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Auteur : Firouz Pillet

Cinéma / KinoCulture / Kultur

Petites danseuses, d’Anne-Claire Dolivet : immersion dans la vie de jeunes élèves d’une des disciplines du sixième art

À quoi ressemble la vie de petites filles qui rêvent de devenir des danseuses étoiles ? Ces petites danseuses ont entre six et dix ans. À la maison, à l’école ou dans la rue, elles vivent la danse avec passion. Mais comment grandir dans un monde de travail intensif, d’exigence et de compétitions quand on est si petite ?
Dès la première séquence, la caméra d’Anne-Claire Dolivet filme une jeune fille, pratiquant le grand écart sur un parquet, maintenant la pose sans ciller. La réalisatrice entre immédiatement de plein fouet au cœur du sujet de son documentaire, filmant ces jeunes filles et ces fillettes non seulement dans leur vie quotidienne dans les salles de danse, mais aussi à l’école, dans le préau, avec leurs amies, dans le métro, des écouteurs rivés dans les oreilles ou en famille. Ces petites danseuses nous semblent si proches, si familières qu’on aurait presque envie de traverser l’écran pour assister à leurs cours, à leurs auditions, à leurs moments de complicité et de rires avec leurs amies lors d’un anniversaire … Mais la danse n’est jamais loin : même lors de cette soirée d’anniversaire, les jeunes filles s’amusent à singer leur enseignante de danse, les experts des auditions, dans une sorte de mise en abyme qui amuse tout en questionnant.
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Cinéma / KinoCulture / Kultur

Il mio corpo, de Michele Pennetta : dans le Sud de l’Europe, les invisibles révélés par l’objectif poético-politique du cinéaste italien

l mio corpo s’ouvre sur le visage d’un jeune garçon qui somnole, le visage appuyé à une fenêtre de voiture. Les secousses du véhicule semblent bercer sa somnolence alors que la caméra élargit le plan pour s’arrêter sur le visage d’un deuxième adolescent. Puis la caméra suit la route poussiéreuse qui serpente; au loin chantent les cigales. Soudain, la camionnette brinquebalante s’arrête sur le bas-côté de la route et le conducteur se met à houspiller les deux adolescents afin qu’ils se dépêchent de se mettre au travail.
Sous le soleil éblouissant et écrasant de la Sicile, dans un paysage aride ponctué de quelques buissons clairsemés, Oscar (le premier visage que nous a dévoilé la caméra de Michele Pennetta), pré-adolescent au visage encore poupin et à la coiffure punk, passe ses journées à récupérer avec son frère aîné, Roberto, de la ferraille pour son père qui la vend. Oscar passe sa vie dans des déchèteries sauvages en bordure de route ou en bas des ponts du haut desquels le père crie des ordres et attend que les deux garçons attachent à une corde des objets à remonter. La caméra de Michele Pennetta suit lentement l’ascension verticale des objets récoltés comme pour rappeler à l’ordre cette soif de consommation et la confronter à sa responsabilité : là où la société ne voit que des rebus, d’autres y dénichent des trésors.
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Cinéma / KinoCulture / Kultur

Le septième art en deuil : disparition de Bertrand Tavernier, un immense cinéaste et un cinéphile inconditionnel

Le monde du septième art est ébranlé par la triste nouvelle à l’annonce de la disparition de Bertrand Tavernier et salue tant le cinéaste humaniste, et engagé, le cinéphile érudit et l’homme, qui dénonçait farouchement les injustices. L’Institut Lumière à Lyon, dont Bertrand Tavernier était le président, a annoncé la disparition de Bertrand Tavernier ce jeudi 25 mars 2021, s’associant à la peine de ses proches dont son fils Nils, acteur et cinéaste, et sa fille Tiffany, romancière, scénariste et assistante réalisatrice. Le cinéaste, scénariste, dialoguiste, producteur et écrivain s’est éteint à Sainte-Maxime, dans le Var à l’âge de septante-neuf ans, un mois jour pour jour avant son quatre-vingtième anniversaire.
Cinéphile dès l’enfance
Atteint très jeune dans sa santé (tuberculose), Bertrand Tavernier était emmené au cinéma par ses parents dans sa ville natale, Lyon, et avait volontiers que le septième art lui servait de « béquille » pour supporter la maladie.  Ce feu sacré ne l’a jamais plus quitté et cet immense cinéphile avait créé dans ses jeunes années le ciné-club Nickelodéon, avant de devenir attaché de presse, assistant de Jean-Pierre Melville, puis lui-même réalisateur.
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Cinéma / KinoCulture / KulturInternet

