Pologne

Cinéma / KinoCulture / Kultur

Une autre vie que la mienne (Kobieta Z…) de Małgorzata Szumowska et Michał Englert : La double transition d’un individu et d’un pays

La cinéaste polonaise Małgorzata Szumowska  (Twarz [MUG], 2018, Grand Prix du Jury – Ours d’argent; Body, 2015, Ours d’argent de la meilleure réalisation) excelle dans la mise en scène de protagonistes marginalisé·es en raison de leur corps, corps qui reflète à la fois un destin individuel et celui du pays dans lequel ils s’inscrivent. Avec Michał Englert, son directeur de la photographie depuis plus de vingt ans, elle signe ici un nouveau film qui, telle une fresque, fait traverser un corps à travers l’histoire récente de la Pologne, dans un mouvement de double (re)naissance : celle d’une personne née biologiquement homme mais qui se sait femme, et celle d’un pays en transition, passant d’un régime communiste appartenant au « bloc de l’Est » à un État capitaliste-conservateur intégré à l’Union européenne. (…)

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Cinéma / KinoCulture / Kultur

Green Border d’Agnieszka Holland – Chronique d’une tragédie humanitaire

La vétérane du cinéma polonais, nommée trois fois aux Oscars et célèbre pour son récit de la Shoah avec Europa Europa (1990, basé sur l’autobiographie de Salomon Perel, jeune juif contraint pendant la Seconde Guerre mondiale d’épouser l’idéologie communiste lorsqu’il fuit en Union Soviétique, puis celle du nazisme lorsque les Allemands envahissent l’orphelinat où il est réfugié), a également réalisé plusieurs épisodes de séries étasuniennes à succès, telles que The Wire ou House Of Cards. Jusqu’en avril, elle était présidente de l’Académie européenne du cinéma (EFA) – c’est l’actrice française Juliette Binoche qui reprendra la présidence le 1er mai. Elle revient sur les écrans avec un film coup de poing, loin du manifeste, qui expose la complexité politique et sociale qui se joue aux frontières de l’Europe. (…)

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Cinéma / KinoCulture / Kultur

Who’s afraid of Alice Miller? de Daniel Howald – «Un voyage dans le traumatisme refoulé de la mère »

Évidemment, le titre du film dernier film du cinéaste et producteur suisse Daniel Howald fait immédiatement penser à celui du dramaturge étasunien Edward Albee et sa pièce de théâtre Qui a peur de Virginia Woolf ? (Who’s Afraid of Virginia Woolf?) lui-même inspiré de la chanson qui rythme Les Trois Petits Cochons (Three Little Pigs) de Disney – Qui a peur du grand méchant loup ? (Who’s Afraid of Big Bad Wolf). Cette analogie est extrêmement pertinente dans la dimension psychologique de double contrainte dans la structure familiale hiérarchique qui anime la pièce de théâtre comme ce film.
Ce documentaire a priori intimiste, puisqu’il s’agit du voyage d’un fils dans le passé de sa mère pour essayer de dénouer quelque peu la pelote du traumatisme qui le poursuit jusque dans sa maturité, débute visuellement et narrativement comme un film d’espionnage mettant en scène dans un cadre tamisé Martin Miller face à Cornelia Kazis, journaliste de la SFR. Ils regardent  un extrait d’une émission faite par la journaliste en en 1987 ; elle s’entretient avec Alice Miller sur le sujet de l’enfance maltraitée et la violence sexuelle. Cornelia Kazis avait choisi Alice Miller, forte de ses trois best-sellers internationaux, pour briser ce tabou en Suisse. Cornelia Kazis  est ostensiblement encore traumatisée en regardant cet extrait et explique qu’elle a découvert une femme parano, freak control et intrusive jusque dans sa vie privée : « C’était de la pure terreur. »
L’attention est immédiatement happée, on veut en savoir plus !
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Cinéma / KinoCulture / Kultur

Corpus Christi (La communion): Quand l’habit parvient à faire le moine !

Acclamé dans tous les festivals où il passe, Corpus Christi (Boże Ciało, [La communion]) de Jan Komasa, issu de la fameuse école de cinéma de Łodź, représente la Pologne à la course à l’Oscar du meilleur film international.

Plus qu’une simple histoire de rédemption – individuelle et collective – , Jan Komasa nous offre dans son dernier film (Suicide Room [2008], Warsaw Uprising [2014], Warsaw 44 [2014]), une intelligente déconstruction des travers d’une société enfermée sur elle-même. Elle est représentée ici par un village en périphérie des grands centres, suffocant sous la chape de plomb d’un secret
Ce dispositif est presque celui d’un film de genre qui a traversé toutes les époques et tous les cinémas, avec peut-être les plus emblématiques westerns et leurs mauvais garçons arrivant en sauveur dans une petite ville, la différence fondamentale résidant bien entendu dans le fait que le cinéma non-hoyllwoodien n’a pas forcément besoin d’un héros qui finit en chevalier blanc et/ou blanchit de tous ses péchés.
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Cinéma / KinoCulture / KulturRecit / Bericht

