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Cannes 2019 : Diego Maradona, d’Asif Kapadia, fait revivre le mythe

Le film d’Asif Kapadia, présenté hors-compétition au Festival de Cannes 2019, n’est pas le premier film consacré à la star argentine du ballon rond. Maradona (ou Maradona par Kusturica), film documentaire réalisé par Emir Kusturica et sorti en 2008 en France, avait été présenté en une avant-première au Festival de Cannes 2008, hors-compétition. Cependant, Maradona inspire tant les cinéastes que le public, preuve en est lors des projections de ce nouveau film consacré à celui que l’on surnommait El Pibe de Oro (« Le gamin en or »), Pelusa, D10S, El Diez, Dieguito, Le Maître : les spectateurs étaient nombreux et nombre d’entre eux le considèrent toujours comme l’un des plus grands joueurs de l’histoire du football. Il fait partie de l’équipe mondiale du XXe siècle.

Diego Maradona d’Asif Kapadia
© Alfredo Capozzi

Diego Maradona, retrace l’histoire à l’ascension spectaculaire comme à la chute vertigineuses du footballeur argentin et rappelle ensuite d’où est parti  Maradona, perçu comme le plus grand joueur de l’histoire. Maradona, dont la voix commente les images d’archives tout au long du film, de déclarer :

Je suis plus intéressé par la gloire que par l’argent.

Puis Pelé est sollicité pour donner son avis sur Maradona : «

Il a l’énergie mais il n’a pas la préparation physique nécessaire.

En effet, après avoir passé une période peu réussie à Barcelone, Diego Maradona est transféré et débarque  le 5 juillet 1984, à Naples pour un montant qui établit un nouveau record du monde.

Pendant sept ans, il enflamme les stades. Le footballeur le plus mythique de la planète a parfaitement trouvé ses marques dans la ville la plus passionnante – mais aussi la plus dangereuse – d’Europe. Sur le terrain, Diego Maradona était un génie. En dehors du terrain, il était considéré comme un saint, voire un dieu auquel les Napolitains vouent un réel culte. D’autant plus qu’à l’époque, comme l’attestent les nombreuses images d’archives de matchs en villes italiennes, les Napolitains étaient accueillis par les supporters de l’équipe adverse qui brandissaient des banderoles insultantes set racistes :

« Napolitains, rentrez chez vous vous laver ! Vous êtes le dépotoir de l’Italie. Napoli = les égouts. »

Comme le rappelle le film, cet Argentin charismatique aimait se battre contre l’adversité qu’il avait appris à combattre toute petit, dans son bidonville de Villa Florito, quartier misérable de la capitale. Diego est le quatrième enfant et premier garçon, le fils tant attendu, de Diego Chitoro Maradona – que l’on verra souvent aux côtés de son fils – et Dalma Salvadora Franco, dans une famille modeste de paysans.

Elève médiocre, il apprend la débrouille mais aussi l’adversité dans ce bidonville où il joue de nombreux matchs de football dans les rues et sur une esplanade désolée. À 10 ans, il se rend avec un copain aux journées de détection du club local d’Argentinos Juniors où il est remarqué par un recruteur, Francis Cornejo qui l’intègre à l’équipe des Cebollitas (les petits oignons).

Diego Maradona d’Asif Kapadia
© El Grafico

On l’a compris : les épreuves, les obstacles, l’adversité … Rien ne lui fait peur. On contraire, ces embûches sur son chemin lui servent de stimulus.

C’est ainsi que Maradona mène le SCC Napoli en tête du tableau pour la première fois de son histoire. C’était un rêve éveillé pour son équipe, pour les Napolitains qui voient définitivement en lui un salvateur ! Mais le prix à payer était élevé. Diego pouvait faire tout ce qu’il voulait tant qu’il accomplissait des miracles sur le terrain.

Pourtant, des heures plus sombres ont fini par succéder à ces années fastes… Asif Kapadia commence alors à rappeler les zones d’ombres – la drogue, les relations du footballeur avec la mafia. Le cinéaste dévoile aussi des chapitres moins glorieux de Diego Maradona qui se présente comme compagnon aimant et fidèle  mais, alors que sa future femme  est enceinte, une jeune fille accouche d’un garçon dans un hôpital de Naples et affirme devant les journalistes des journaux et des télévisons que le père de son fils est Diego Maradona … Ce que ce dernier nie catégoriquement, On entend la voix d’une des soeurs de Diego qui confesse qu’elle savait la vérité et compatissait pour la jeune fille et son enfant, tous deux rejetés par Diego.

On revoit Diego Maradona après sa performance triomphale à la Coupe du monde de 1986. L’Argentine a battu l’Allemagne de l’Ouest 3-2 en finale, avec la passe de Maradona à Jorge Burruchaga, établissant à la fois le but gagnant et son statut de divinité, et lorsque le documentaire d’Asif Kapadia reproduit l’enregistrement audio de l’appel téléphonique déchirant de Diego à sa mère âgée en Argentine après le match, les spectateurs partagent leur émotion.

Le film d’Asif Kapadia offre la possibilité de comprendre à quel point la triche était un ingrédient mineur du génie, pas un défaut adjacent. Et, de toute évidence, la triche n’était pas apanage que de Diego Maradona à l’époque.

Toujours aussi précis dans son montage qui soutient un rythme véloce, le réalisateur d’Amy (2015) et de Senna (2010), raconte toute l’euphorie, la gloire puis la disgrâce dans un documentaire saisissant sur ce footballeur de « la main de Dieu ». Le film de Kapadia propose un récit captivant de la carrière de joueur de Maradona jusqu’au milieu des années 90, un film réalisé à partir de plus de 500 heures d’images inédites issues des archives personnelles du footballeur.

Si le film d’Asif Kapadia rappelle ce que tout le monde sait, il offre un bel hommage au joueur prodige des années 1980 et 1990, artisan de la victoire de l’équipe d’Argentine à la Coupe du monde 1986 au Mexique, star éternelle du « Napoli », rappelant tout au long du film qu’il est aussi l’une des personnalités les plus controversées du sport et de la société en raison de ses relations peu recommandables à cette époque, ses deux contrôles positifs en 1991 en Italie et en 1994 lors du mondial américain  et de sa dépendance à la cocaïne, qui a largement perturbé sa carrière de joueur professionnel.

Firouz E. Pillet, Cannes

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Firouz Pillet

Journaliste RP / Journalist (basée/based Genève)

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