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Auteur : Malik Berkati

Cinéma / KinoCulture / Kultur

IFFR 2023 – Big Screen Competition : Endless Borders de Abbas Amini démultiplie la notion de frontières

À la frontière entre l’Afghanistan et l’Iran, dans un no man’s land montagneux traversé par des patrouilles de gardes-frontière et des réfugié∙es afghan∙nes qui entrent illégalement dans le pays, un petit village pauvre, mangé par la poussière, est devenu le lieu de travail d’Ahmad (Pourya Rahimisam), un enseignant de Téhéran, exilé intérieur, pour raisons politiques. La région est compliquée, ce n’est pas une nouveauté. Mais au-delà des régimes théocratiques et des guerres intestines, cette partie du monde, régie par des traditions ayant valeur de lois, est aussi le territoire de plusieurs ethnies aux antagonismes ancestraux. (…)

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Cinéma / KinoCulture / Kultur

IFFR 2023 – Luka, présenté dans la section Big Screen, revisite le Désert des Tartares

La cinéaste belgo-américaine Jessica Woodworth (Altiplano, 2009 ; L’Empereur aux pieds nus, 2019) s’inspire pour son dernier film du célèbre roman de Dino Buzzati, adapté en 1976 par Valerio Zurlini avec dans les rôles titres Jacques Perrin et Vittorio Gassman, Le désert des Tartares. Si dès les premières images, Luka fait effectivement penser au livre de Buzzati, dont Jessica Woodworth reprend les grandes lignes forces dans la structure de son histoire (le désert, l’ennui et l’attente, l’ennemi invisible, l’apparition d’un cheval, un soldat du fort abattu par les siens) une différence notable courbe l’arc narratif : alors que le lieutenant Drogo du roman était envoyé dans le Nord à la sortie de son école militaire et qu’une de ses premières impulsions avait été de partir de cet endroit inhospitalier, Luka (Jonas Smulders) est parti volontairement vers le Nord, à la recherche du légendaire fort Kairos, afin d’y proposer ses services de sniper. (…)

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Cinéma / KinoCulture / Kultur

Prix du Jury à Cannes 2022 et en lice pour l’Oscar du meilleur film international 2023, EO de Jerzy Skolimowski sort sur les écrans romands

Le piètre état du monde dans lequel on se trouve n’est pas une breaking news ! Cependant, pour une question d’œillères civilisationnelles, dans le centre du système-monde, dont fait partie l’Europe, on semble penser que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, qu’il suffit de quelques ajustements pour qu’il tourne à nouveau rond. Jerzy Skolimowski (Ręce do góry [Haut les mains] 1967, Deep Hand 1970, Essential Killing 2010), vétéran du Nouveau cinéma polonais des années 60, 84 ans, va de manière chirurgicale, concise et sans fioritures démontrer le contraire, par le procédé bressonien (Au hasard Balthazar, 1966) du recours à l’animal – un âne qui, passant de maîtresses en maîtres, dévoile quelques traits de caractères de l’espèce et de la condition humaine. La décadence du monde est le fruit de la corruption morale et éthique de l’âme humaine, il suffit de suivre EO dans son voyage cauchemardesque de la Pologne à l’Italie pour s’en convaincre. (…)

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Cinéma / KinoCulture / Kultur

IFFR 2023 – A House in Jerusalem de Muayad Alayan plonge dans l’angle mort de la mémoire collective

(…) La toile que tisse Muayad Alayan est celle du sentiment de perte, celle des êtres aimés comme celle de l’appartenance à une terre, une lignée, le sentiment d’injustice, d’incompréhension, de douleur qui se transmet (de générations en générations, également), qui empêche la communication, le dialogue – cette toile est transposable partout sur cette terre, portant en elle la matrice des chagrins individuels, des traumatismes collectifs, des deuils qui ne se font pas et emprisonnent les âmes dans les limbes. (…)

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Cinéma / KinoCulture / Kultur

Corsage – Le vernis de la légende de Sissi gratté de manière impitoyable par la cinéaste autrichienne Marie Kreutzer

Le dernier film consacré à Élisabeth de Wittelsbach, duchesse de Bavière, impératrice d’Autriche et reine de Hongrie, de Bohême et de Lombardie-Vénétie, est plus proche dans l’esprit et dans le visuel à la statue de l’impératrice érigée sur le Quai du Mont-Blanc, là où elle fut assassinée le 10 septembre 1898, que de la série de films fleur bleue d’Ernst Marischka, Sissi (1955-1957), avec Romy Schneider. La réalisatrice autrichienne Marie Kreutzer propose une version #metoo de cette femme corsetée dans les conventions de son rôle et sa condition de femme. Non seulement la cinéaste ne nourrit pas le mythe impérial, mais elle entaille avec audace les couches de maquillage et de masques façonnés pour la légende afin de la gratter jusqu’à l’os. Pour ce faire, Marie Kreutzer va chercher dans le corps de l’impératrice le cœur de son propos : les femmes sont emprisonnées dans une multitude de corsets, il s’agit de s’en émanciper. Le doigt d’honneur que fait Élisabeth face caméra, ainsi que les anachronismes qui jalonnent le film, rappellent sans ambivalence la modernité et l’acuité de Corsage. (…)

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Culture / KulturThéâtre / Theater

Théâtre Saint-Gervais du 24 au 28 janvier: Un Spectacle – un voyage dans les coulisses du théâtre