Cérémonie des Prix du cinéma suisse 2021 – Édition en ligne et films à la demande à voir jusqu’au 28 mars (gratuitement les 27 et 28 mars pour les vainqueurs)

Que les cinéphiles d’Helvétie se réjouissent ! Si les salles de cinéma demeurent fermées pour l’instant pour les spectatrices et les spectateurs, le septième art vient à elles et à eux par le biais de la Cérémonie des Quartz ! La cérémonie de remise du Prix du cinéma suisse se tiendra le vendredi 26 mars 2021 à 19h00. Cet événement, très apprécié par les professionnels, par la presse comme le public suisse, sera diffusé en live-stream sur le site : www.quartz.ch
Semaine des nominés
La Semaine des nominés, organisée par l’Association « Quartz » Genève Zürich, aura lieu cette année du lundi 22 au dimanche 28 mars. Les films nominés pourront être vus en ligne du lundi 22 au vendredi 26 mars sur les sites des cinémas partenaires que sont Les cinémas du Grütli de Genève ainsi que le Filmpodium de Zurich dont voici les sites : www.cinemas-du-grutli.ch , www.filmpodium.ch

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Cinéma / KinoCulture / KulturForum citoyen / Bürgerforum

FIFDH 2021 : dans la Compétition fiction, Les racines du monde, de Byambasuren Davaa vite à un voyage poétique tout en faisant réfléchir sur les menaces de la mondialisation

Accompagné par des complaintes envoûtantes d’un violon, le film de Byambasuren Davaa s’ouvre sur de vastes étendues aux tons impressionnistes et chatoyants, la caméra s’approche progressivement d’une voiture qui file au travers de ces immenses plaines où la nature semble préservée de prime abord.
Au milieu de la steppe mongole, Amra, douze ans, grandit dans une communauté nomade traditionnelle dans une yourte. Sa maman, Zaya (Enerel Tumen), fait paître le troupeau de chèvres, confectionne des fromages de chèvre qu’elle confie à Amra pour les vendre sur le marché de la ville et parcourt les steppes à cheval. Le matin, Amra est conduit à l’école par son père, Erdene (Yalalt Namsrai), le soir il aide à conduire le troupeau de moutons et de chèvres à la yourte.
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FIFDH 2021 : Silence Radio, de Juliana Fanjul, propose une immersion intense aux côtés de la journaliste mexicaine Carmen Aristegui dans son combat pour la liberté d’expression et la vérité

Pour son deuxième long-métrage, Silence Radio, qui a fait sa première mondiale au Festival de Zurich dans le cadre de la Compétition internationale des documentaires, la réalisatrice mexicaine installée en Suisse Juliana Fanjul reste dans son Mexique natal mais en changeant totalement de sujet. Son premier film, Muchachas, accompagnait au quotidien un groupe de femmes de l’ombre – les gouvernantes qui assurent l’intendance des opulentes demeures de riches familles mexicaines. Changement de registre pour ce second film : Juliana Fanjul a choisi de mettre en lumière la journaliste Carmen Aristegui, la voix indépendante des médias mexicains qui révèle, informe, dénonce les vices et les sévices du Mexique, en particulier son intrinsèque corruption. En effet, dans la masse de médias à la solde des personnes qui décident des informations, la journaliste multiprimée, Carmen Aristegui, résiste et ne cède pas aux pressions au risque de sa vie. Ce qui lui importe, c’est la vérité ! 
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FIFDH 2021 : Her Mothers (Anyáim története), des réalisatrices Asia Dér et Sári Haragonics, ou de la difficulté de l’homoparentalité dans la Hongrie de Viktor Orbán

Concourant dans la compétition de la 19ᵉ édition du Festival du film et forum international sur les droits humains, le deuxième film documentaire d’Asia Dér et premier de Sári Haragonics, Her Mothers (Anyáim története), a fait sa première mondiale à Hot Docs puis a concouru à Sarajevo et Minsk.  Her Mothers accompagne la vie quotidienne d’un couple de femmes, Virág et Nóra, qui se bat pour adopter une enfant rom dans la Hongrie de Viktor Orbán.
Le film commence avec un couple de femmes qui colle des photographies dans un album et s’interrogent sur le choix des images, leur disposition, les commentaires à y inscrire.     Alors que le climat politique hongrois se radicalise de plus en plus, Virág, anciennement politicienne écologiste et membre du Parlement, a perdu confiance dans le parlement démocratique hongrois et a choisi de se retirer de la politique. Sa partenaire Nóra, est bassiste dans un groupe de drum & bass dans la lignée de Kosheen. Elles décident d’adopter une fillette. Elles hésitent sur la méthode, interrogent leur entourage et passent en revue les arguments de chaque possibilité. Pourquoi ne pas demander au frère de Virág qu’il donne sa semence à Nóra ?
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FIFDH 2021 : dans la compétition, Ghosts (Hayaleter), d’Azra Deniz Okyay, livre un portrait abrupt et sans concession de la Turquie contemporaine, entre perte de valeurs et absence de repères, tout rendant un vibrant hommage à ses fantômes

