Female Voice of Afghanistan – Festival virtuel de musique sur Youtube jusqu’au 18 octobre, orchestré par le Zeitgenössische Oper Berlin et CrossGeneration media
Des chanteuses afghanes, présentées par des portraits cinématographiques, donnent des concerts et rencontrent virtuellement des musicien.nes basé.es en Europe pour fusionner la création. Filmé de juillet à septembre 2021 à Kaboul (Afghanistan), Mashhad (Iran) et Berlin (Allemagne).
En juillet 2021, l’ethnomusicologue Yalda Yazdani et le directeur du Zeitgenössische Oper Berlin (ZOB) Andreas Rochholl se sont rendus en Afghanistan pendant quatre semaines pour filmer les chanteuses qui y vivent, loin d’imaginer que serait la dernière occasion de documenter la vie de ces artistes féminines avant la prise du pouvoir par les talibans fin août 2021 !
Après deux éditions réussies du festival en 2017 et 2018 et le succès du documentaire The Female Voice of Iran (2020), l’idée de prolonger cette mise en avant de voix souvent méconnues, de les rendre audible par delà les frontières s’est imposée pour les artistes féminines d’Afghanistan et de la diaspora puisque le projet tisse des connexions artistiques avec des musicien.nes d’Europe. Comme si la situation géopolitique n’était pas assez complexe, Yalda Yazdani et Andreas Rochholl ont dû également relever d’énormes défis créatifs pour surmonter la pandémie et la distance géographique.
Neuf chanteurs aux parcours biographiques et musicaux différents sont présentés dans ce festival numérique qui allie les expériences de la scène, du cinéma, de la télévision, du documentaire et des médias sociaux : Mashal Arman, Rouya Doost, Gulshan, Freshta Farokhi, Sumaia Karimi, Sadiqa Madadgar, Naria Nour, Wajiha Rastagar et Ghawgha Taban ; en outre, il y aura une lecture musicale avec l’auteur Mariam T. Azimi.
Parmi les artistes présentées, la mezzo-soprano Mashal Arman, bien connu des scènes romandes. La chanteuse lyrique née à Kaboul dans une famille de musicien.nes a étudié à la Haute Ecole de musique de Berne où elle a obtenu des diplômes de flûte traversière, puis elle a étudié le chant au conservatoire de Genève avant de se perfectionner auprès d’Isabelle Henriquez, de William Matteuzzi, et de David Jones à New York. Ouverte à différentes formes d’expressions artistiques, Mashal Arman multiplie les projets dans une approche transculturelle fascinante – j :mag évoquait en août 2021 sa performance empoignante dans le spectacle itinérant du TKM et le Théâtre de Carouge, Carmen l’audition, mise en scène par Omar Porras et le Teatro Malandro. Également désireuse de faire connaître la musique persane d’Afghanistan, elle fait partie de l’Ensemble Kaboul avec lequel elle se produit dans de nombreux festivals en Suisse et à l’étranger. Mashal Arman a accepté de répondre à quelques questions :
Vous participez depuis plusieurs années à faire connaître la musique persane d’Afghanistan avec la formation Ensemble Kaboul. Avez-vous exploré d’autres univers musicaux et vocaux avec ce projet Female Voice of Afghanistan ?
J’avais envie de présenter un programme plus intime pour le Festival Female Voice of Afghanistan. Un répertoire axé sur des pièces soufies et des chants populaires très anciens. Je n’ai malheureusement pas eu l’opportunité de rencontrer les autres artistes participant.es à ce festival mais j’ai eu un aperçu de ce qui se préparait et je suis ravie de voir de nouvelles chanteuses afghanes sur le devant de la scène.
Depuis que le projet a été initié, la situation a complètement changé en Afghanistan. Avez-vous des contacts avec les chanteuses et les musicien.nes qui ont participé au projet ? Sont-elles/ils en sécurité ?
Je ne connais pas personnellement les chanteuses et musicien.nes qui ont participé à ce projet en particulier mais je suis en contact avec d’autres artistes qui sont restés à Kaboul. Ils doivent trouver un moyen de subsistance pour eux et leur famille. La situation est tragique.
Comment ressentez-vous la situation actuelle, quelles sont vos craintes ?
Je suis triste de voir mon pays d’origine encore une fois dans la tourmente. Je m’inquiète de voir se profiler la crise humanitaire. Le plus urgent pour le moment, c’est de subvenir aux besoins de tous ces gens, tous ces enfants menacés de famine alors que l’hiver arrive !
https://www.youtube.com/c/CrossGenerationMedia
Malik Berkati
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