(…) Partant de l’architecture et de la spécificité du Théâtre Saint-Gervais, Igor Cardellini, Tomas Gonzalez et Dominique Gilliot invitent à reconsidérer les lieux d’art au travers d’une « visite-performance guidée » mentale, intitulée de manière tautologique, Spectacle. Ce point de départ offre le prétexte à une exploration des modèles contemporains de salles de représentation ou d’exposition. Le gradin, la scène, le grill et ses spots, le tapis de danse, c’est l’entier du dispositif spectaculaire qui est passé au crible. Dans le temps de la «visite» est tracé un parcours qui interroge le rapport au monde. (…)

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Cinéma / KinoCulture / KulturForum citoyen / BürgerforumProjets jeunes / Jugendprojekte

24e édition du Festival International de films indépendants de Genève – Black Movie du 20 au 29 janvier 2023

Comme ses homologues, le festival retrouve enfin le chemin des salles de cinéma ! La pandémie a cependant laissé une trace numérique – que certains autres festivals internationaux activent également, d’autres revenant complètement à leurs fondamentaux du présentiel – sur le festival qui garde un volet numérique géobloqué sur la Suisse, du 24 au 29 janvier. La directrice artistique du festival, Maria Watzlawick, explique la raison de ce choix sous un angle très intéressant qui s’éloigne des poncifs sur le côté pratique et les possibilités accrues pour toucher les acteurs de l’industrie du cinéma : (…)

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Cinéma / KinoCulture / Kultur

Rencontres croisées avec la réalisatrice Ursula Meier et Stéphanie Blanchoud, actrice et co-scénariste de La Ligne

Présenté en compétition à la Berlinale 2022, le film sort enfin sur les écrans romands et français ce mercredi, avant l’Allemagne le 23 janvier et la Belgique le 1er février. La Ligne est un film d’une richesse infinie, avec cette particularité de ne jamais sur-expliquer les choses et de ne pas tomber dans les stéréotypes. Chacun∙e y trouve une, dix thématiques qui touchent, chacun∙e y trouve quelque chose d’intime à y picorer… et si d’aventure cela ne serait pas le cas, difficile d’y rester insensible, car le tout déferle comme un vague de l’écran vers le spectateur∙trice, de manière cathartique comme on se plaît à ressentir de nos jours, ou bien, selon les sensibilités, de manière négative : le cinéma, c’est cela aussi, pas besoin d’aimer un film, s’il vous submerge, même négativement, c’est qu’il atteint un angle mort de l’inconscient que peut-être les images percent mieux que les mots. (…)

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Cinéma / KinoCulture / Kultur

Une femme indonésienne (Before, Now & Then) de Kamila Andini – La métaphore du chignon

Présenté en compétition à la Berlinale 2022, le quatrième film de la scénariste et réalisatrice indonésienne Kamila Andini a remporté l’Ours d’argent de la meilleure performance dans un second rôle pour Laura Basuki. Une femme indonésienne est basé sur l’histoire de la mère de sa productrice exécutive, Jais Darga. Le titre international permet de poser le fil narratif sur une frise chronologique : le prélude (Before), une longue scène d’ouverture où l’on suit deux jeunes femmes, Nana avec son bébé et sa sœur Ninsingh, fuyant dans la forêt. Des hommes armés – soldats, rebelles ?, nous sommes dans les années 50 aux premières heures tourmentées de l’indépendance du pays où la violence vient de tous les camps – les poursuivent : ils ont tué leur père et le mari de Nana est porté disparu. Comme au réveil d’un rêve, on se retrouve dans un autre espace et un autre temps – Now, le présent qui est le cœur du film, est celui de la fin des années 60. Nana (Happy Salma) est mariée à un riche propriétaire terrien, Monsieur Darga (Arswendy Bening Swara), plus âgé qu’elle, elle est la maîtresse évanescente du domaine et la mère de quatre enfants, son premier enfant étant décédé. La vie semble glisser sur cette femme qui maintient le monde des apparences – celles que l’on attend d’une femme de son rang, qui plus est mal acceptée par la famille et les allié·s de son époux qui la considèrent comme une arriviste. Méticuleuse, elle semble mettre beaucoup de son âme dans la confection de bouquet et celui de son chignon qui, comme elle l’explique à sa fille cadette Dais, renferme ses secrets. Coincée entre son traumatisme du passé et sa vie corsetée du présent, Nana va trouver une voie d’émancipation pour le moins inattendue : l’amitié qu’elle va nouer avec Ina (Laura Basuki), la jeune maîtresse se son mari qui amène un vent de fraîcheur et de liberté dans cet univers sclérosé. (…)

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Cinéma / KinoCulture / Kultur

Pacifiction – Tourment sur les Îles d’Albert Serra plonge dans les moiteurs rances de l’empire français

Tel le vice-roi et gouverneur général des Indes de l’Empire britannique, De Roller (Benoît Magimel) est le représentant de l’État français sur l’île de Tahiti en Polynésie française, avec pour titre Haut-Commissaire de la République. L’individu, doucereux dans son costume blanc, est un homme affable, semblant à l’écoute de la population locale, entretenant son réseau clientéliste, à l’aise dans tous les milieux qu’il côtoie. Néanmoins, il pointe de cette apparence policée une sourde menace. L’homme est dans le contrôle et les rumeurs qui courent sur l’île sur une reprise des essais nucléaires français ne sont pas pour arranger les choses : De Roller navigue en eaux troubles, entre représentants de la population autochtone qui cette fois-ci ne s’en laissera pas compter (pour comprendre la colère, la rancœur et la suspicion des Polynésien·nes envers la France métropolitaine, lire l’excellent article de Renaud Meltz dans La Vie des Idées), sa hiérarchie et la métropole qui l’ignore. (…)

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