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Black Movie 2021 : la 22ème édition s’annonce dense, variée, passionnante et en ligne vu le contexte actuel et les mesures sanitaires strictes

La programmation de la 22ème édition du Festival Black Movie propose aux cinéphiles quatre-vingt-quatre longs et courts métrages en provenance de quarante-huit pays !

Le Festival Black Movie dans les salles de cinéma : impossible ! A la maison : nécessaire et une occasion bienvenue de se divertir, de s’instruire, de se changer les idées vu la morosité ambiante ! Confronté à la fermeture des salles de cinéma, le Festival International de Films Indépendants Black Movie se déroule en ligne du 22 au 31 janvier 2021. Cette 22ème édition, élaborée et pensée avec soin depuis de nombreux mois, est l’occasion pour les cinéphiles de reproduire l’expérience Black Movie à domicile, avec la possibilité de visionner la totalité de la programmation en ligne.

Le tandem de directrices, Kate Reidy et Maria Watzlawick, ne se sont pas laissées abattre par le contexte actuel qui met à mal la culture et annoncent les temps forts de la programmation qu’elles ont concoctée :

« Ce qui nous amène tout naturellement, outre une section « À suivre… » exceptionnelle, qui comporte notamment une première européenne exubérante de Sion Sono évoquant l’amour fou du cinéma, à vous proposer dans la section « Silence, on tourne ! » une sélection de films évoquant ses composantes : acteur·rice·s hypersensibles, confusion entre fiction et réalité, pouvoir de l’image… Vous en saurez plus sur les affres et les coulisses du 7e art ! La section « Liberté, j’écris ton nom » décrit quant à elle le besoin irrépressible d’indépendance et d’un ailleurs fantasmé, et surtout le prix qu’il faut y mettre pour le satisfaire, tandis que « War zone » détaille des conflits intérieurs, les traces laissées par les guerres civiles ou les conquêtes de territoires et leurs suites destructives ; les corps des femmes dans l’espace public étant aussi un terrain de possession ou d’occupation, « La femme à la caméra » expose la part rebelle et l’instinct de survie de femmes, mères et sœurs face à un adversaire omniprésent et ce, du point de vue de réalisatrices. »

La 22ème édition du Festival Black Movie

En partenariat avec la plateforme de VOD Shift72, affiliée au site web Festival Scope, le Festival Black Movie propose un programme foisonnant de quatre-vingt-quatre films, dont quarante-et-un longs et quarante-trois courts métrages. Des productions indépendantes qui sont issues de quarante-huit pays, parmi lesquelles on trouvera une première européenne et cinquante-six premières suisses, le tout réparti en sept sections thématiques.

La sélection convie des réalisateurs coutumiers de la manifestation (Hong Sangsoo, Sion Sono, Rehad Desai, Tsai Ming-Liang, Adilkhan Yerzhanov) et accueille, cette année, vingt-huit films par signés des réalisatrices – onze longs et dix-sept courts métrages – notamment auteures de portraits de femmes sans concession :

Face à l’impossibilité de recevoir des invité·e·s à Genève, Black Movie a offert aux cinéastes la possibilité d’enregistrer en amont des entretiens, qui accompagneront l’offre de films en ligne et seront également disponibles sur le site du festival.

Cinéastes et films

Le public retrouvera des auteurs qui ont marqué l’histoire du festival, à commencer par le Sud-Coréen Hong Sangsoo, lauréat de l’Ours d’argent du meilleur réalisateur début 2020 à Berlin avec La Femme qui s’est enfuie ( The Woman Who Ran). Le festival se réjouit de pouvoir accueillir la première européenne de Red Post on Escher Street du turbulent Japonais Sion Sono, un cri d’amour aux figurants de cinéma. Il salue également le retour à la fiction du Taïwanais Tsai Ming-Liang, dont on découvrira en première suisse le sensuel Days. L’Ivoirien Joël Akafou suit quant à lui l’itinéraire d’un migrant réfugié en Italie avec Traverser, tandis que le Chilien Rodrigo Sepúlveda signe Tengo miedo torero, l’adaptation haute en couleurs d’un roman du célèbre écrivain queer Pedro Lemebel.

