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Auteur : Malik Berkati

Berlinale 2021Cinéma / KinoCulture / Kultur

Berlinale 2021 – compétition : Herr Bachmann und seine Klasse (Mr Bachmann and His Class) de Maria Speth remporte l’Ours d’argent – Prix du Jury

Qui ne se souvient pas d’un prof d’école préféré ou exécré ? Les années d’école obligatoire sont pour la plupart des enfants déterminantes dans le reste de leur parcours scolaire et d’adultes en devenir. Parfois, l’école c’est l’enfer qui plonge dans la phobie scolaire, parfois la double peine quand on est livré à soi-même à la maison et à la traîne à l’école, et d’autre fois c’est le visa pour l’épanouissement. Quand on entre dans la classe de Monsieur Bachmann, on est pas sûr de finir sur les voies les plus prestigieuses d’étude, mais on est sûr d’être accueilli avec bienveillance, d’être écouté, de pouvoir s’exprimer et surtout d’être accompagné sur le chemin de l’année scolaire, au-delà même, jusque dans l’interface avec les parents.  
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Berlinale 2021 – compétition : Guzen to sozo (Wheel of Fortune and Fantasy) du japonais Ryusuke Hamaguchi remporte l’Ours d’argent – Grand Prix du jury

Les films précédents du cinéaste japonais, Asako I & II(2018) et Happy Hour(2015),  se déclinaient sous la forme du roman, fleuve même pour le dernier cité, puisqu’il durait 317 minutes. Guzen to sozo se rend sur le terrain de nouvelle, avec pour sous-titre à La roue de la fortune et de la fantaisie (Wheel of Fortune and Fantasy) : Nouvelles de Hamaguchi. Le film est structuré en trois parties qui factuellement n’ont rien à voir les unes avec les autres, les trois parties elles-mêmes divisées en trois actes n’ayant comme axe commun que de tourner autour d’un personnage féminin. Le cordon ombilical de Guzen to sozo est le thème de la coïncidence qui fait déraper la réalité. Aucune des trois histoires dans leur entier n’est probable ; c’est ce qui fait le charme de ce film tout en délicatesse où les situations banales sortent de la piste de la réalité pour entrer dans une matière plus floue qui reflète les états intérieurs de leurs protagonistes.
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Berlinale 2021 – Babardeală cu bucluc sau porno balamuc (Bad Luck Banging or Loony Porn) du cinéaste roumain Radu Jude remporte l’Ours d’or de la 71e  Berlinale!

Le réalisateur roumain Radu Jude est un habitué de la Berlinale où il a déjà remporté l’Ours d’argent de la meilleure réalisation (ex æquo avec la réalisatrice polonaise Malgorzata Szumowska) en 2015 pour Aferim!, et l’année passée, où il a présenté dans la section Forum son iconoclaste Tipografic Majuscul.
Enfin, lorsque l’on parle d’iconoclaste pour ce dernier film, en comparaison de Babardeală cu bucluc sau porno balamuc (Bad Luck Banging or Loony Porn), le film était bien sage. Car cette année, Radu Jude explose toutes les frontières : celle de la bienséance, avec une longue scène d’ouverture de style porno amateur ; celle de la structure formelle et visuelle avec trois parties qui ne se connectent que sur un méta-niveau ; celle de la structure narrative qui laisse libre champ au spectateur pour comprendre et interpréter le propos. Radu Jude a pour habitude de bousculer celui regarde, le défier parfois, l’entraîner sur des chemins de réflexions rocailleux et ardus. Ici, on est servis par la satire qu’il nous propose!
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Berlinale 2021Culture / Kultur

Berlinale 2021 – Os últimos dias de Gilda (The Last Days of Gilda), une mini-série présentée dans Berlinale Series, met en scène de manière éblouissante une femme qui s’affirme, physiquement comme moralement !

Cette production brésilienne, une adaptation du monologue théâtral éponyme de Rodrigo de Roure, se limite à quatre épisodes de 25 minutes environ. À première vue complètement déjantée, Os últimos dias de Gilda a pour première qualité de ne pas s’embarrasser de fioritures narratives et d’aller droit à son propos par le biais de l’ellipse maîtrisée de main de maître par son réalisateur Gustavo Pizzi et sa co-scénariste, l’actrice qui tient le rôle de Gilda, Karine Teles. La durée des épisodes pourrait laisser penser que le réalisateur aurait pu en faire un film. Mais ce format de série permet justement d’aller à l’essentiel du propos, sans trop se soucier de continuité ; comme pour une pièce de théâtre, il permet de raconter l’histoire en actes plutôt qu’en déroulé classique. L’idée était bonne et surtout le résultat tout à fait probant.
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Berlinale 2021 – Compétition : Ras vkhedavt, rodesac cas vukurebt? (What Do We See When We Look at the Sky?) – Quand Le hasard qui se bat contre le sort devient destinée

La fable que nous conte le réalisateur géorgien Alexandre Koberidze a pour cadre la ville historique de Koutaïssi, qui a été plusieurs fois la capitale de la Géorgie lorsque Tbilissi était sous occupation étrangère. Lisa (Oliko Barbakadze) est étudiante en médecine et travaille en pharmacie, Giorgi (Giorgi Ambroladze) est footballeur. Ils se rencontrent par hasard un matin, se rentrent dedans plusieurs fois en voulant reprendre leur chemin, et par ce faire pulvérise l’ordre des choses de leur train-train quotidien. Le soir, ils se croisent à nouveau. Pour honorer le hasard, Giorgi demande alors si elle veut bien le retrouver au café le lendemain ; elle répond par l’affirmative et, comme le souligne la voix-off du réalisateur qui interviendra plusieurs fois dans le cours du récit, cette invitation et acceptation se fait à leur plus grand étonnement à tous les deux, peu habitué.e.s à tant de spontanéité.
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Berlinale 2021 – Compétition : Petite Maman de Céline Sciamma, un film bouleversant qui ne tombe jamais dans le pathos

