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Cinéma / KinoCulture / KulturLocarno 2021

Locarno 2021 Cineasti del presente : Wet Sand d’Elene Naveriani – Un film bouleversant sur les amours interdites en Géorgie

Cinéaste géorgienne qui a étudié à la Tbilisi’s State Academy of Art avant de passer son master à la HEAD de Genève, Elene Naveriani se définit comme gender fluid et préfère que l’on utilise le pronom non-binaire iel à son égard. Après I am Truly a Drop of Sun on Earth (2017) sur l’amour singulier entre une prostituée géorgienne et un sans-papier nigérian à Tbilissi, iel continue son travail de mise en lumière des opprimés de la société. Wet Sand est un véritable manifeste humaniste qui transcende la thématique LGBTIQ+, servi par de formidables actrices et acteurs, la photographie d’Agnesh Pakozdi, aux cadrages classiques, qui sublime les intérieurs sans âge ainsi que les paysages âpres des rivages de la mer Noire, et un design sonore sensationniste.
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Locarno 2021 : Luzifer, de Peter Brunner, présenté dans la compétition internationale, suscite à la fois fascination et agacement

Un jeune homme (Franz Rogowski), à l’équilibre mental fragile, vit avec sa mère, isolé dans les Alpes. Sa mère (Susanne Jensen), complètement tatouée, ancienne toxicomane, et désormais radicalement dévote, voue un culte à Dieu mais surtout à son fils. Une grotte mystérieuse au loin, qui ressemble à un vagin, une bande de drones bourdonnants qui survolent le chalet d’alpage, affole Johannes qui, terrorisé, se cache en hurlant.
Tourné au Höllenstein à Tux dans le Zillertal au Tyrol, Luzifer se déroule dans ces pâturages d’altitude qui deviennent un protagoniste à part entière. Une nature paisible jusqu’aux survols de plus en plus fréquents et menaçants des drones et les incursions d’un commando d’hommes brutaux ; des éléments extérieurs qui viennent déranger la quiétude rodée de ce huit-clos déroutant entre mère et fils.
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Locarno 2021 Cineasti del presente : Brotherhood de Francesco Montagner – Un étrange documentaire coming-of-age naturaliste

Le réalisateur italien Francesco Montagner, qui a étudié le cinéma en République tchèque, parvient au tour de force d’immerger son public dans un film dont il ne parvient pas à appréhender totalement le caractère documentaire du récit. C’est que l’histoire qu’il raconte est assez insolite, mais surtout le fait que les protagonistes aient pu être filmés l’est encore plus.
Évidemment, comme dans tout documentaire, il y a un scénario, un parti pris artistique – ici une caméra qui relate calmement les événements, alternant les gros plans sur les visages et les larges plans restituant les paysages de cette région reculée dans une très belle photographie signée Prokop Souček – une part de mise en scène et, au montage – effectué de manière très fine par Valentina Cicogna qui accompagne sans césures l’évolution des protagonistes sur plusieurs années –, l’angle choisi par le réalisateur. Ce qui rend Brotherhood si curieux, et à ce titre si intéressant, c’est que tous ces éléments sont visibles et donnent au film un côté fictionnel.
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Locarno 2021 : Zahorí, de Marí Alessandrini, présenté dans la section Cineasti del presente, suit une adolescente dans sa mutation en plein cœur de la Patagonie argentine

(…) Comme une grande partie de son travail, Zahorí se déroule dans son Argentine natale, dans la steppe de Patagonie. C’est de ces vastes étendues de plaines aux herbes asséchées qu’elle suit le quotidien de Mora (Lara Viaena Tortosa, qui débute au cinéma mais offre déjà une présence magnétique à l’écran), treize ans, incomprise de ses parents et des élèves de l’école qu’elle fréquente Entraînée dans ce lieu par le rêve écologique de ses parents italiens ou tessinois qui ont décidé de réaliser leur rêve : celui de vivre en semi-autarcie en cultivant leur propre potager, Mora se retrouve déracinée et se crée de nouvelles racines au contact de Nazareno (Santos Curapil), un vieux Mapuche qui la comprend mieux que quiconque et avec lequel elle se lie d’amitié. Une amitié intergénérationnelle faite de complicité et de transmission, ce que les parents de Mora, en conflit, ne lui apportent pas. Tissant avec la nature et les animaux un lien toujours plus fort, Mora se découvre et découvre sa voie, recherchant sa véritable identité en puisant dans l’animalité quelle ressent en elle. Ce tandem improbable s’engage sur le chemin de la mort de l’aîné, dans une mutation et une maturité pour la jeune fille. Insolite, un tandem de prédateurs mormons traversent le film, à la rencontre des quelques protagonistes, « venus dans ses terres reculés en tant que soldats du Seigneur pour apporter la bonne parole », en échange du gîte et du couvert. (…)

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Locarno 2021 Compétition internationale : Leynilögga (Cop Secret) Hannes Þór Halldórsson – Une parodie de film de genre jubilatoire !

