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lifestyle & responsible citizenship

IFFR 2023 : Wir sind dann wohl die Angehörigen de Hans-Christian Schmid –  une famille en état d’urgence !

Pour des raisons dramaturgiques, la plupart des histoires d’enlèvement sont racontées dans la perspective des ravisseurs ou de la police. Hans-Christian Schmid réussit le tour de force de tenir en haleine le public en prenant le parti de faire défiler le déroulé d’un enlèvement à travers le prisme des proches de la victime. Les écueils sont nombreux, le premier d’entre eux, l’ennui qui pourrait gagner à regarder une famille souffrir en attendant la libération du leur. Il n’en est rien, la finesse du scénario alterne avec habileté les scènes de tensions enduites par les actions – prises de contacts avec les ravisseurs, remises de rançon avortées, couacs policiers – et les scènes qui pénètrent l’état psychique dans lequel se trouvent les protagonistes. (…)

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IFFR 2023 – Big Screen Competition : Endless Borders de Abbas Amini démultiplie la notion de frontières

À la frontière entre l’Afghanistan et l’Iran, dans un no man’s land montagneux traversé par des patrouilles de gardes-frontière et des réfugié∙es afghan∙nes qui entrent illégalement dans le pays, un petit village pauvre, mangé par la poussière, est devenu le lieu de travail d’Ahmad (Pourya Rahimisam), un enseignant de Téhéran, exilé intérieur, pour raisons politiques. La région est compliquée, ce n’est pas une nouveauté. Mais au-delà des régimes théocratiques et des guerres intestines, cette partie du monde, régie par des traditions ayant valeur de lois, est aussi le territoire de plusieurs ethnies aux antagonismes ancestraux. (…)

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IFFR 2023 – Luka, présenté dans la section Big Screen, revisite le Désert des Tartares

La cinéaste belgo-américaine Jessica Woodworth (Altiplano, 2009 ; L’Empereur aux pieds nus, 2019) s’inspire pour son dernier film du célèbre roman de Dino Buzzati, adapté en 1976 par Valerio Zurlini avec dans les rôles titres Jacques Perrin et Vittorio Gassman, Le désert des Tartares. Si dès les premières images, Luka fait effectivement penser au livre de Buzzati, dont Jessica Woodworth reprend les grandes lignes forces dans la structure de son histoire (le désert, l’ennui et l’attente, l’ennemi invisible, l’apparition d’un cheval, un soldat du fort abattu par les siens) une différence notable courbe l’arc narratif : alors que le lieutenant Drogo du roman était envoyé dans le Nord à la sortie de son école militaire et qu’une de ses premières impulsions avait été de partir de cet endroit inhospitalier, Luka (Jonas Smulders) est parti volontairement vers le Nord, à la recherche du légendaire fort Kairos, afin d’y proposer ses services de sniper. (…)

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IFFR 2023 – A House in Jerusalem de Muayad Alayan plonge dans l’angle mort de la mémoire collective

(…) La toile que tisse Muayad Alayan est celle du sentiment de perte, celle des êtres aimés comme celle de l’appartenance à une terre, une lignée, le sentiment d’injustice, d’incompréhension, de douleur qui se transmet (de générations en générations, également), qui empêche la communication, le dialogue – cette toile est transposable partout sur cette terre, portant en elle la matrice des chagrins individuels, des traumatismes collectifs, des deuils qui ne se font pas et emprisonnent les âmes dans les limbes. (…)

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IFFR2022 – A Human Position d’Anders Emblem imbrique avec finesse l’intime et le collectif dans un tranquille mouvement cinématographique

Dans la ville portuaire norvégienne d’Ålesund, Asta (Amalie Ibsen Jensen) travaille en remplacement d’été pour le journal local, couvrant les événements qui ponctuent la vie somnolente de cette bourgade  – l’équipe locale de hockey, une petite manifestation afin de préserver un bâtiment Art nouveau, l’économie des bateaux de croisière… Rien de bien passionnant pour cette jeune femme qui transporte en miroir le spleen de ce lieu. Lorsqu’elle tombe sur une brève qui relate l’expulsion d’un réfugié, Aslan, elle recommence à s’animer ; elle nous entraîne sur la piste de cet être invisibilisé, nous fait rencontrer des habitants de la région – le casting du film est un mélange d’acteurs, de non-acteurs et de personnes réelles –, dans ce processus, nous assistons à son tranquille retour à la vie. (…)

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IFFR2022 – Yamabuki de Juichiro Yamasaki : une œuvre qui laisse ses protagonistes continuer leur chemin à la sortie du générique