Istanbul, dans un futur proche. Dans un quartier d’Istanbul où Azra Deniz Okyay a perdu ses repères et ne retrouve plus ni la vie ni la ville qu’elle a connues, la cinéaste choisit d’y planter le décor de son premier long-métrage, Ghosts, un récit allégorique et dystopique où quatre destins se croisent sans jamais vraiment se rencontrer durant un laps de temps de vingt-quatre-heures. Alors que la ville, survolée par d’incessants vols d’hélicoptères et quadrillée par des patrouilles de police et animée par les sirènes d’estafettes et d’ambulances, est en proie à des troubles politiques, quatre personnages voient leurs destins s’entrechoquer. Dès la séquence d’ouverture, Dilem (Dilayda Günes), une très jeune femme, fume en regardant depuis la fenêtre d’une chambre, le Bosphore que survolent des mouettes. Elle enclenche de la musique sur son téléphone portable et se met à danser. Surgit un homme plus âgé qui, la découvrant en train de danser au lieu de nettoyer la chambre, la licencie. Dilem supplie, elle a besoin de ce travail. Rien n’y fait. Dilem, jeune danseuse urbaine, frondeuse et amoureuse, ayant perdu son travail, retrouve sa liberté et tout le temps de pratiquer des chorégraphies pour se présenter dans un concours dans un club.
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FIFDH 2021 : le film d’Alina Gorlova, This Rain Will Never Stop, invite les spectateurs à un éprouvant périple entre guerre et paix

Le film plonge les spectateurs dans une atmosphère anxiogène dès la séquence d’ouverture qui agresse les yeux, faisant se succéder des photographies en noir et blanc colorisées qui défilent tels des éclairs. Puis la caméra d’Alina Gorlova balaie un paysage désolé.
Chapitre zéro : un village où il n’y pas âme qui vive. La caméra se rapproche d’une silhouette : un homme sexagénaire, assis sur les marches qui mènent à sa maison, s’allume une cigarette, caressant un chaton : « Tu vois, chaton ! On a survécu à cette journée. Tu survivras au Nouvel An ! » Au loin retentissent des aboiements. On comprend que ce village se trouve dans une région en guerre… La Crimée certainement vu que le vieil homme s’exprime en ukrainien. Puis la caméra d’Alina Gorlova entraîne les spectateurs dans un périple poignant et visuellement hypnotique à travers le cycle perpétuel de guerre et de paix, un cycle que l’humanité traverse depuis des millénaires.
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Berlinale 2021Cinéma / KinoCulture / Kultur

Berlinale 2021 : dans la section Encounters, District Terminal (Mantagheye payani), de Bardia Yadegari et Ehsan Mirhosseini, dépeint un avenir proche de l’Iran, étouffé par la quarantaine physique, morale et émotionnelle

Téhéran dans un proche avenir. La pollution et un virus mortel ont réduit la ville à un dépotoir et contraint la population à émigrer ou à vivre en quarantaine. Peyman (Bardia Yadegari) est un poète qui tente mais ne parvient pas à être publié, bloqué par les fonctionnaires du bureau de censure. Devant une vie asphyxiante et le spectre de son père qui le hante et le culpabilise, il noie son marasme dans la cigarette et l’héroïne. Peyman vit avec sa mère (Farideh Azadi) dans un quartier placé sous surveillance permanente par des agents de quarantaine qui déambulent dans des combinaisons intégrales dignes de la Nasa. Luttant pour survivre, il partage un petit appartement avec cette mère âgée qui semble être la seule à lui apporter des conseils clairvoyants. Quand Peymam se promène ou court dans ce quartier vide, il entend de tous côtés de mauvaises nouvelles du monde extérieur.
Peyman partage ses journées entre passer du temps avec sa belle-fille adolescente tout aussi désabusée, une Iranienne vivant aux États-Unis qu’il a épousée pour émigrer mais qui teste son engagement à chaque échange à distance, des conversations avec ses deux amis les plus proches, Ramin (Ali Hemmati) et Mozhgan (Gandom Taghavi), et une liaison illicite avec une fille dont il est désespérément amoureux mais qui finira par quitter l’Iran. Les rumeurs d’une guerre imminente se multiplient et les amis de Peyman partent les uns après les autres, le laissant seul et tourmenté par des fantômes et ses addictions.
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