Quelle curiosité ce Leynilögga (Cop Secret) à Locarno! Tout d’abord, il a été réalisé par le gardien de l’équipe nationale de football islandaise ce qui déjà en fait un objet marketing particulier. Puis sa présence en compétition internationale plutôt que pour la Piazza Grande et son écran géant sur lequel sa dimension d’action aurait pu s’exprimer pleinement. Il s’avère pourtant que sa sélection en compétition est une réussite, le film donne un grand bol d’air au concours traversés par des thématiques assez lourdes et réjouit les sens cinématographiques.
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Locarno 2021 : Al Naher (La rivière), de Ghassan Salhab, présenté dans la compétition internationale, plonge le public dans une atmosphère anxiogène, métaphore de la situation du Liban

Le personnel du restaurant du café où le couple prend un repas disparaît soudainement et l’électricité s’éteint. La réception cellulaire a aussitôt disparu, laissant le couple complètement isolé du reste du monde. Au milieu du paysage rural libanais, dans un ce restaurant de campagne isolé, l’homme et la femme échangent des propos, interrompus de manière soudaine par le vol d’avions militaires que les spectateurs ne voient pas entendent les moteurs vrombir.
La femme (Yumna Marwan) et l’homme (Ali Suliman) se retrouvent soudainement seuls mais, on entend les avions de chasse continuant leur survol dans les environs. Des événements météorologiques étranges se succèdent, créant une atmosphère anxiogène : des nuages ​​sombres couvrent rapidement la terrasse du café pour disparaître tout aussi rapidement, suivies par de violentes rafales de vent qui soufflent pour s’éteindre aussitôt ; des apparitions d’épaisses brumes se lèvent puis se dissipent. Le couple se met à fuir et se met à l’abri dans une forêt aux pins élancés et espacés, filmée de manière picturale qui fait songer à un tableau impressionniste.
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Locarno 2021 Compétition internationale : Gerda de Natalya Kudryashova – L’enfermement de l’âme russe dans un monde prosaïque et brutal

L’actrice et réalisatrice russe Natalya Kudryashova offre avec son quatrième film une vision bien sombre de l’espace moderne russe qui ne laisse plus de place à l’épanouissement de l’âme. Dès la première scène, elle nous déconcerte : on y voit une voiture qui longe une forêt d’arbres longs et minces sans feuilles comme des conduits qui s’élèvent vers le ciel ; une femme, à côté de laquelle se trouve une petite fille, sort précipitamment de la voiture pour faire pipi à l’abri d’un tronc. La chose faite, un sentiment inquiétant semble la posséder ; elle se met à courir. Coupure dans l’espace-temps, nous nous retrouvons dans un club de strip-tease avec une jeune femme, Lera (Anastasiya Krasovskaya), dont le nom de scène est Gerda – comme celui du personnage principal du conte La Reine des neiges de Hans Christian Andersen. Le jour, Lera est une étudiante en sociologie somnolente. L’histoire de Gerda se joue constamment sur deux axes : le monde de la nuit et celui du jour, le prosaïque et la transcendance, le rêve et la réalité, la richesse et la pauvreté, la conscience et l’inconscience…
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Locarno 2021 : Belle: Ryū to sobakasu no hime (Belle : Le dragon et les princes aux taches de rousseur), de Mamoru Hosoda présenté sur la Piazza Grande

Belle : Ryū to sobakasu no hime (Belle : Le dragon et les princes aux taches de rousseur) de Mamoru Hosoda, nous immerge dans un univers virtuel qui fait écho à la vie parallèle qui semble étrangement réelle, nous plongeant dans la vie de Suzu (voix : Kaho Nakamura), une lycéenne de dix-sept ans qui vit avec son père (voix : Kôji Yakusho) dans un village rural du Sud de l’archipel. Peinant à s’intégrer au groupe de lycéennes, Suzu bénéfice de la constante protection de son ami d’enfance, Shinobu Hisatake (voix : Ryô Narita) et motivée par la fougue contagieuse de sa meilleure amie, Ruka Watanabe (voix : Tina Tamashiro).
Pendant des années, depuis la mort accidentelle de sa mère, Suzu a vécu comme l’ombre d’elle-même. Un jour, elle entre dans « U », un monde virtuel avec cinq milliards de membres. Dans l’univers de U, ce n’est plus Suzu mais Belle, une chanteuse mondialement connue et adulée. Elle rencontre bientôt une créature mystérieuse, un dragon (voix : Takeru Satoh) et, ensemble, ils se lancent dans un voyage d’aventures, de défis et d’amour dans une relecture très moderne de La Belle et la Bête.
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Locarno 2021 : Le drame Medea, d’Alexander Zeldovich, présenté en compétition internation, propose une interprétation moderne du mythe grec ancien de cette femme emplie de solitude et de vindicte

Une voix de femme semble raconter puis on comprend qu’elle se confesse dans une église orthodoxe. La caméra d’Alexander Zeldovich suit cette femme errant et soliloquant dans des paysages qui ressemblent à ceux des anciennes républiques soviétiques mais difficiles à situer : Azerbaïdjan peut-être ?
Puis la caméra d’Alexander Zeldovich effectue un flash-back suivant Medea, passagère dans la voiture conduite par son frère. Membre des services de renseignement, celui-ci la violente par des caresses très appuyées, des menaces : il veut faire emprisonner l’amant de sa sœur, Medea, une fille du Trans-Oural tombée amoureuse d’un riche juif Alexei avec lequel elle a eu deux enfants. (…)

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Locarno 2021 : Mis hermanos sueñan despiertos (My Brothers Dream Awake, Mes frères rêvent éveillés), de la cinéaste chilienne Claudia Huaiquimilla, immerge le public dans l’univers des centres de détention pour mineurs, entre humanité, fraternité et rébellions

Le deuxième long métrage de Claudia Huaiquimilla, qui avait réalisé Mala junta (2016) est un hymne à la fraternité, à la résilience, à l’empathie mais aussi à la révolte face à une justice qui tarde à se faire et une iniquité flagrante.
Le film s’ouvre sur deux adolescents, adossés à un mur, qui parlent d’avenir et de projets. Puis le plan s’élargit et les spectateurs comprennent que le mur est l’enceinte d’un centre de détention pour mineurs.
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