosaïque humaine. Il faut préciser que Thomas Lilti est issu d’une famille d’enseignants et a donc été aux premières loges pour observer les averses facettes du métier. Le cinéaste a choisi de montrer ces enseignants dans plusieurs situations de leur vie : devant leurs élèves, plus ou moins passionnés; durant les cours; entre professeurs, à leur table à la cantine ou dans la salle des professeurs; dans leur vie privée (ce qui plus rare au cinéma). Sans tomber dans la caricature et en demeurant toujours juste, le cinéaste signe un divertissement touchant, optimiste, servi par une distribution impressionnante et excellente.

Thomas Lilti a beaucoup de choses à dire, tantôt avec sérieux (le feu sacré qui se perd, les nerfs mis à rude épreuve, les doutes, la nécessaire remise en question des enseignants pour demeurer captivants) tantôt avec humour (les blagues potaches au réfectoire qui soudent le groupe d’enseignant.e.s). À l’instar de ses précédents films qui mettaient en lumière l’engagement, voire la vocation, des médecins, il est aussi question de vocation ici : celle des enseignant.e.s, trop souvent considérée, à tort, comme acquise. Seul petit bémol : tous les personnages sont très attachants, en particulier quand, durant les pauses ou dans la salle des professeurs, on découvre une facette insoupçonnée de leur personnalité à travers leurs discussions. On aurait souhaité que Thomas Lilti développe davantage cette face de leur personnalité que, malheureusement, le film ne fait que survoler.

Venus à Genève à l’occasion de l’avant-première du fil au Cinéma Le City ce lundi 2 octobre, le réalisateur Thomas Lilti et l’acteur François Cluzet ont répondu avec un enthousiasme communicatif aux journalistes.

Rencontre audio avec le cinéaste Thomas Lilti qui s’est confié sur sa méthode de travail avec ses comédien.ne.s, sur les cinéastes qui l’inspirent, sur sa famille de cinéma, entre autres :

 

Rencontre audio avec l’acteur François Cluzet qui nous a parlé de ce qui l’a séduit dans son personnage, de l’importance de la générosité dans les relations humaines, de ce qui lui plaît dans le cinéma de Thomas Lilti :

 

Firouz E. Pillet

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Firouz Pillet

Journaliste RP / Journalist (basée/based Genève)

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