Le prolifique Kazakh Adilkhan Yerzhanov revient avec Ulbolsyn, récit électrique d’une jeune femme qui tente d’arracher sa sœur du traquenard d’un mariage arrangé. Le Brésilien Felipe Bragança livre une fable d’aventures colorée avec Um animal amarelo, alors que Days of Cannibalism du Sud-Africain Teboho Edkins s’intéresse aux immigrés chinois du Lesotho et à leur cohabitation parfois houleuse avec les natifs du pays.

La présence des femmes cinéastes

Vingt-huit réalisatrices figurent au générique de cette 22ème édition de Black Movie, dont l’Argentine Sol Berruezo Pichon-Rivière (Mamá, mamá, mamá), la Bulgare Svetla Tsotsorkova (Sister), la Sud-Coréenne Kim Mi-jo (Gull) et l’Espagnole Laura Herrero Garvín (La Mami), autant de personnalités singulières derrière la caméra qui s’attachent, entre autres, à capter des portraits de femmes sans concessions. Le festival présentera aussi en partenariat avec la RTS le documentaire The Earth is Blue as an Orange de l’Ukrainienne Irina Tsylik, qui démontre comment le cinéma parvient à soulager le quotidien d’une famille prise en étau dans les zones de combats du Donbass. Dans un esprit similaire, Entre perro y lobo de la Cubaine Irene Gutiérrez filme les sursauts nostalgiques de trois vétérans cubains de la guerre d’Angola, rattrapés par les échecs du communisme.

Originalité des formats et des esthétiques, la carte de visite du Festival Black Movie

Comme à son habitude, Black Movie a un faible pour les formats originaux et les esthétiques alternatives. Le festival proposera un véritable marathon avec DAU. Degeneration des Russes Ilya Khrzhanovskiy et Ilya Permyakov, d’une durée de 6h30, une des nombreuses productions inspirées par l’expérience sociologique immersive et tentaculaire DAU.

Dans La Verónica du Chilien Leonardo Medel, drame familial réalisé sur le modèle de vignettes Instagram, le public retrouvera l’actrice Mariana Di Girólamo, remarquée récemment dans Ema de Pablo Larraín. The Death of Cinema and My Father Too de l’Israélien Dani Rosenberg évolue quant à lui sur la ligne floue entre réel et fiction, alors que This Is My Desire des frères Arie et Chuko Esiri, remarqué à Berlin, fait souffler un vent nouveau sur le cinéma nigérien.

Le cinéma de genre ne sera pas en reste : Les Voleurs de chevaux de Yerlan Nurmukhambetov et Lisa Takeba transpose le western dans les vastes plaines du Kazakhstan ; Lucky Strike du Sud-Coréen Kim Yong-Hoon se dévoile comme un astucieux polar jonglant avec les temporalités ; Fried Barry du Sud-Africain Ryan Kruger offre un trip halluciné sur les traces d’un toxicomane possédé par une entité extra-terrestre.

Mentionnons le Chilien Rodrigo Sepúlveda, dont le Tengo Miedo Torero, est adapté du roman de l’écrivain queer Pedro Lemebel. 1986, en pleine dictature de Pinochet. Un travesti marginal vieillissant accepte, par amour pour un beau révolutionnaire hétéro préparant un attentat, de cacher des documents secrets chez lui. Tous deux s’engagent alors dans une dangereuse opération clandestine. Cette œuvre vibrante, poignante qui, suite à un début sanglant, privilégie une violence hors-champ tout en laissant planer l’ombre menaçante du dictateur sanguinaire derrière le romantisme, doit surtout son succès à la performance d’Alfredo Castro. Egérie du cinéma d’auteur latino-américain, on l’a vu exceller dans plusieurs rôles gay comme Les amants de Caracas ou El Príncipe.

Destinées meurtries, solitude, rencontres éphémères

De son côté Tsai Ming-Liang revient avec Days, lauréat du Teddy Award à la dernière Berlinale. Dans ce film contemplatif, sans dialogues mais rempli de sons du quotidien, le réalisateur taïwanais suit deux hommes que tout sépare. D’un côté Sang, oisif aisé, affecté d’un mal étrange qui le force à porter une minerve, de l’autre Non, un jeune Laotien, précaire immigré à Bangkok, à la recherche d’un travail. Ils vont se rencontrer l’espace d’une nuit dans une chambre d’hôtel où ils partageront étreintes sexuelles sur fond de massage sensuel. Il est recommandé de s’armer de concentration et de patience pour accompagner la lenteur parfois éprouvante des plans dans ce film au rythme hypnotique, libérant pour quelques heures deux êtres murés dans leur solitude.

