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Cannes 2022 – Coupez ! (Final Cut !) de Michel Hazanavicius célèbre l’art de faire du cinéma en ouverture du festival

Le film aurait dû s’intituler Z. La référence à la guerre en Ukraine où la lettre Z est peinte sur les blindés russes aura eu raison du titre original. Drôle d’époque où le domaine de la culture se frotte depuis le 24 février 2022 à la ligne de l’irrationalité…

Coupez ! de Michel Hazanavicius
© Lisa Ritaine

Coupez ! est un film jubilatoire sur le monde du cinéma, ses petites mains comme ses grands égos, traité avec beaucoup d’autodérision par le réalisateur de The Artist ainsi que par les actrices et acteurs qui jouent sans retenue les travers de la profession. Cette ode aux métiers du cinéma et à leurs artisans, à la passion que cette industrie implique, se couple à une belle histoire de famille qui contient les éléments du besoin de reconnaissance et de la transmission filiale.

Avec beaucoup de malice, Michel Hazanavicius construit son film dans une démarche de récursivité. Plus prosaïquement, il y a trois films dans le film. Le premier est un long plan séquence de 32 minutes, à la caméra hystérique, au cadrage approximatif, tout comme le jeu des actrices et acteurs et leurs dialogues bêtas, qui consiste en un film de série Z – le tournage d’un film de zombie qui tourne à la catastrophe quand la prophétie se réalise et que d’authentiques morts-vivants attaquent l’équipe. Petit avertissement concernant cette première partie : même si tout est manifestement faux, mal fait et ridicule, les éléments sanguins et intestinaux des vrais films de zombies sont présents – avis aux âmes sensibles ! Les deux autres parties du film, à la caméra posée et sûre d’elle, relatent, à rebours, les prémisses de la production, puis les tenants et aboutissants du tournage lui-même, renvoyant dans l’hilarité le public à ce qu’il a vu à l’écran dans la première partie.

Le cinéaste traite, comme à son accoutumée, le genre, voire le sous-genre, avec tendresse, le replaçant dans l’art cinématographique, en se moquant certes, mais gentiment, comme il le fait de ses producteurs peu regardants, ses commanditaires farfelus, ses actrices et acteurs un peu hors sol, ses technicien.nes passionné.es ou totalement démobilisé.es. Le second degré n’est jamais loin du premier degré, mais toujours dans la bienveillance.

— Romain Duris, Bérénice Bejo, et Simone Hazanavicius – Coupez !
© Lisa Ritaine

Coupez ! est une adaptation très personnelle du film culte japonais One cut of the Dead (Ne coupez pas ! ; 2017) de Shin’ichirô Ueda avec dans le rôle de la productrice japonaise, Yoshiko Takehara, qui jouait déjà ce personnage dans le film original. Michel Hazanavicius multiplie ainsi par petites touches les dimensions de mises en abîme, comme le fait que la fille du réalisateur, Rémi (Romain Duris) ostensiblement alter ego d’Hazanavicius, veut également devenir cinéaste, mais pas comme son père qui selon sa propre devise fait des films « rapides, pas chers et dans la moyenne », rôle interprété par Simone Hazanavicius, Bérénice Bejo, épouse d’Hazanavicius incarnant la femme de Rémi, une actrice possédée par ses personnages. Une comédie qui, à y regarder de plus près, fait de la matière brute de son sujet, de la dentelle sur le fil entrelacé de l’humour, de l’amour et de la passion.

Le film est déjà sur les écrans suisses et français.

de Michel Hazanavicius; avec Romain Duris, Bérénice Bejo, Matilda Lutz, Finnegan Oldfield, Grégory Gadebois, Jean-Pascal Zadi, Luàna Bajrami, Simone Hazanavicius, Yoshiko Takehara ; France ; 2021 ; 111 minutes.

Malik Berkati

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