Présenté dans le section Tiger Competition  du Festival international du film de Rotterdam, Yamabuki  se situe dans la ville du réalisateur, dans les montagnes à l’ouest du Japon, Maniwa. Cette familiarité des lieux donne au film un côté très réaliste, renforcé par l’emploi du 16 mm, que Juichiro Yamasaki compense par des procédés cinématographiques plus oniriques, amenés par l’usage de l’animation (de Sébastien Laudenbach, La Jeune Fille sans mains – 2016) et de la musique (Olivier Deparis). Le résultat de ce contrepoint, de cette dureté des lieux et des destins mélangée avec le monde intérieur des protagonistes est un film d’une très grande délicatesse et intelligence – Juichiro Yamasaki n’est jamais dans le jugement, laisse la place aux ambivalences, aux évolutions des caractères et laisse au public assez d’espace pour en imaginer ses propres terminaisons. (…)

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IFFR2022 – Le dernier film d’animation de la cinéaste roumaine Anca Damian, L’Île (The Island), revisite l’histoire de Robinson Crusoé sur un mode psychédélique

Spécialiste de l’animation documentaire fonctionnalisée virtuose (Crulic – The Path to Beyond,2011 ; The Magic Mountain, 2015), Anca Damian livre avec son dernier film, présenté dans la section Big Screen du 51e Festival international du film de Rotterdam, une animation tourbillonnante et pleine de fantaisie, tout à la fois tragique et comique, réaliste et poétique, réfléchie et exaltée. Abordant des sujets aussi graves que la solitude, la migration, l’environnement, il est troublant de se laisser emporter dans ce flot d’infortune avec plaisir, épouser dans le sillage de Robinson le mouvement du monde plutôt que lutter frontalement contre lui… c’est peut-être ce que l’on appelle la catharsis ! (…)

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The International Film Festival Rotterdam (IFFR) goes online for its 51st edition from 26 January to 6 February 2022

After a jubilee edition that had to take place in two parts and online, the organizers of the Rotterdam festival hoped to be able to return to the in-person event for this 51st edition. Unfortunately, Omicron invited itself during the end of the year holidays and the organizers decided to migrate once again to online. The selection of films and the general program are still extremely interesting, and while 52 film titles are only available to the public on-demand in the Netherlands, from 26 January to 6 February 2022, the Talks can be followed from all over the world for free. (…)

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IFFR2021 – Une mise en abîme fascinante du travail d’Amos Gitaï dans l’essai-documentaire de Laurent Roth : Amos Gitaï, la Violence et l’Histoire

Un studio dans le noir, un grand écran et deux regards : celui du cinéaste israélien Amos Gitaï, inlassable explorateur du paysage physique et mental d’une région dominée par la violence et celui de l’auteur et réalisateur Laurent Roth, en dialogue autour d’extraits de l’œuvre de Gitaï où la fiction et le documentaire se juxtaposent de manière constante. Telle une masterclass privée, Laurent Roth met en scène son entretien avec pour point de départ de la réflexion, les débuts du cinéaste avec sa trilogie de La Maison (House, 1980, Une Maison à Jérusalem, 1998, News from Home, News from House, 2006), pour ensuite élargir le spectre sur l’ensemble des œuvres consacrées à Yitzakh Rabin, auquel Gitaï a consacré inlassablement depuis son assassinat en 1995 des films, expositions, performances théâtrales dans un geste de mémoire unique dans l’histoire du cinéma.
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IFFR2021 – Death on the Streets ou l’immersion dans la classe moyenne blanche déclassée des États-Unis

Pendant les quatre ans de la législation Trump, il a été question de cette classe moyenne blanche qui se sentait marginalisée, déclassée, abandonnée et avait permis l’accession aux plus hautes fonctions à ce magnat de l’immobilier doublé histrion de téléréalité. Difficile d’avoir de l’empathie pour elle, même si intellectuellement son désarroi était audible, le chemin choisi pour se sortir de cette dépression de classe était bien trop délétère – pour les Étasuniens mais surtout le reste du monde – pour avoir vraiment envie d’écouter ses souffrances. Le cinéaste et producteur danois Johan Carlsen, avec son épouse coscénariste et coproductrice Micah Magee, étasunienne et provenant de cette région rurale du Midwest dans la Corn Belt, attenante à la Bible Belt, nous fait entrer dans cet univers par la petite porte de la déchéance du rêve américain à travers le destin d’une famille moyenne, deux enfants, une mère, Sarah, qui travaille comme infirmière et son mari, Kurt, qui n’a plus d’emploi fixe et travaille comme journalier quand quelqu’un a besoin de lui.
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