Tables rondes et entretiens

A défaut de permettre aux festivaliers de rencontrer in situ les cinéastes, le festival a anticipé en invitant les cinéastes à s’exprimer, via vidéo, sur leur réalisation et en organisant en parallèle des séances de films en ligne, trois tables rondes seront proposées sur le site web et les réseaux sociaux du festival. Par ailleurs, face à l’impossibilité de recevoir des invité·e·s à Genève, Black Movie a offert aux cinéastes la possibilité d’enregistrer des entretiens, qui accompagneront les films en ligne. Ils seront également disponibles sur le site.

Parallèlement aux séances de films en ligne, trois tables rondes seront proposées sur le site web et les réseaux sociaux du festival. À cette occasion, Black Movie proposera notamment de (re)voir le documentaire Los años de Fierro du Mexicain Santiago Esteinou, son protagoniste César Fierro ayant été libéré (mais pas blanchi) après quarante ans passés à clamer son innocence dans le couloir de la mort d’une prison du Texas. Il participera à une rencontre virtuelle avec le réalisateur : l’occasion de faire entendre son témoignage et de faire appel à la générosité du public pour l’aider dans ses futures démarches.

Le Petit Black Movie

La section du Petit Black Movie, destinée aux jeunes cinéphiles, déploie une belle sélection de trente-quatre films issus de vingt-cinq pays, au rang desquels on découvre par exemple le Japon, la Tchéquie, le Liban et l’Australie. Il y est question de la préservation de la nature et des animaux, de transmission et de solidarité, de la puissance salvatrice de l’imaginaire, de réfléchir aux stéréotypes de genre pour mieux les déconstruire. Des sujets actuels et primordiaux, parfois délicats à aborder, mais souvent traités avec humour et toujours avec créativité et passion. Les cinéphiles en herbe sont conviés à deux ateliers : une initiation à la pixilation et une initiation à l’animation image par image sur le thème de l’imaginaire.

Prix et soirées en live stream

Le Festival Black Movie remettra au total cinq prix, dont le Prix de la Critique, le Prix Payot Petit Black Movie, le Prix des Jeunes, le Prix des Enfants et le Prix des Bénévoles. Le Prix de la Critique, doté par le Département de la culture et de la transition numérique de la Ville de Genève et attribué à un film inédit remarqué pour sa forme novatrice, sera décerné par un jury non plus international, mais intercantonal, de critiques de cinéma suisses constitué de Clara Kiskanc Fischer (Tessin), Emilien Gür (Genève/Soleure), Michael Kuratli (Zurich), Sabrina Schwob (Vaud) et Katja Zellweger (Berne).

Parce que Black Movie ne serait pas Black Movie sans la fête, tout est mis en place afin de pouvoir importer l’esprit du festival à domicile. Des live streams des lieux de nuit les plus cools de Genève égayeront les soirées, tandis que pour les aficionados et collectionneurs, des « Kits festival » en édition limitée avec surprises liquides, goodies, bandes-sons, Pass festival – et un Ticket d’Or ! – seront en vente jusqu’à épuisement du stock !

Le mot des deux directrices, Kate Reidy et Maria Watzlawick :

« Les fauteuils de cinéma sont froids et les salles vides, mais de merveilleux films sont à voir sur notre plateforme, réalisés avec acharnement par des cinéastes passionné·e·s et présent·e·s par leurs témoignages. Savourez depuis chez vous la flamboyante 22ème édition du Festival Black Movie ! »

Avis aux cinéphiles et aux festivaliers connectés :

Le Festival Black Movie se déroule du 22 au 31 janvier 2021.

Les films sont à visionner à des horaires précis, pour une durée de quatre heures. Le nombre de places virtuelles est limité.

Firouz E. Pillet

www.blackmovie.ch

Firouz Pillet

Journaliste RP / Journalist (basée/based Genève)

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