Le 12e Festival du Cinéma polonais de Paris sous le signe de la Comédie humaine

Les films choisis et projetés au Cinéma  d’art et d’essai Le Balzac, situé à la bordure des Champs Élysées, du 29 novembre au 2 décembre 2019 ont assemblé une actuelle comédie humaine, comme celle d’un étudiant qui fuit l’engagement politique, mais à qui le régime sous l’égide de Jaruzelski ne laisse pas d’alternative. Jeune voyou charmeur aux yeux clairs, adorateur d’alcool et de drogues dures, il se découvre une vocation de prêtre et guérit âmes, avec succès.  Il y a aussi des circonstances où la différence entre la réalité sociale et l’imaginaire n’est pas déterminée, par exemple dans l’existence d’enfants qui ont réussi à s’échapper d’un camp de concentration et finissent par être obligés de lutter contre les chiens dans une forêt inconnue.
Des personnages inhabituels à  la recherche de soi qui nous plongent dans l’éternelle question sur notre place dans univers.
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Cinéma / KinoCulture / Kultur

God Exists, Her Name is Petrunya (Gospod postoi, imeto i’ e Petrunija)

Ce petit bijou venu de Macédoine en compétition à Berlin et reparti de manière tout à fait scandaleuse bredouille du festival arrive enfin sur nos écrans. Il n’y a pas plus de justice dans le monde du cinéma que dans le monde réel, mais parfois des rééquilibrages bienvenus : alors que Juliette Binoche et son jury n’ont pas su reconnaître une once de qualité à ce merveilleux film – tout occupés qu’elles et ils étaient à primer des films français et/ou prétentieux, le public lui semble au rendez-vous dans les pays où il est déjà sorti.
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Cannes 2018Cinéma / KinoCulture / Kultur

Cannes 2018 – Rencontre avec Tomasz Kot, l’élégance slave et un physique filiforme pour interpréter un chef d’orchestre dans « Cold War » de Paweł Pawlikowski

La projection du dernier film de Paweł Pawlikowski, Cold War, qui s’est déroulée au début du festival de Cannes, a remporté un immense succès. Le public a donné une ovation debout pendant dix-huit minutes devant le cinéastee et ses acteurs tous émus, dont Tomasz Kot, qui joue l’un des rôles principaux du film, Wiktor, inspiré du père du réalisateur (notre critique). Le film a également été apprécié par le Jury international puisque Paweł Pawlikowski a remporté la Palme du meilleur réalisateur. Retrouvez également l’interview de Joanna Kulig ici.
Rencontre avec Tomasz Kot.
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Cannes 2018Cinéma / KinoCulture / Kultur

Cannes 2018 : rencontre avec Joanna Kulig, interprète flamboyante de Zula dans « Cold war »

La sous-signée devait rencontrer pour j:mag le cinéaste polonais Paweł Pawlikowski pour Cold War (notre critique), en compétition officielle. Le réalisateur s’étant cassé la cheville, tous les entretiens ont été annulés. Nous avons pu rencontrer les eux interprètes principaux, Joanna Kulig et Tomasz Kot, dans le parc verdoyant du Resideal, au bout de la Croisette. Le duo d’acteur interprètent les parents du cinéaste qui a dédicacé le film à leur mémoire et leur incroyable histoire. Rappelons que Paweł Pawlikowski a remporté la Palme du meilleur réalisateur.
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Cannes 2018Cinéma / KinoCulture / Kultur

Cannes 2018 : «Cold war», de Pawel Pawlikowski, chronique d’un amour tourmenté en pleine guerre froide

Pawel Pawlikowski, venu présenté ce jeudi soir Cold war au public, accompagné de ses acteurs principaux – Joanna Kulig, Tomasz Kot, Jeanne Balibar – rend un émouvant hommage à ses parents auxquels le film est dédicacé.
Pendant la guerre froide, entre la Pologne stalinienne et le Paris bohème des années 1950, un musicien épris de liberté et une jeune chanteuse passionnée vivent un amour impossible dans une époque inhumaine.
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Berlinale 2018Cinéma / KinoCulture / Kultur

68e Berlinale: un palmarès iconoclaste

Étrange Berlinale 2018: beaucoup de bons films mais pas de chefs-d’oeuvres, par contre des choix inexplicables dans la sélection avec des films qui sont presque une atteinte à l’intégrité intellectuelle et sensorielle des spectateurs – on pense ici principalement à Eva de Benoît Jacquot, Mein Bruder heisst Robert und er ist ein Idiot de Philip Gröning et Damsel de David & Nathan Zellner. On pourrait inclure également dans cette face sombre de la sélection Touch Me Not de Adina Pintilie qui certes n’a absolument rien à faire dans cette section mais aurait été parfait dans celle de Forum, mais au moins ce film part d’une démarche artistique, ce que les 3 autres cités semblent cruellement manquer. Seules explications trouvées pour la présence de Eva et Damsel, c’est le besoin de couvrir le tapis rouge de quelques stars brillant de tous leurs feux précédents et bien poli(cé)es, à savoir Isabelle Huppert et Robert Pattinson.
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