Berlinale 2021 – une édition en deux mouvements : du 1er au 5 mars pour l’industrie et la presse ; du du 9 au 20 juin pour le public
Pari très osé pour le Festival international du film de Berlin qui traditionnellement ouvre la saison des 3 plus grands festivals internationaux : ne pas laisser le champ libre à Cannes qui a reporté son édition de mai à juillet et à Venise tout en ne perdant pas son âme en devenant un festival en ligne.
Mariette Rissenbeek, directrice exécutive du festival, aux côtés de Carlo Chatrian, directeur artistique, à la conférence de presse:
« L’annulation de la Berlinale n’était pas une option pour nous.»
Englués comme tout le monde dans cette pandémie dont on ne voit pas le bout, les responsables ont monté une édition basée sur ses deux piliers : offrir une plateforme incontournable pour les professionnels du cinéma (11’000 accrédités à l’European Film Market, 3500 accrédités presse, 18’556 accrédités professionnels) et être un rendez-vous unique pour le public qui assiste chaque année en nombre aux projections avec 487’504 spectateurs et 331’637 billets vendus (chiffres Berlinale 2019). Ce rendez-vous exclusivement public du mois de juin est une gageure au regard des pronostics sur l’évolution de la pandémie, mais s’il a lieu, donnera l’occasion de fêter en grandes pompes le retour du cinéma dans la vie culturelle empêchée par le coronavirus et les mesures sanitaires qui découlent de la crise qu’il a déclenché il y a une année – ironie de l’histoire, la Berlinale 2020 venait de se terminer quand les pays ont commencé à se fermer les uns après les autres. Le Summer Special aura lieu dans les cinémas berlinois ainsi que les nombreux cinémas en plein air qui ouvrent d’ordinaire dès le mois de mai ; pour découvrir une grande partie de la sélection des films 2021, en présence des cinéastes, ainsi que tous les films primés.
La partie numérique tourne sur deux axes. Le premier concerne le marché du festival, l’envers du décor, l’endroit stratégique de rencontre entre les producteurs, les distributeurs et tous ceux qui gravitent autour de l’industrie du cinéma. Le deuxième est celui de la sélection des films et des prix qui donnent la mesure de l’importance d’un festival dans son écosystème. Un jury international composé de trois réalisatrices – Ildikó Enyedi (Hongrie), Adina Pintilie (Roumanie), Jasmila Žbanić (Bosnie-Herzégovine) – et trois réalisateurs – Mohammad Rasoulof (Iran), Gianfranco Rosi (Italie), Nadav Lapid (Israël) – ayant remporté un Ours d’or décernera les prix habituels de la compétition le 5 mars. En outre, des jurys internationaux décideront des prix pour les courts métrages et les sections Encounters (section compétitive dédiée aux nouvelles visions cinématographiques) et Generation (cinéma pour la jeunesse). La remise des prix se fera en juin, tapis rouge déroulé et en présence du public.
Format hybride oblige, la sélection a été divisée par deux mais la qualité des œuvres est restée constante, à l’exception notable de l’absence de films étasuniens en compétition, une tradition ancrée depuis la création du festival par les Alliés en 1951. Parmi les 15 films en lice pour les Ours, le prolifique cinéaste sud-coréen Hong Sangsoo (Ours d’argent de la meilleure réalisation pour The Woman Who Ran en 2020 et parfois dans la même année à Berlin et à Venise ou à Cannes), la scénariste et réalisatrice française Céline Sciamma (Portrait de la jeune fille en feu) avec Petite Maman, l’acteur-réalisateur français Xavier Beauvois (Des hommes et des dieux, Les Gardiennes) avec Albatros et Jérémie Renier dans le rôle principal, l’actrice-réalisatrice allemande Maria Schrader (Stefan Zweig, adieu l’Europe; la mini-série Unorthodox), le Japonais Ryūsuke Hamaguchi, les Iranien.nes Behtash Sanaeeha et Maryam Moghaddam, des primés de la Berlinale avec le Mexicain Alonso Ruizpalacios (Ours d’argent du meilleur scénario pour Museo en 2018), le Roumain Radu Jude (Ours d’argent du meilleur réalisateur en 2015 pour Aferim !) pour ne citer qu’eux.
Le programme Berlinale Talents qui comprend des conférences, panels et ateliers est ouvert aux 205 talents sélectionnés, mais aussi au public international, avec des invités tel.les que Céline Sciamma, Welket Bungué, Apichatpong Weerasethakul, Ava DuVernay, et de nombreux autres, à suivre sur la page dédiée à la section sur le site de la Berlinale.
Il n’y a aucun film suisse sans la section Compétition, mais une affiche alléchante dans les autres sections, la compétitive Encounters (Azor du Genevois Andreas Fontana et Das Mädchen und die Spinne des jumeaux Bernois Ramon Zürcher et Silvan Zürcher), la prestigieuse Berlinale Special (Tides du Bâlois Tim Fehlbaum), la plus expérimentale Forum (Taming the Garden de la Géorgienne Salomé Jashi), la compétition jeunesse (La Mif Genevois Fred Baillif) et la compétition des courts métrages, avec des œuvres fortes dans les thématiques comme dans les formes artistiques.
Vous retrouverez durant cette semaine de festival qui répond comme au festival ordinaire physique à un embargo strict sur les critiques, la critique de tous ces films suisses sur j:mag ainsi que comme d’habitude une large couverture en français et en allemand des diverses sections, dont la compétition au complet si ce n’est les deux films que les ayants droits ont refusé de mettre sur la plateforme de la Berlinale et qui ne sera visible en mars que des seuls jurés. Certains films sont également géobloqués pour la Suisse et l’Allemagne, les deux pays où sont basés les journalistes de j:mag qui couvrent la Berlinale.
Même si le cri de ralliement annuel est un peu plus fluet que les années précédentes, lançons-le : La chasse à l’Ours est ouverte !
Malik Berkati
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