«Yvette Z’Graggen, une femme au volant de sa vie»: un vibrant et riche hommage de Frédéric Gonseth à l’écrivaine et journaliste genevoise disparue en 2012 – Rencontre
Yvette Z’Graggen s’est imposée comme une femme et écrivaine en avance sur son temps aux décisions audacieuses et novatrices. Le parcours de vie de cette femme hors du commun est raconté par elle-même dix ans avant sa disparition, par le truchement d’une exceptionnelle collection de photos conservées par sa fille, d’interviews et d’archives. Des textes lus en voix off en superposition des images d’époque et des témoignages d’amis complètent ce tableau et permettent de voir comment sa vie fut un roman passionnant, mêlant ancêtres alémaniques, insolence face aux conventions de l’époque, audace pour les sujets sensibles et un penchant assumé pour la gent masculine comme pour les belles voitures.
Née le 31 mars 1920 à Genève, Yvette Z’Graggen nous a quittés le 16 avril 2012, à 92 ans. Honorée par de nombreuses distinctions – Prix de la Société genevoise des Écrivains (1982), Prix Schiller (1996), Prix Rambert (1998), Prix Pittard de l’Andelyn (2001), Prix Lipp Suisse (2004), Prix Edouard Rod (2012) – Yvette Z’Graggen a toujours conservé une simplicité et une modestie comme le documentaire de Frédéric Gonseth le révèle lors d’une séance de dédicaces au Salon du Livre.
Le documentaire de Frédéric Gonseth, Yvette Z’Graggen, une femme au volant de sa vie, rappelle, soutenu par de riches images d’archives le parcours insolite et téméraire de l’écrivaine : Née d’un père suisse allemand et d’une mère dont les ancêtres sont d’origine hongroise, Yvette Z’Graggen obtient sa Maturité à Genève puis suit une formation de secrétaire. De 1949 à 1952, elle travaille en tant que secrétaire aux Rencontres Internationales de Genève et à la Société européenne de culture à Venise.
De 1952 à 1982, elle réalise pour la Radio suisse romande des émissions culturelles et littéraires. De 1982 à 1989, elle travaille à la Comédie de Genève sous la direction de Benno Besson. Elle a écrit en 1939 son premier livre L’Appel du rêve qui ne sera publié que cinq ans plus tard. Elle a également publié des romans, des récits autobiographiques et des nouvelles. Elle a écrit de nombreuses pièces radiophoniques et traduit des ouvrages de l’italien et de l’allemand.
Avant que l’atavisme archaïque interdisait aux femmes moult comportement exclusivement réservés aux hommes, Yvette Z’Graggenelle a conduit, fumé, appris l’allemand, aimé librement des hommes volages, réfléchi sur la Suisse , son rôle ambigu et ses compromis pendant la deuxième Guerre mondiale et fait passionner plusieurs générations de lecteurs, mais surtout de lectrices qui ont trouvé en ses écrits une source d’inspiration.
Le film de Frédéric Gonseth, « Yvette Z’Graggen, une femme au volant de sa vie », a été nominé pour le prix du public aux Journées de Soleure 2017 et sort dans les salles romandes.
Rencontré aux cinémas Scalas, à Genève, juste avant la séance avec le public pour l’avant-première de son film, Frédéric Gonseth nous a parlé de ce projet de longue haleine. Rappelons que le cinéaste, né en 1950 à Lausanne , a de multiples casquettes : en 1972, il obtient une Licence en sociologie à l’Université de Lausanne. De 1973 à 1975, il est journaliste stagiaire. Dès 1980, il travaille comme réalisateur-producteur indépendant. Dès 1986, il réalise de nombreux reportages pour les magazines de la Radio Télévision Suisse (RTS). C’est à travers ses lunettes tant d’historien que de journaliste qu’il a reconstitué le parcours exceptionnel d’Yvette Z’Graggen, dans un jeu de reflets entre ses propos, ses écrits, ses photos et ses amis.
Précisons que Frédéric Gonseth est aussi membre fondateur de la Fondation vaudoise pour le cinéma, membre fondateur et président d’Archimob et de Humem et président de Media pour tous : nous avons profité de l’interroger sur la situation actuelle des médias ; il s’exprime sur le rôle de la presse dans notre société actuelle.
Son documentaire sera présenté en avant-premières en présence du réalisateur : le 29 avril 2018 à La Chaux-de-fonds (Scala) le 29 avril 2018 à Neuchâtel (Apollo), le 30 avril à Lausanne (Pathé Les Galeries), le 4 mai 2018 à Fribourg (Cinéma Rex) et le 6 mai 2018 à Vevey (Cinéma Rex). Rencontre devant les fresques « Belle Époque » des Cinémas Les Scalas, aux Eaux-Vives, à Genève.
Firouz E. Pillet
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