« Ceres » offre un portrait poétique des enfants de la campagne – entretien avec sa réalisatrice hollandaise Janet van den Brand
Ceres a été présenté en première à la Berlinale 2018 le 19 février. Ce film documentaire de la réalisatrice hollandaise Janet van den Brand, basée à Bruxelles, a été sélectionné pour concourir en compétition dans le cadre du programme Generation Kplus.
Le film brosse un portrait intime des enfants vivant dans des fermes dans la région du Zeeland, les suivant dans leur vie quotidienne. C’est aussi une histoire universelle sur le cycle des saisons, sur les récoltes semées et récoltées, sur la vie et la mort, et surtout sur le fait de grandir en milieu rural avec des animaux qui les initient au cycle de la vie. Ceres est un portrait intime de quatre enfants – Koen Brouwer, Daan Rentmeester, Sven Boonman et Jeanine de Breequi – qui vivent ce cycle naturel de la vie à la ferme avec une impressionnante maturité en comparaison avec des enfants citadins du même âge. Le film explore le monde à travers leurs yeux et examine leur relation à la nature et à la société humaine.
Rencontrée dans la tour de glace de la Potsdamerplatz, Janet van den Brand, venue accompagnée de son directeur de la photographe et ami Timothy Josha Wennekes, nous a parlé de la naissance de ce film sur des enfants en milieu rural, une vie qu’elle a connue, de son travail avec des enfants et des animaux, deux défis notoires pour les cinéastes, de son expérience en tant que femme réalisatrice et de sa présente à la Berlinale … Des propos traduits sur place par l’une des attachées de presse, Gudrun Burie et partiellement ci-dessous.
Quand on questionne Janet van den Brand sur le choix audacieux de ce sujet, la documentariste souligne :
J’ai grandi à la campagne et mon grand-père avait une petite ferme, donc les premières idées pour Ceres ont grandi principalement de mes propres souvenirs. J’ai été fascinée par la saison des récoltes et la façon dont la nature et la météo jouent un grand rôle dans la vie des fermes. J’ai commencé à explorer la campagne lointaine de Zeeland, dans le sud-ouest des Pays-Bas, et j’ai trouvé Koen, mon premier personnage principal. J’ai été tellement touchée par son histoire et sa personnalité que Ceres a immédiatement pris vie.
Quand on l’interroge sur la difficulté de filmer des enfants et des animaux, elle dévoile sa méthodologie :
J’ai suivi les enfants pendant un an et demi et j’ai passé beaucoup de temps avec eux et leurs familles. Cela a entraîné beaucoup de vidéos. La partie la plus difficile était le montage, parce que je devais tuer tant de chéris, et c’était un grand puzzle de mettre tous les différents moments, expériences, scènes et impressions à leur place. Dans le film, nous apprenons comment les enfants grandissent dans leurs fermes, mais de plus, nous expérimentons ce qu’ils ressentent en grandissant. Avec eux, nous sommes témoins des saisons et des naissances et des décès de leurs animaux. Et tandis que Ceres traite de la mort, le cycle interminable de la vie recommencera toujours.
Quant à son sentiment en tant que réalisatrice, Janet van den Brand répond avec douceur mais assurance :
Je conseillerais à chaque réalisatrice de toujours être fidèle à elle-même. Ne perdez jamais la foi en ce que vous représentez et suivez votre cœur. Je n’ai aucune expérience de harcèlement mais je pense que la liberté de parler et de partager vos expériences prime. Je crois que tout le monde devrait être traité de la même façon, et ensemble nous accomplirons beaucoup plus que si nous sommes seuls.
Née à Oostvoorne, aux Pays-Bas en 1989, Janet van den Brand vit aujourd’hui à Bruxelles. Elle a étudié la réalisation de films au Collège d’Art et de Design de l’Université Sint-Lukas de Bruxelles et à l’Académie Royale des Beaux-Arts (KASK) à Gand. Ses courts métrages – Arthur’s Grandpa, Rosa, Anna ‘Lil’ Sis et Dog Days– ont été sélectionnés par de nombreux festivals, dont le concours Generation Kplus à la Berlinale en 2013 et 2018.
Firouz E. Pillet
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