Combien de fois entend-on, ma mère, c’est plutôt une amie, ou inversement ? Eh bien dans ce petit bijou que nous tend Céline Sciamma, cette relation filiale et amicale prend une dimension réelle qui dépasse les constructions mentales et leurs interprétations ; Nelly (Joséphine Sanz), la petite fille de 8 ans rencontre dans les bois sa mère, Marion (Gabrielle Sanz), qui a, elle aussi, 8 ans. Le fantôme vient ici du futur, un fantôme bienveillant qui va se nouer d’amitié avec sa mère en devenir.
La poésie naturaliste que dégage le dernier film de la réalisatrice acclamée pour son fabuleux Portrait de la jeune fille en feu (2019) envoûte autant qu’elle souffle un sentiment d’autoréflexion.
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Berlinale 2021 – compétition : Memory Box de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige ; une archéologie de la mémoire de la guerre civile du Liban

Les deux cinéastes sont nés à la fin des années soixante, au Liban,  à Beyrouth. Dès dans leur jeunesse, ils ont cherché des formes d’expression leur permettant de faire face aux conséquences de la guerre civile libanaise. Leurs travaux avec différents médias sont interconnectés sur le plan thématique et formel, mais sont également liés à des projets de recherche. Les thèmes abordés sont les traces de l’invisible et de l’absence, la construction de l’imaginaire et la représentation de l’histoire contemporaine. Nouvelle production à leur œuvre cinématographique et artistique (ils ont reçu le Prix Marcel Duchamp en 2017), Memory Box revient sur les traumatismes de la guerre civile à travers le regard de trois femmes et trois générations.
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Berlinale 2021 – Compétition : Albatros de Xavier Beauvois ; pulsions de vie, pulsions de mort entre terre et mer

L’Albatros est réputé être un oiseau lourd qui met du temps à s’envoler, mais une fois qu’il est dans les airs, son envergure lui permet de faire faire des centaines de kilomètres sans battre des ailes. Dans le dernier film de Xavier Beauvois (Des hommes et des dieux – 2010 ; Les Gardiennes – 2017 ), Albatros, le phénomène est plutôt inversé. Dans sa première partie, le rythme du film est fluide, léger dans sa structure, dans le jeu des actrices et acteurs, les dialogues qui coulent naturellement de manière à donner un instantané de cette vie dans une petite ville normande, Étretat, connue internationalement pour ses falaises, mais qui charrie son lot de pesanteur sociale et de petite criminalité. Pas de surexplications, l’auteur fait confiance à la capacité de discernement du spectateur et le laisse s’immerger dans le contexte proposé. Mine de rien, cette texture narrative permet d’évoquer les soubresauts sociaux qui traverses la France depuis quelques années – les manifestations récurrentes, les violences policières, l’inceste, l’environnement, les suicides des agriculteurs, … et le blues des gendarmes dû à la charge mentale très lourde qu’il faut apprendre à laisser sur le palier de sa maison. Pas d’animosité particulière contre les forces de l’ordre ici, elles sont plutôt bien intégrées au tissu social et sont encore vu comme proches des gens avec la mission première d’aider.
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Berlinale 2021 – Compétition : Inteurodeoksyeon (Introduction) de Hong Sangsoo qui épure son cinéma pour en faire matière poétique

Il est malin Hong Sangsoo , le prolifique cinéaste coréen, capable de présenter en une seule saison ses films dans plus d’un festival majeur – il est vrai qu’il profite souvent de ses voyages festivaliers pour entamer des films, faire des rencontres, s’inspirer – , ce dernier film présenté dure 66 minutes, juste au-dessus des 60 minutes, limite qu’il faut atteindre pour être considéré comme un long métrage. Il a donc 6 minutes de rab et peut ainsi être à nouveau sélectionné en compétition – rappelons que l’année passée, Hong Sangsoo  avait remporté l’Ours d’argent de la meilleure réalisation pour The Woman Who Ran. Comme une mise en abyme de sa propre œuvre, une partie du film se déroule à Berlin, aux alentours et sur la Potsdamer Platz, centre névralgique du Festival de Berlin. Pour filer la pelote de l’auto-référence, la présence de cette petite communauté coréenne rappelle également On the Beach at Night Alone, film présenté en compétition à la Berlinale 2017 et pour lequel sa compagne Kim Minhee avait reçu l’Ours d’argent de la meilleure actrice, dont l’action se déroule en partie en Allemagne également. D’aucun dirait qu’il s’auto-parodie. Mais sa démarche est plus profonde que cela, même si le réalisateur n’hésite jamais à se mettre en scène à travers ses doubles de manière ironique et sans complaisance. Il semble plutôt sincèrement aller au bout de sa quête artistique sur la nature du genre humain, cette balance entre la création et la vie, entre les non-dits et la pudeur dans le réel et la mise à nu dans l’œuvre qui s’épure à chaque nouvel addendum pour tendre – et bientôt se fondre ? – dans l’impressionnisme poétique.
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